Barack Obama avait toujours conseillé aux israéliens de temporiser avec le régime iranien, espérant qu’il exploserait de l’intérieur.

Il préconisait plutôt les attaques «soft» telles que l’assassinat de savants nucléaires, la guerre cybernétique ou l’étranglement de l’économie pour parvenir à l’effondrement du régime des mollahs.Il semble bien que sa stratégie soit payante puisque les querelles intestines priment sur la solidarité nationale.

En effet, le régime pourrit de l’intérieur tandis que les clans s’entredéchirent ouvertement à l’approche de l’élection présidentielle de juin 2013.

Les frères Dalton iraniens


Fazel Larijani

A l’occasion du débat parlementaire du 3 février, Ahmadinejad a accusé de corruption la famille du président du parlement.

Il a diffusé une cassette vidéo où il s’en prenait nommément à la famille Larijani, l’une des plus puissantes d’Iran, et à Saeed Mortazavi, ancien procureur surnommé «le boucher de la presse» et «le tortionnaire de Téhéran» qui a été arrêté puis libéré après avoir été accusé d’être impliqué dans la torture et la mort en détention de plusieurs prisonniers lors de l’élection présidentielle de 2009.

La vidéo, de qualité médiocre diffusée dans l’hémicycle, laissait entendre que Fazel Larijani était prêt à user de l’influence de sa famille pour favoriser le développement de sociétés privées.

En s’attaquant aux Larijani, les frères Dalton iraniens, Ahmadinejad s’en prend aux personnalités les plus influentes au sein du régime iranien qui gangrènent tous les cercles du pouvoir.


Mohamed Javad Larijani

Mohammad Javad Larijani est l’un des conseillers du chef des affaires étrangères. Titulaire d’un doctorat obtenu à Berkeley, il dirige l’IPM, Institut de recherche en sciences fondamentales. Sadeq Larijani, qui est à la tête du pouvoir judiciaire, est membre du Conseil des Gardiens et a été membre de l’Assemblée des experts pendant huit ans.

Ali Larijani, qui possède une maîtrise en mathématique et un doctorat en philosophie occidentale, dirigeait l’IRIB (Islamic Republic of Iran Broadcasting) et était le négociateur en chef du programme nucléaire iranien jusqu’à sa démission en 2007.

Il a été chef des Gardiens de la Révolution islamique dans les années 1980. Il navigue entre les conservateurs pragmatiques et les fascistes sanguinaires.


Larijani Sadeq

Fazel Larijani est diplomate en poste au Canada. Enfin Bagher Larijani, médecin, est doyen de la faculté de médecine de Téhéran.

Attaque frontale


Ahmadinejad et Morsi

En s’attaquant à cette famille influente, Ahmadinejad a pris de gros risques sans pouvoir évaluer les conséquences sur son avenir et sur celui du régime. Après avoir lancé sa bombe politique, il s’est envolé pour l’Égypte afin d’effectuer la première visite d’un chef d’État iranien depuis 1979 avec la volonté d’exploiter à son profit cette démarche diplomatique.

Le président du Parlement en a profité pour l’accuser de «faire la guerre à Dieu» en proférant des accusations non fondées de corruption contre un bon musulman.

Mais Ahmadinejad a rétorqué que «le pouvoir judiciaire n’est pas une organisation familiale spéciale».

frère, qui se soucie de l’indépendance des pouvoirs de l’État? Ce gouvernement est un établissement familial.

Ces invectives sont pourtant en opposition avec l’édit publié par le guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, qui interdit les querelles politiques avant les élections. Or ces rivalités touchent au cœur de la République islamique. Elles ne datent pas d’aujourd’hui puisque les soubresauts politiques ont déjà émaillé lesélections législatives de mars 2012 où seuls s’étaient présentés des conservateurs proches du pouvoir car l’opposition réformatrice avait boycotté le scrutin pour protester contre la répression dont elle avait été victime à l’occasion de la réélection du président Ahmadinejad en 2009.


Khamenei et Ahmadinejad

Les factions rivales conservatrices n’affichent pas une position monolithique. Le conflit latent entre les deux branches conservatrices iraniennes donne à penser aux observateurs optimistes qu’il pourrait déboucher sur une solution pacifique avec les occidentaux. En effet, le président Ahmadinejad rencontre des difficultés dans son pays puisque l’ayatollah Ali Khamenei a limité ses pouvoirs afin de fragiliser son avenir politique. Le Guide Suprême avait déjà décidé d’éliminer plusieurs de ses soutiens dans la liste des candidats au Majlis, le Parlement.

De son côté, Ali Khamenei a préparé le remplacement du président actuel et dans ce but, il avait transmis ses directives à l’ayatollah Mohammad Kani, président de l’Assemblée des experts en charge de décider de la candidature des membres du bureau.

Il aurait cherché à obtenir le départ anticipé d’Ahmadinejad mais ses conseillers l’ont mis en garde contre les remous que cela entrainerait bien que président ait concentré sur lui les inimitiés de plusieurs cadres politiques, religieux et militaires iraniens.

Ces derniers lui reprochent de concentrer plus de pouvoirs que ses prédécesseurs et de vouloir s’affranchir de la tutelle du Guide Khamenei. Ils ne lui pardonnent pas de n’avoir pas pu empêcher les manifestations anti gouvernementales qui avaient ébranlé le régime.

Il a donc perdu le soutien de son mentor qui le rend coupable de la forte crise économique qui sévit en Iran. La suppression des subventions sur les produits alimentaires et le carburant, aggravée par la chute de la monnaie, a touché toutes les classes iraniennes.

D’ailleurs la campagne électorale est axée sur les promesses d’un avenir économique meilleur plutôt que sur les diatribes guerrières. Des panneaux d’affichage promettent de «construire une maison convenable pour le peuple iranien» tandis que les sermons prêchent la nécessité de se concentrer sur les plans visant à «améliorer la vie des gens ordinaires».


Ali Akbar Velayati

Les autorités suprêmes à Téhéran espèrent donc discréditer le président en l’isolant politiquement pendant les derniers mois de son mandat. La relève est assurée avec Ari Larijani, et l’ancien ministre des affaires étrangères Ali Akhbar Velayati, conseiller de Khamenei pour les relations internationales. Ces deux faucons conservateurs, proches du Guide Suprême, poursuivraient la même politique mais en utilisant une dialectique qui donnerait à penser aux occidentaux que la donne a changé.

Jacques Benillouche Blog Article original

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TAGS : Iran Mollahs Khamenei Ayatollahs Politique ALi Akbar Velayati

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Ratfucker

La guerre civile syrienne est pour l’Iran un boulet bien plus lourd que ne le fut le Vietnam pour les USA, compte tenu de la différence de puissance économique. Il saigne à blanc les réserves monétaires déjà éprouvées par les sanctions, mobilise le pouvoir de nuisance du terrorisme d’état, et l’enlisement promet de durer grâce à l’obstination d’Assad et l’aide de Poutine. Cette impasse explique les déchaînements verbaux du lobby syro-iranien contre Israël, qui recueille les bénéfices des erreurs de stratégie d’un régime qui a atteint les limites de l’emploi de la haine antisémite comme levier d’une ambition impériale.