Si Ben Zygier-Alon a bien été identifié comme “l’un des trois citoyens australiens-israéliens travaillant pour le Mossad, sous couverture d’une société-écran qui vendait des équipements électroniques à l’Iran » – comme le prétend le journaliste australien Jason Koutsoukis, pour le Guardian –cela expliquerait pourquoi sa colère a éclaté, lorsque le journaliste lui a demandé, au début 2010, s’il était un espion du Mossad.Cela voudrait dire qu’il avait été démasqué comme membre d’une armée de l’ombre de dizaines de milliers d’Américains, d’Israéliens, de Britanniques, de Hollandais, d’Iraniens – et la liste s’allonge encore et encore – employés au sein de sociétés-écrans, gérées par les services d’espionnage du monde entier.

Dans l’univers du commerce, “la société-écran” existe pour tromper les concurrents en affaires, mettre en lumière leurs secrets commerciaux et leurs patentes ou prétendre travailler sur un produit tout en travaillant subrepticement sur un autre.

Certaines entreprises américaines dirigent presque ouvertement des centaines de sociétés-écrans ; d’autres font enregistrer des sociétés inactives pour la vente ou la revente, en vue d’en tirer ultérieurement plus de profit.


Ben Zygier-Alon servant sous l’uniforme de Tsahal

En lien avec l’affaire Ben Zygier, des sociétés-écran, comme « l’entreprise européenne de façade » où on l’a aperçu, sont un outil très précieux pour les services de renseignement, du fait de l’efficacité de trois fonctions du travail sous couverture :

1. Infiltrer les milieux scientifiques, technologiques, financiers, médicaux, éducatifs et des industries commerciales afin de débusquer leurs secrets enfouis. Beaucoup de grosses entreprises travaillent main dans la main avec certains services secrets.

Ces sociétés-écran sont une source essentielle de renseignement.

Prenons, par exemple, les révélations du «Washington Post» du jeudi 14 février, disant que l’an dernier, l’Iran a tenté d’acheter, par l’intermédiaire de sociétés chinoises, 100.000 aimants magnétiques, pour être utilisés dans la production de 50 000 centrifuges rapides.

De façon à contourner les sanctions de l’ONU sur ce produit, l’Iran a probablement passé un arrangement avec la compagnie chinoise, de façon à maintenir secrète cette commande.

Mais Téhéran savait qu’aucune entreprise chinoise ne fabriquait d’aimants magnétiques du type dont il avait besoin à une telle échelle et que l’entreprise devrait lancer ses filets suffisamment loin et brasser suffisamment large pour remonter assez d’aimants magnétiques de la qualité requise – et à un prix suffisamment bas pour pouvoir se faire un profit maximal sur cet accord.

En moins de temps qu’il faut pour le dire, cette tentative est arrivée aux oreilles de Washington et Tel Aviv et leur faire comprendre que l’Iran était sur le point d’accroître sensiblement son stock de centrifugeuses à grande vitesse pour enrichir de l’uranium.

La révélation du Washington Post a marqué la fin de cet accord complexe sino-iranien, en vue de l’acquisition d’aimants magnétiques et du jeu des réseaux par lequel il devait être filtré au travers de sociétés-écran.

Lorsque Téhéran a approché l’entreprise chinoise, il y a un an, cela a immédiatement déclenché une course clandestine à l’information, impliquant des centaines, si ce n’est des milliers, d’agents secrets de dizaines de pays.

Certains ont essayé d’acheter les aimants magnétiques pour entrer en contact avec la commande ou les commanditaires iraniens ; d’autres, afin de bloquer la vente ; et un troisième groupe a tenté de refourguer des produits frelatés à l’entreprise chinoise, qui auraient saboté les centrifugeuses iraniennes, dès le commencement de leur utilisation.

La troisième mission n’aurait pas été une balade de santé.

Ni les Chinois, ni les Iraniens ne sont des clients crédules.

Tous deux ont assez de jugeote pour exiger des échantillons afin de mener des expérimentations impérieuses – en Chine d’abord, ensuite, en Iran.

Téhéran a été grillé, une première fois, par l’invasion du ver Stuxnet qui a mis hors d’usage les systèmes informatiques contrôlant les centrifugeuses et n’a pas l’intention de se trouver, à nouveau, « marron ».

Quoi qu’il en soit, le nombre de sociétés disposant de la technologie pouvant produire des aimants magnétiques dotes de défauts indétectables peuvent se compter sur moins des cinq doigts d’une main.

Si cela peut être réalisé, la phase suivante du jeu consisterait à masque totalement la source de l’opération – qu’on puisse présumer être Israël ou les Etats-Unis.

Pour cette étape de camouflage, beaucoup d’autres sociétés-écran auraient dû entrer en action – certaines, à partir de recoins de la planète se situant très loin du Moyen-Orient, qui pourraient se trouver en Islande ou au Vietnam, ou même à Tombouctou – rien n’est au-delà du domaine de l’imagination pour l’industrie des sociétés-écran qui remplissent certaines missions pour les services secrets.

Cette industrie à deux fonctions supplémentaires :

1. Certaines sont conçues comme ayant un niveau d’activité suffisant pour générer des profits consistants et financer certaines des opérations clandestines des services d’espionnage.

2. La main d’œuvre qu’elles emploient constitue une pépinière pour recruiter des agents, en vue de missions de longue durée, ponctuelles ou ad’hoc.

Les sociétés-écran qui ne parviennent pas à fonctionner sombrent habituellement sans laisser de trace.

Dans le monde ténébreux des agents-doubles, personne ne peut être sûr de savoir qui travaille pour qui, à telle ou telle période donnée.

Ainsi, également, les sociétés-écran sont utiles aux cerveaux de l’espionnage – soit comme outil dans leurs méthodes pour opérer, soit par avidité d’argent.

Les royalties réelles qu’elles génèrent sont soigneusement reversées ailleurs.

Il n’y a aucune information crédible, concernant les missions secrètes précises de Ben Zygier/Alon, ni comment il a fini par atterrir dans la prison de haute sécurité israélienne où il est mort il y a deux ans.

Mais certains détails qui filtrent ici ou là, à propos de ses exploits en tant qu‘espion suggèrent qu’il a pu se trouver empêtré dans ce genre de Vortex ou spirale et, que plutôt que de s’en extraire, il aurait décidé de son propre chef, de suivre plusieurs lièvres à la fois, dans la poursuite d’un certain objectif – et qu’il s’est fait prendre.

A ce point, son sort, en tant qu’agent secret, a été scellé et les secrets qu’il recelait pour le gouvernement qui l’employait l’ont conduit à se sacrifier.

http://www.debka.com/article/22762/The-dark-labyrinth-of-straw-companies-in-which-Ben-Zygier-worked

DEBKAfile Reportage Spécial 14 février 2013, 1:22 PM (GMT+02:00)

Adaptation : Marc Brzustowski/ Lessakele Blog Article original

TAGS : Prisonnier X Mossad Sociétés-écran Ben Zygier Alon

Espionnage Debka File Washington Post Jason Koutsoukis Iran

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