Alors qu’Edouard Balladur publiera jeudi ses très glamour Conversations avec François Mitterrand et que le Tropézien d’adoption Jacques Chirac livrera le premier volume de ses mémoires au mois de novembre, Valéry Giscard d’Estaing fera paraître à la fin du mois de septembre son second roman, intitulé La Princesse et le Président.
Si l’ancien président et auteur du texte fondateur de la Constitution européenne avait laissé libre cours à sa veine littéraire sentimentale, avec le roman Le Passage, paru en 1994, qui narrait la rencontre sulfureuse d’un notaire et d’une auto-stoppeuse (ce texte a d’ailleurs bien fait rire, à l’époque, Les Guignols de l’Info, qui en ont livré une lecture digne de la littérature érotique de gare), il l’a excitée bien plus encore pour composer son nouvel ouvrage.
Un livre édité chez De Fallois et XO (maison d’édition fondée en 2000 par son gendre, Bernard Fixot – le mari de sa fille Valérie-Anne -, spécialiste du best-seller chez qui sont notamment publiés Max Gallo, Guillaume Musso, Romain Sardou ou encore Nicolas Sarkozy) qui traite, de façon romanesque, des amours supposées fictives d’un Président de la République français, Jacques-Henri Lambertye, et d’une princesse originaire du Pays de Galles, Patricia – des identités secrètes de polichinelle, qui attirent évidemment les regards vers une love story interdite entre VGE et Lady Di. Amours supposées fictives, mais tellement détaillées et vivaces, sous la plume de celui qui a été élu à l’Académie française en décembre 2003, s’asseyant sur le fauteuil 16 laissé vacant par Leopold Sedar Senghor, que l’on s’interroge inévitablement sur cette passion dévorante – « ils vont s’aimer dans les nombreux palais nationaux ou royaux que tous les régimes offrent à leurs dirigeants ».
Jusqu’à maintenant, comme le constatait l’hebdo Marianne en dépit de ses investigations, le processus de publication du livre était frappé du sceau de la confidentialité. Jusqu’à aujourd’hui… Ce matin, Le Figaro annonçait avoir lu en exclusivité le roman de VGE, publiant simultanément des extraits éloquents et s’interrogeant sur le volume d’imaginaire qui règne entre réalité et fiction – à tel point que certains médias étrangers, en l’occurrence La Dernière Heure belge, ont pu répercuter l’actualité sous le titre peu nuancé : « Giscard avoue une liaison avec la princesse Diana ».
Si la vie sentimentale de l’ancien chef d’Etat, pourtant marié depuis 1952 à Anne-Aymone Sauvage de Brantes, qui lui a donné quatre enfants, est notoirement jonchée de conquêtes de gisquettes et que, tout aussi publiquement, il est avéré que la princesse Diana, malheureuse en ménage peu après son mariage avec le prince Charles, vivait librement dans les années 1980 où se situe l’action de ce roman, seul son auteur détient les clés permettant d’authentifier le degré de vérité du récit, et sa part de fantasme. « Et si c’était vrai ? », s’interroge Le Figaro : « La relation de ce coup de foudre est précise. Le brio de l’auteur, son habileté dans les descriptions qu’il fait des lieux, des propos et des toilettes sont tels que le récit paraît toucher à la vérité. On y est. Jusqu’à ce qu’il choisisse de s’éloigner du vraisemblable pour plonger dans l’imaginaire. »
Ce récit romanesque à la première personne du singulier s’ouvre par ailleurs sur une épigraphe, « Promesse tenue », qui ajoute encore au trouble, accru par une formule doublon à la fin de l’ouvrage : « Vous m’avez demandé l’autorisation d’écrire votre récit, me dit-elle. Je vous la donne, mais faites-moi une promesse… »
A chacun de démêler, avec ses armes ou en les rendant, la rencontre à Buckingham en marge d’un G7 de ce président au coeur de jouvenceau, prompt à s’embraser (« Je suis rentré à l’Elysée et j’ai monté les marches du perron, la tête en feu et le coeur étincelant de bonheur »), et de cette princesse abandonnée (« Une dizaine de jours avant mon mariage, mon futur mari est venu me dire qu’il avait une maîtresse et qu’il était décidé à poursuivre ses relations avec elle après notre mariage ») plus vraie que nature qui vit d’aventures et… d’engagements humanitaires.
Au-delà de la vérité historique de l’intrigue amoureuse et de la mode de la pipolisation et de la mièvrerie élyséennes, ceux qui ont en partage avec l’auteur octogénaire de La Princesse et le Président l’amour inconditionnel de l’eau de rose seront servis : dans la lignée du flamboyant, passionné et protocolaire La Princesse de Clèves (et, à de semblables égards, dans celle de Le Rouge et le noir ou de Belle du Seigneur), VGE livre une narration dont les fastes se manifestent, aussi dans l’écriture, avec tout l’éclat des dorures.
Vous pouvez retrouver les extraits parus dans Le Figaro et l’analyse d’Etienne de Montety en cliquant ici.
Guillaume Joffroy

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