Rafah au Cœur des Enjeux : Une Analyse du Conflit dans le Sud de la Bande de Gaza

Le Dr Nachum Shiloh s’est livré à une analyse du conflit dans le sud de la bande de Gaza, pour le Jerusalem Post.

Alors que les opérations militaires israéliennes se renforcent dans le sud de la bande de Gaza, les médias se focalisent principalement sur Khan Yunis. Cette attention s’explique par la perception de la ville et de ses environs comme des bastions potentiels du Hamas et des sites où des otages israéliens pourraient être détenus. Cependant, au-delà de Khan Yunis, c’est Rafah qui émerge comme un piège plus complexe, présentant des défis importants aux niveaux bilatéral, régional et international.

Depuis le retrait israélien du Sinaï en 1982, Rafah est partagée entre l’Égypte et la bande de Gaza. Même après les accords d’Oslo, Israël maintient un contrôle sur le passage de Rafah et la bande qui sépare la région palestinienne du territoire égyptien, connue sous le nom de « corridor de Philadelphie ». Ce corridor est devenu un foyer d’activités terroristes dirigées contre Tsahal et un canal de contrebande d’armes depuis le Sinaï à travers les tunnels.

La contrebande d’armes s’est intensifiée après le désengagement israélien en 2005, atteignant son apogée avec la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007. En réponse, l’Égypte a entrepris des mesures pour contrer la contrebande, démolissant des habitations du côté égyptien de Rafah et inondant les tunnels le long de la frontière.

L’occupation potentielle de Rafah par Tsahal présente des défis significatifs à plusieurs niveaux. Sur le plan bilatéral, cela pourrait entraîner des tensions avec l’Égypte et violer l’accord de paix entre les deux pays, qui limite la présence israélienne dans certaines zones. Selon l’accord, il est interdit à Israël de déployer des chars et de l’artillerie à l’est de la frontière dans la bande étroite (« zone D »), autorisant uniquement le placement de quatre bataillons de Tsahal et pas plus de 180 véhicules blindés de transport de troupes.

La question de la contrebande d’armes et la coopération éventuelle avec l’Égypte pour bloquer ces canaux sont également des préoccupations majeures.

 

À l’échelle régionale, la présence israélienne à Rafah pourrait influencer la dynamique politique en Égypte et renforcer le contrôle du Hamas sur la bande de Gaza. Sur la scène internationale, le contrôle israélien du terminal de Rafah pourrait placer Israël dans une position de responsabilité vis-à-vis de la vie économique des habitants de Gaza, malgré ses déclarations contraires.

La question cruciale demeure l’avenir de la bande de Gaza après le conflit. Israël n’a pas encore formulé de réponse claire à ce sujet, mais des spéculations suggèrent une préférence pour une gestion par des États arabes sunnites modérés. Cependant, toute initiative israélienne à Rafah nécessitera une coopération étroite avec l’Égypte, un acteur clé dans la région.

Rafah émerge comme un point central du conflit dans le sud de la bande de Gaza, présentant des défis multidimensionnels. L’évolution de la situation dépendra de la manière dont les acteurs régionaux et internationaux aborderont ces défis complexes.

Le Dr Nachum Shiloh est un expert du Moyen-Orient au Centre Dayan de l’Université de Tel Aviv et PDG de la société de business intelligence Global OSINT.

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