FIGAROVOX- Mensonges au sommet de l’état, favoritisme, altruisme avec l’argent des autres : pour Marc Crapez, les donneurs de leçons de la gauche morale sont d’autant plus insupportables que, loin de donner l’exemple, ils font l’inverse de ce qu’ils prêchent.Faites ce que je dis, pas ce que je fais…

Christiane Taubira n’a pas dit la vérité. Le document qu’elle a brandi devant les caméras l’a trahie. Elle savait. Dans toute autre démocratie, un ministre de la Justice qui ment doit démissionner. Pas en France, où le vieux fond robespierriste tient lieu de sauf-conduit. D’aucuns incarnent la vertu. Leur exemplarité proclamée les protège d’office.
Autre cas: la fille de Vincent Peillon a-t-elle un cursus qui justifie d’avoir été bombardée attachée culturelle dans une ambassade de France? Le député socialiste Alain Vidalies a harangué l’Assemblée nationale en prétendant la question sacrilège.

C’est d’autant plus malvenu que Vincent Peillon, agrégé interne sans concours, est l’antithèse de Luc Ferry, un de ses prédécesseur au ministère de l’Education, titulaire d’une agrégation des universités. De plus, chacun a en tête les démêlés judiciaires de plusieurs fils de ministres. Et lorsque le fils de Le Drian est recruté, à 29 ans, comme chargé de mission auprès du président du directoire du premier bailleur social de France, Libération juge cette «fonction démesurée au regard du CV» de l’intéressé.

Posture de donneurs de leçons

A ce phénomène de favoritisme familial, s’ajoutent l’épisode des conflits d’intérêts concernant les conjoints de ministres, ou la vague de nominations au sein des condisciples de promotion de François Hollande à l’ENA. Rappelons également l’affaire Carlotti, du nom d’une ministre ayant formulé des accusations de corruption à l’encontre d’une rivale socialiste. Signalons aussi les comptes en Suisse de Gérard Miller et Michel Tubiana, «ces bonnes consciences d’extrême-gauche, indignés du matin au soir, terrorisant l’immense majorité des Français par leur sectarisme et leurs leçons de morale», selon la formule d’un internaute.

Citons encore, parmi les champions imbattables du moralisme bobo, Patrick Bruel, condamné pour délit «d’outrage et de blessures involontaires», sans oublier monsieur le sénateur Jean-Vincent Placé qui ne payait pas ses contredanses…

Rien de bien méchant mais, comme les condamnations passées de Jean-Marc Ayrault (pour favoritisme) et Christiane Taubira (pour licenciement abusif), cela contraste avec la prétention à l’exemplarité d’une posture de donneurs de leçons.

Altruisme avec l’argent des autres

Se dessine très nettement un penchant au «faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais». En décembre 2013, on apprend, grâce à une intervention tonitruante du député eurosceptique Godfrey Bloom au parlement européen, que les membres et fonctionnaires de la Commission, qui dénoncent volontiers l’exil fiscal, ne sont pas assujettis à l’impôt au même titre que les autres européens, disposant de taux d’imposition convertis, plafond d’impôt sur la fortune et retraites non imposables.

Autre exemple, lors du Tsunami, les orateurs se sont succédé au parlement européen. C’était à qui se montrerait le plus altruiste à coups de millions d’aide. Mais lorsqu’un catholique italien a proposé le geste personnel de donner l’allocation d’une seule journée de présence, sa proposition fut sèchement rejetée.

Dernier exemple, celui du député socialiste Christian Eckert, hostile aux lois de moralisation de la vie politique mais qui propose de renforcer les contrôles fiscaux des particuliers, prônant ainsi, selon la formule d’un observateur, «l’appel au respect de la vie privée lorsqu’il s’agit de son propre patrimoine, et l’appel au fichage lorsqu’il s’agit du patrimoine des citoyens».

Ce député est, par ailleurs, un dénonciateur du populisme, qui estime que «le populisme se répand».

L’anti-populisme devient une imposture s’il sert à exonérer les élites de leurs devoirs et responsabilités. D’ailleurs, de Raymond Aron à Raymond Boudon en passant par François Furet, les savant n’emploient quasiment pas ce terme. De Pierre-André Taguieff à Guy Hermet, les spécialistes du populisme sont aussi ceux qui en font un usage sobre et parcimonieux, loin de tout manichéisme.

Marc Crapez/ FigaroVox Article original

Marc Crapez est chercheur en science politique associé à Sophiapol (Paris-X). Son dernier ouvrage, «Un besoin de certitude» a été publié chez Michalon. Vous pouvez également retrouver ses chroniques sur son site Article original.

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