Vendredi Noir : Ynet a obtenu les enregistrements des communications internes de Tsahal, à la suite du kidnapping du Lieutenant Hadar Goldin, alors que la police militaire doit décider s’il convient de poursuivre certains officiers en raison d’une suspicion de dossier criminel, selon des prétentions adverses.

On peut désormais jeter un œil pour tenter de comprendre la Directive Hannibal et les évènements ayant mené à la capture et à la mort du Lieutenant en second Hadar Goldin, du Bataillon Givati, l’un des héros de Tsahal, au cours de cette guerre de 50 jours de l’été dernier contre le Hamas. Ynet a obtenu des séquences jamais publiées auparavant, sur les évènements du 1er août, qu’on a ensuite appelé le « Vendredi Noir ».

4 mois après la capture, puis la mort du Lieutenant en second Hadar Goldin, au cours de l’Opération Roc Inébranlable, et à peine quelques jours avant la prise de décision du Procureur en chef de l’armée, pour savoir s’il convient de lancer ou non une enquête criminelle concernant la conduite d’officiers de Tsahal, qui ont mené la traque pour retrouver le soldat capturé à Rafah, des enregistrements audio du système de communication de Tsahal, obtenus par Ynet, mettent en lumière les moments tragiques de ce sinistre vendredi matin.

img

Le lieutenant en second Hadar Goldin a été pris en otage et entraîné dans un tunnel, après l’éclatement de tirs nourris entre Tsahal et des cellules terroristes du Hamas, alors qu’une trêve avait été conclue et que Tsahal patrouillait dans la zone pour mettre à jour des tunnels.

Ces enregistrements audio offrent un témoignage poignant sur les inquiétudes des officiers affrontant directement les terroristes, cherchant à conquérir une base du Hamas et en train d’attaquer de manière répétée une mosquée qui se trouve être le débouché du tunnel où Goldin a été entraîné –jusqu’au moment de parvenir à la conclusion que le Lieutenant n’est plus en vie, [cette mosquée devenant un lieu de culte voué à la mort »>Article original.

Dans ces heures cruciales – depuis le moment des heurts menant à la capture de Goldin à 9h 16 et jusqu’à midi – Tsahal a mis en œuvre la Directive Hannibal, qui établit qu’en cas de prise d’otage d’un soldat de Tsahal, la principale mission devient de mettre fin à ce kidnapping – même si cela revient à risquer de blesser des soldats d’Israël, à commencer par celui qui est pris en otage.

La directive Hannibal autorise les commandants à prendre toute mesure jugée nécessaire pour empêcher une situation où Israël serait contraint de négocier avec des kidnappeurs, y compris, au besoin de mettre en danger la vie du soldat capturé, afin de mettre cette prise d’otages en échec.

img
Colonel Ofer Winter (Photo: Dana Copel)

Les commandants en charge de l’opération qui pourraient être la cible d’une enquête approfondie de la police militaire, étaient le Lieutenant-Colonel Eli Gino (commandant de la compagnie de reconnaissance Givati) et le Colonel Ofer Vinter (commandant de la Brigade Givati).

[NDLR : on doit considérer qu’on met ces officiers dans la pire posture possible, chargés de sauver la personne juive prise en otage, en même temps que sauver les intérêts de l’Etat et du collectif, afin que ne se reproduise pas cette situation déjà éprouvée, où des centaines de terroristes seront libérés, créantles conditions de nouvelles guerres, comme celle de l’été dernier, où les principaux protagonistes étaient, presque tous des prisonniers élargis. Personne, hormis une autorité d’arbitrage, n’est en capacité de rendre compte d’un tel dilemme pour l’éthique militaire. Cependant, il appartient à l’Etat souverain d’Israël d’analyser et juger, au besoin, les défaillances éventuelles en ne laissant nulle soi-disant institution extérieure poser un regard forcément orienté et malveillant sur les actes de ses soldats. »>Article original

Sous le commandement du Lieutenant-Colonel Gino se trouvaient deux commandants de compagnie et un officier supérieur : le Major David Chen, en charge d’une compagnie anti-tank spécialisée ; et le Major Nir Ben-Hamo – l’officier qui a pris le commandement de la compagnie, au plus fort des combats, en remplacement de Benaya Sarel, tué dans l’incident initial.

Le Major Ben-Hamo a été rappelé, en plein milieu de ses études universitaires, pour servir en tant que second adjoint du commandant de bataillon.

Les Palestiniens ont prétendu que le bombardement qui s’en est suivi faisait partie de la directive Hannibal, d’abord depuis l’espace aérien et des unités de l’artillerie, dont des centaines d’obus et de bombes qui auraient été tirés de façon « impitoyable » et auraient provoqué la mort de dizaines de Palestiniens « innocents » et blessé de centaines d’autres.

Un mois et demi après la prise en otage et la mort du Sec-Lieutenant Goldin –Gino, Chen et Ben-Hemo – ont déclaré à Ynet, lors d’une interview exclusive, qu’ils avaient la conscience tranquille et qu’ils ne s’inquiétaient pas d’une enquête, puisqu’ils opéraient conformément aux ordres reçus en cas d’incident de cet acabit.

« Il n’y a eu aucun comportement « impitoyable » et nous n’avons attaqué que des cibles suspectes. Je suis fier de mes soldats et de leur conduite », insistait alors le Lt-Col. Gino.

Les enregistrements audio ont été publiés avec l’autorisation de la censure militaire de Tsahal et soulèvent plusieurs questions :

1- Comportement « impitoyable » ou pas?

Jusqu’à présent, la police militaire a lancé des enquêtes concernant la mort de quelques cinquante civils palestiniens. Ces investigations examineront si des négligences ou des décisions hâtives ont été prises par les commandants, qui auraient mené à ces pertes.

Le chef d’Etat-Major de Tsahal, le Lieutenant-Colonel Benny Gantz a déclaré à Ynet qu’aucun des dossiers examinés (jusqu’aux dernières festivités juives de Henoukah) ne démontrait de preuves que les forces auraient agi de façon pervertie. Dans le document présent, on entend très clairement le Lieutenant-Col. Gino ordonner à ses forces de « cesser le feu ».

Un feu aussi massif de ce genre, qui se propage plus de 4 à 5 heures de combat durant (« une offensive décisive, agressive, pour s’assurer que nous n’avons pas un 2ème Gilad Shalit », selon les termes du Major Chen) dans des zones urbaines et rurales, dont les résidents n’ont pu être prévenus à l’avance pour avoir le temps d’évacuer, peut être considéré comme justifié par le Procureur en chef de l’armée, étant données les circonstances particulières – consistant à stopper la capture d’un soldat vivant, à presque n’importe quel prix : une mission extrêmement difficile, mais claire, que les forces avaient ordre d’entreprendre, de la part de l’échelon militaire, autant que de l’échelon politique.

Cette « patate chaude » est sur le bureau du Magistrat, le Général-Major Danny Efroni depuis plus d’un mois, dès que l’équipe d’enquête de Tsahal a achevé son inverstigation.

2- Incertitudes liées aux conditions réelles sur le champ de bataille?

Dans les toutes premières minutes après le kidnapping, les commandants de la brigade ont cru que le commandant de la compagnie s’était mis en mouvement en formation relativement dense, comme c’est prévu, et qui comprend six soldats (devant veiller les uns sur les autres). L’équipe d’officiers supérieurs de la brigade n’a découvert qu’un peu plus tard, au cours de l’enquête, que l’unité s’était séparée en deux groupes, mettant ainsi les trois soldats tués ou blessés en danger.

Une série d’erreurs techniques qu’ont dû subir les soldats, alors qu’ils se trouvaient sous le feu ennemi (comme un outil dysfonctionnel de localisation des tunnels) atteste des difficultés face auxquelles les forces ont dû faire face en temps réel.

img
Lieutenant Colonel Eli Gino (Photo: IDF Spokesperson’s Unit)

3- L’appui réclamé de l’artillerie par les forces terrestres.

Les enregistrements démontrent clairement le retour à la prédominance du corps des blindés, au cours de l’opération « Roc Inébranlable ». Dans l’un des cas entendus dans ces enregistrements, on demande aux tanks de fournir un tir de couverture au Lieutenant Eitan Pond, le commandant-adjoint de la compagnie de reconnaissance, alors qu’il se trouve sous le feu ennemi.

Dans des conversations avec les commandants de Givati et de Golani, avant l’incident et après l’opération, des officiers d’infanterie ont admis s’être rarement trouvé en situation de combat en face-à-face avec les terroristes du Hamas, au cours de l’opération terrestre – et que presque toutes les cibles étaient conquises à la suite d’un bombardement préventif, de la part du corps des blindés.

Alors que la police militaire évalue s’il convient ou non de poursuivre par des dossiers criminels des soldats de Tsahal impliqués dans la mise en œuvre de la directive Hannibal, au cours de ce jour fatal d’août, en Israël, on veut encore croire largement que les négociations se poursuivent entre Israël et le Hamas, pour le retour de la dépouille du Lieutenant Goldin, qui n’a jamais été retrouvée…

img
Lt. Eitan Fund (Photo: Ohad Zwigenberg)

Yoav Zitun

Publié le : 31.12.14, 09:21 / [Israel NewsArticle original

Adaptation (la plus âpre de l’année) : Marc Brzustowski.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires