Hariri atterrit à Paris: suivez la piste de l’argent jusqu’à Riyad et son partenaire en affaires, le Prince Fahd

 

Ce feuilleton moyen-oriental sensationnel n’a, pour une fois, rien à voir avec les rivalités politico-religieuses impliquant l’Iran ou le Hezbollah. Aussi, pourquoi donc Saad Hariri a t-il démissionné en tant que Premier Ministre libanais, à Riyad, le 4 novembre, et qu’est-ce qui, au fond, relève du rôle actif du Président français Emmanuel Macron et de son Ministre des Affaires exétrieures, Jean-Yves Le Drian, et de leur engagement dans ce dossier?

On peut trouver un indice permettant de démêler cette énigme, à même le sol du hall du Ritz-Carlton, où dort sur un matelas, le Prince  Abdul Aziz bin Fahd. Il est détenu là, par le Preince héritier Mohammed bin Salman (alias MBS), avec tant d’autres rihches et puissants d’Arabie Saoudite, en tant partenaire saoudien des intérêts d’affaires étendus dans le royaume, du Premier Ministre libanais en fuite.

Debkafile offre un compte-rendu par étapes exclusif du fil des événements qui ont débouché sur la démission d’Hariri – qui a fait l’effet d’une bombe- et son exfiltration vers Paris :

  1. Le 4 novembre, le Prince héritier de la couronne, Mohammed Bin Salman a mis en détention pour corruption 208 princes de haut rang, responsables et patrons ultra-riches d’affaires colossales à travers le monde.
  2. Le même jour, Saad Hariri a embarqué sur son avion privé et s’est envolé pour Riyad, annonçant qu’il démissionnait en tant que Premier Ministre, après avoir découvert un complot contre sa vie, organisé par l’Iran et le Hezbollah.
  3. Ces allégations n’étaient qu’une couverture. Il avait en fait été convoqué par le Prince héritier saoudien, pour qu’Hariri se présente en personne immédiatement, sans quoi les propriétés et biens substantiels de la famille Hariri seraient confisqués, en même temps que celles des princes et autres multimilliardaires emprisonnés.
  4. La famille Hariri dispose d’une longue alliance très rémunératrice avec le royaume pétrolier. Rafiq Hariri, le père défunt de Saad et son prédécesseur dans le rôle de Premier Ministre du Liban, qui a été assassiné en 2005, avait fondé la branche saoudienne d’une entreprise française géante de la Construction, Oger, en 1969. Un an plus tard, il a mis sur pied une compagnie saoudienne de la construction, appelée Oger Saoudite Ltd, qui s’est agrandie pour devenir l’une des entreprises les plus importantes et connaissant les plus belles réussites de tout le royaume. Cette entreprise s’est assurée de maintenir ses relations d’affaires avec d’importants membres de la famille royale. Le plus prédominant a été le Prince Abdul Aziz bin Fahd, héritier de l’ancien Roi Fahd. Depuis sa position de magnat de classe internationale, ce prince s’est retrouvé, le 4 novembre, réduit à dormir sur l’un des tapis  parmi des centaines de détenus aussi nobles qu’importants. D’après nos sources, le Prince couronné évalue  le partenaire saoudien en affaires d’Hariri, à une valeur de près de 7 milliards de $, qu’il a décidé d’affecter comme dû au trésor de l’Etat saoudien et que l’un comme l’autre sont sommés de restituer sans délai. Puisque l’empire commercial de la famille saoudienne finance le haut statut politique prédominant du Premier Ministre libanais à Beyrouth, Hariri ne pouvait passe permettre d’ignorer l’ultimatum du prince. Lorsque son partenaire princier a été arrêté, Hariri s’est envolé pour Riyad afin de sauver ce qu’il pouvait concernant leurs intérêts financiers.
  1. Nonobstant les démentis qu’Hariri était détenu contre son gré, la vérité est qu’il était domicilié dans une sorte d’assignation à résidence et tenu de rendre des comptes. Mais il ne doit qu’à la hauteur de sa position en tant que dirigeant libanais prédominant – bien que détenteur de la double-nationalité saoudienne – et à la réticence de gratifier Téhéran et le Hezbollah d’une justification de leurs allégations de « kidnapping » – d’avoir échappé à l’enfermement avec les 208 détenus saoudiens du Carlton-Ritz.
  2. Le Président français est intefvenu dans cette affaire pour voler à la rescousse des intérêts financiers français de longue haleine, au sein des entreprises Hariri, sans pour autant mettre en péril les relations commerciales franco-saoudiennes.
  3. Les négociations entre le Ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves le Drian et le Prince Mohammed ont débouché sur la permission que l’ancien Premier Ministre libanais puisse voyager vers Paris sous la protection des services secrets français, pendant que la France entreprenait de négocier sereinement un accord à l’intention des entreprises de la famille Hariri qui ont dû laisser une somme conséquence à l’Etat saoudien.

  

debka.com

Adaptation : Marc Brzustowski

 


Complément : 

Saudi Oger : les dettes françaises de Saad Hariri

 

© Ludovic Marin, AFP | Le 1er septembre, lors d’une visite en France, Saad Hariri avait promis à Emmanuel Macron de régler le contentieux l’opposant à ses anciens employés.

240 ex-employés de Saudi Oger, l’entreprise de BTP de Saad Hariri, réclament au Premier ministre libanais démissionnaire près de 15 millions d’euros de salaires impayés. Une ardoise qui pourrait être évoquée durant sa visite en France.

Après deux semaines de feuilleton et de spéculations, le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri est arrivé à Paris samedi 18 novembre. Alors qu’il doit s’entretenir avec le président Emmanuel Macron, le milliardaire libanais risque d’être confronté à un épineux dossier : 240 ex-employés français de son entreprise de BTP, Saudi Oger, lui réclament près 15 millions d’euros d’arriérés de salaires impayés.

« Je trouve délirant qu’on déroule le tapis rouge à Saad Hariri sans exiger de lui au préalable qu’il paie immédiatement les millions qu’il doit aux salariés français, sachant qu’à titre personnel lui et sa famille sont assis sur des fortunes colossales », s’insurge Caroline Wassermann, qui défend les intérêts de quelque 75 ex-employés français, à l’AFP, vendredi 17 novembre.

>> À lire aussi sur France 24 : Saudi Oger : l’empire Hariri refuse de les payer, des salariés français contre-attaquent

De multiples requêtes ont été déposées au conseil des prud’hommes de Bobigny. « La juridiction française est compétente puisque ces employés sont munis au départ d’un contrat français, et que le siège social de Oger International, qui fait partie du même groupe, est localisé en Île-de-France », expliquait l’avocate en juillet 2017 à France 24.

Lors de sa visite à Paris le 1er septembre, celui qui était encore Premier ministre s’était pourtant engagé auprès du président Emmanuel Macron à « résoudre le problème ». Pourtant, depuis, rien n’a bougé.

Une entreprise surendettée depuis 2015

Le groupe Saudi Oger est à l’origine de la fortune de la famille Hariri. Saad Hariri en a pris la direction en 1994. Cette entreprise florissante, fondée en 1978 par son père Rafic Hariri, milliardaire et ancien Premier ministre libanais assassiné en 2005, bénéficiait notamment de ses excellentes relations avec la monarchie d’Arabie saoudite.

Cependant, avec la chute du cours du pétrole et l’arrivée au pouvoir du prince héritier Mohammed Ben Salmane, tout a changé. Les commandes ont diminué et l’État saoudien a gelé de gros contrats, dont ceux de Saudi Oger.

Le groupe s’est retrouvé rapidement surendetté et s’est vu couper le robinet du crédit. Depuis, l’entreprise ne peut plus payer ses quelque 50 000 salariés, issus de 30 nationalités différentes.

5 millions réclamés par les organismes sociaux français

Outre les sommes réclamées par ses anciens employés, franceinfo révèle samedi 18 novembre l’étendue d’une autre dette du groupe, celle contractée envers les différents organismes sociaux français. Près de cinq millions d’euros seraient en jeu, selon la chaîne d’information en continu.

Franceinfo dresse le détail de ces sommes : 1 196 000 euros à la Caisse des Français de l’étranger, 962 000 euros à Axa, pour les cotisations d’assurances maladies. 2  147 000 euros à Pro BTP, qui est en charge de la retraite complémentaire de ces salariés, et enfin 720 000 euros auprès de Pôle emploi.

En plus de ces poursuites judiciaires, la filiale française n’a toujours pas résolu ses problèmes financiers. Le siège d’Oger International à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, fait aujourd’hui figure de vaisseau fantôme. Sur 700 salariés, il ne reste plus que 120 rescapés du plan social mis en place après la faillite de l’entreprise en 2017. Selon le Parisien, un projet de rachat par un homme d’affaires jordanien serait en cours.

L’enfer des salariés expatriés

Parmi les 5 000 employés du groupe laissés sur le carreau par Saudi Oger se trouvent 240 Français. En juillet 2017, France 24 avait recueilli le témoignage de l’un ces anciens employés ayant lancé une procédure judiciaire contre le groupe de BTP du Premier ministre démissionnaire. Ayant préféré conserver l’anonymat, il sera appelé Étienne dans la suite de cet article :

« Les problèmes ont commencé en 2015, et les salaires impayés se sont accumulés, mais en interne, on nous garantissait que monsieur Hariri allait faire le nécessaire, que le groupe allait récupérer l’argent auprès des Saoudiens », nous avait-il raconté. « En réalité, ils nous ont baladé pendant neuf mois en nous promettant d’être payés au fur et à mesure, et nous, naïvement, parce que le même problème s’était présenté en 2013, et qu’il avait été réglé assez vite, nous les avons crus. »

Étienne a été remercié en juillet 2016 après 15 ans de bons et loyaux services au sein du groupe enArabie saoudite. Aujourd’hui, il attend encore le versement du solde de tout compte qu’il estime à plus de 120 000 euros d’indemnités, de cotisations non reversées et de bonus

Sans revenus, certaines familles françaises ne pouvaient plus rembourser les crédits qu’elles avaient contractés en France. « Alors elles se sont endettées en Arabie saoudite pour faire face à la situation, sauf qu’ils ne pouvaient plus quitter le pays avant de rembourser la banque », expliquait Étienne. « Nous étions pris dans un engrenage à cause des montants que l’entreprise nous devait, on se disait que si l’on quittait le territoire nous ne serions jamais payés et nous perdrions tout ».

L’ambassade de France en Arabie saoudite est finalement intervenue et a obtenu un dédommagement partiel de la part des autorités saoudiennes, ainsi que le rapatriement des anciens employés.

« Nous, les Français, on est bien lotis par rapport à nos collègues indiens, philippins, pakistanais, sénégalais, portugais, espagnols, marocains : eux ont été considérés comme des chiens », explique un autre ancien employé du groupe, à l’AFP, sous couvert d’anonymat

Dans l’espoir d’avancer vers le règlement du contentieux, les avocats des salariés ont rendez-vous à l’Élysée avec Emmanuel Macron jeudi 23 novembre. Chassé-croisé malheureux, ils rateront de peu Saad Hariri qui a annoncé son retour au Liban pour le mercredi 22 novembre et la fête de l’indépendance.

Texte par Romain HOUEIX 

Dernière modification : 18/11/2017

france24.com

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