Ecosse : pourquoi le Premier ministre indépendantiste Humza Yousaf a démissionné

Successeur de la populaire Nicola Sturgeon, le chef du gouvernement écossais était dans la tourmente depuis une semaine et son choix de mettre un terme à sa coalition avec les écologistes.

Une semaine de troubles, qui aura été suffisante pour mettre un terme à plus d’un an à la tête du pays. Le Premier ministre musulman et indépendantiste écossais Humza Yousaf a démissionné ce lundi 29 avril pour éviter un double vote de défiance au Parlement local, où son parti, le SNP, est plus que jamais en difficulté. Dépasser les divisions politiques actuelles « ne peut être fait que par quelqu’un d’autre à la barre », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse depuis sa résidence officielle de Bute House à Edimbourg.

Humza Yousaf avait succédé fin mars 2023 à la très populaire Nicola Sturgeon, dont il était très proche. Fils d’un immigrant pakistanais, il était devenu chef du parti national écossais (SNP, indépendantiste) le 27 mars 2023, et Premier ministre d’Ecosse deux jours plus tard. Agé à l’époque de 37 ans, c’était le premier musulman chef d’un important parti politique au Royaume-Uni.

Mais sa décision de mettre abruptement fin à la coalition gouvernementale entre le SNP et les écologistes en raison de désaccords sur la politique environnementale aura signé sa fin. Depuis cette annonce la semaine dernière, il avait perdu la confiance du Parlement, et aucune autre alliance de gouvernement ne semblait plus possible.

 

Fils d’un immigré pakistanais

Né à Glasgow, Humza Yousaf est fils d’un immigré pakistanais arrivé dans les années 1960 dans cette ville portuaire de l’ouest de l’Ecosse. Eduqué dans le privé, puis étudiant en sciences politiques, il avait été élu pour la première fois au Parlement écossais en 2011, prêtant serment en ourdou et en anglais. Il avait été ensuite nommé ministre pour l’Europe et le développement international, ministre des Transports, avant d’être promu à la Justice par Nicola Sturgeon en 2018, et à la Santé en mai 2021.

Après être devenu chef du SNP l’an dernier, il avait rappelé le rôle de l’immigration en rendant hommage à ses grands-parents. « Cela nous rappelle que nous devrions […] toujours célébrer les immigrés qui contribuent tellement à notre pays », avait-il ajouté, pique à peine voilée au gouvernement britannique qui vient de durcir les conditions d’asile au Royaume-Uni.

Sa femme, Nadia El-Nakla, est d’origine palestinienne. En octobre dernier, les beaux-parents d’Humza Yousaf étaient restés coincés quatre semaines à Gaza où ils rendaient visite à la grand-mère de son épouse, et le dirigeant du SNP avait raconté que ces semaines avaient été parmi les plus dures de sa vie.

Un pays traversé par des crises

En évoquant ses débuts en politique, d’abord assistant d’Alex Salmond, le prédécesseur de Nicola Sturgeon comme chef du SNP, Humza Yousaf a parfois raconté les attaques et commentaires racistes dont il a fait l’objet. « J’ai été victime d’une énorme quantité d’attaques en ligne, et malheureusement, parfois aussi en face à face », a-t-il rapporté. En 2021, avec sa seconde épouse Nadia El-Nakla, il avait porté plainte pour discrimination contre une crèche qui avait refusé d’accueillir leur fille. L’organisme en charge des inspections avait jugé la plainte fondée. Le couple l’a depuis abandonnée.

Premier musulman à occuper un poste ministériel dans un gouvernement écossais en 2012 et plus jeune dirigeant à la tête du SNP, Humza Yousaf avait au départ été salué pour ses talents de communicant susceptibles d’unir le parti, au moment où le soutien pour l’indépendance – sa principale revendication – stagne dans le pays. Humza Yousaf avait également promis qu’il ne légifèrerait pas en fonction de sa propre foi et assuré que son expérience le conduirait à défendre les droits de toutes les minorités, dont ceux des homosexuels et des personnes transgenres.

Très proche de Nicola Sturgeon et républicain assumé, il aura eu du mal à tourner la page de sa prédécesseure au sein du SNP. Notamment à un moment où son pays souffre de l’inflation, et de crises dans son système de santé, dont il avait la tutelle en tant que ministre, ainsi que dans l’éducation. De plus, son parti, positionné au centre-gauche, a enchaîné les déboires depuis un an. Le mari de Nicola Sturgeon et ancien directeur général du SNP, Peter Murrell, a notamment récemment été inculpé pour détournements de fonds dans l’enquête sur les finances du parti.

A ce jour, c’est John Swinney, vice-Premier ministre d’Ecosse de 2014 à 2023 et dirigeant du SNP entre 2000 et 2004, qui fait office de favori pour reprendre la tête du parti, et ainsi, du pays. Lui-même a déclaré à la presse britannique envisager « très activement » de se présenter à la tête du SNP.

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