Photo : Drone russe Orlan 10 abattu par la chasse turque. 
Douze armées de l’air surpeuplent l’espace aérien syrien. La ligne rouge israélo-russe tentera de mettre sur pied une coordination, à ce jour, aléatoire. 

 

RedLine

Dimanche 18 octobre, les quartiers généraux des forces aériennes russes et israéliennes, près de Latakieh en Syrie, d’une part et de Tel Aviv, de l’autre, ont commencé à appliquer les procédures permettant l’utilisation de la ligne rouge qu’ils ont établie la semaine dernière, afin de coordonner leurs opérations dans les cieux de Syrie. Ils ont mis en action l’accord obtenu entre Vladimir Poutine et Binyamin Netanyahu à Moscou, le 22 septembre, qui a été développé dans ses moindres détails le 6 octobre par l’adjoint au chef d’Etat-Major russe, le Général Nikolaï Bogdanovsky et son homologue israélien, le Général Yaïr Golan.

Le 15 octobre, le Ministre de la Défense à Moscou a confirmé que « le partage mutuel d’informations sur les actions menées par l’aviation est instauré » afin d’éviter des affrontements dans les cieux de la Syrie » entre le commandement central de l’armée de l’air russe à la base aérienne d’Hmeimim et le poste de commandement des forces aériennes israéliennes ». Il a ajouté que les deux camps participent à des sessions pratiques sur cette nouvelle ligne ouverte.

Le lendemain, des avions de combat turcs ont abattu un drone russe Orlan 10 qui a fait une intrusion dans leur espace aérien. Les Turcs ont porté plainte, en disant avoir abattu ce drone après avoir envoyé des avertissements répétés aux pilotes russes. Puisque le drone est, par définition sans pilote, cette plainte a dû être transmise à la base aérienne russe en Syrie. Mais en l’absence de toute coordination entre les deux aviations, cette plainte est demeurée sans réponse.

Ankara ne disposait pas plus de l’option d’avoir recours à une ligne établie entre Washington et le Kremlin, puisque l’administration Obama a éconduit une proposition de Moscou d’envoyer une délégation militaire à Washington afin de mettre sur pied un mécanisme de coordination militaire pour leurs opérations aériennes respectives au-dessus de la Syrie.

Le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest a rejeté cette offre en évoquant un « signe de désespoir émanant de la campagne aérienne de M. Poutine ».

Il se trouve juste que, ce même dimanche, les Etats-Unis et Israël ont lancé leurs manoeuvres aériennes annuelles appelées « Blue Flag » -Drapeau Bleu-  à partir de la base aérienne israélienne d’Ovda, au sud d’Israël, leurs escadrilles de combat étant rejointes par es unités aériennes grecques et italiennes. Elles passeront deux semaines à « simuler une confrontation de haute intensité contrez une entité politique disposant d’une armée puissante », selon le communiqué offficiel [NDLR : inutile de chercher bien loin qui pourrait être cette entité ayant une puissante armée].

La question qui reste en suspens concernant un tel exercice se formule ainsi : comment un tel exercice peut-il bien tourner et se dérouler « normalement » en l’absence de toute coordination américano-russe sur les mouvements des armées de l’air au-dessus du Moyen-Orient et en particulier en Syrie?

A la grande différence des autres pays du monde, les cieux syriens sont, en fait, dénués de toute régulation gouvernementale d’aucun régime souverain qui fonctionnerait pleinement et, de fait, toutes les règles normales de comportement aérien et toutes les procédures de sécurité internationales sont, depuis longtemps, passées par-dessus bord.

L’espace aérien syrien est fréquenté par des avions de combat, des bombardiers lourds, des avions de transport et des drones d’une bonne douzaine d’armées de l’air : la Syrie, la Russie, les Etats-Unis, Israël, la Turquie,l’Iran aussi bien que les avions de la coalition internationale du Canada, de la France, de l’Australie, de la Jordanie, des Emirats Arabes Unis et d’Arabie Saoudite. Le vrai miracle est bien qu’on n’a, jusqu’à présent, relevé aucun désastre aérienne majeur qui se soit déroulé dans les cieux syriens, qui sont surpeuplés par ces essaims d’avions incontrôlés, non-surveillés dans un trafic incessant – chacun devant effectuer sa mission spécifique.

La plupart doit être identifié par des signaux radio ou des repères extérieurs et des emblèmes distincts. Certains transportent un transpondeur qui indique leur localisation, leur identité, leur vitesse et leur direction.

Mais qu’en est-il de ceux, moins nombreux, qui ne suivent pas à la lettre ces instructions, parce qu’en mission secrète? C’est bien à un tel cas qu’on semble assister avec l’affaire du drone russe qui a violé l’espace aérien turc, vendredi sans signes identificateurs clairs.

Dès que la Russie s’est embarquée dans son déploiement de renforts militaires à grande échelle en Syrie, Moscou et Jérusalem se sont hâtés de mettre en place une ligne rouge afin d’éviter toute collision désastreuse au-dessus de la Syrie.

Les sources des renseignements militaires de Debkafile affirment qu’on peut supposer avec certitude que la réception de la ligne rouge, côté russe avec Israël à la base aérienne d’Al-Hmeineem près de Latakiah, sera entre les mains de contrôleurs arabophones.

Et au bout du fil à Tel Aviv, aux côtés d’officiers israéliens, il y aura vraisemblablement une présence de contrôleurs aériens émanant des alliés occidentaux, dont les Forces aériennes des Etats-Unis, qui utiliseront cette installation afin de coordonner indirectement leurs vols avec le commandement russe.

L’exercice américano-israélien Blue Flag fournit une excellente occasion de tester la ligne rouge israélo-russe en conditions réelles de combat. Loin d’être un scénario imaginaire, il offre une dose de réalisme conforme aux conditions prévalant dans la région.

 

DEBKAfile Reportage Exclusif  18 Octobre 2015, 5:05 PM (IDT)

 

Adaptation : Marc Brzustowski

 

 

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gabriel Taieb

bref, partout ou presque dans le moyen-orient. Gageons que le « travail » conjoint et organisé entre la Russie et Israël va rapidement donner des résultats. Malgré le propagande de l’EI que la presse européenne – mais aussi américaine – déverse sur nos pays, cette vermine a commencé a perdre bataille sur bataille. L’intervention terrestre de l’armée iranienne évite bien-sûr l’intervention d’une infanterie russe – ils n’ont pas du tout l’intention de mourrir pour sauver des arabes! – et qui plus est, si la boutade de mon copain pilote était plus qu’une plaisanterie? A savoir: « laissons les iraniens et le Hizbollah s’entretuer avec l’EI et le Hamas son allié, ensuite Tsahal finira pour nous le boulot et on aura nettoyé la région du terrorisme. »

gabriel Taieb

Bien sûr, je l’avais aussi annoncé depuis des lustres, la visite de Bibi suivi de son état-major d’armée n’était pas qu’une simple visite de courtoisie et cette collaboration va s’avérer efficace Il ne faut pas oublier que depuis plus d’un l’EI (traduit en français « excrément inqualifiable ») n’a enregistré que des succès car les frappes occidentales n’ont au grand jamais touché ni les camps d’entrainement ni les supports d’armement ou les états-majors de cette engence. Qui plus est selon des sources européennes (ARD, ZDF et le Spiegel) les rebelles « modérés » armés et entrainés par les USA se sont avérés les groupes d’Al-Qaïda, la branche Anshar ak-Kassem, et le front an-Nosrah, les mêmes monstres qui ont massacré des milliers de chrétiens en Syrie, détruit et pillé synsgogues et églises. Les USA et leurs complices ne veulent pas frapper leur protégé l’EI, ce qu’ils veulent, c’est renverser par la force le régime Assad, même si cela devrait entrainer la prise de pouvoir du Djihadisme le plus meurtier en Syrie et aux frontières d’Israël, comme ce fut le cas en Egypte avec les frères musulmans, ou en Libye ou en Irak, en AFGHANISTAN