Vladimir Poutine n’est pas spécialement « charlie ». Vendredi 2 décembre, le président a mis en garde les artistes russes contre un « comportement dangereusement révoltant » et les a appelés à « ne pas diviser la société » en dépassant les limites de la liberté d’expression à l’instar selon lui du journal français Charlie Hebdo.
Il a cité l’exemple du journal satirique français Charlie Hebdo connu notamment pour ses caricatures du prophète Mahomet, qui avait été la cible le 7 janvier 2015 d’un attentat à Paris au cours duquel 12 personnes, parmi lesquelles huit membres de la rédaction, avaient été assassinées par deux frères jihadistes.
« La question est si ces caricaturistes avaient besoin d’infliger une insulte aux représentants de l’islam? (…) Les dessinateurs ne voulaient peut-être insulter personne, mais ils l’ont fait »,
a souligné le président russe.
« Tout dépend de notre sens du tact, celui des fonctionnaires et celui des artistes », a estimé Poutine. « Souvent les fonctionnaires agissent ainsi non pas parce qu’ils veulent réprimer quelque chose (…), mais parce que la plupart ne veulent pas voir se reproduire chez nous une tragédie comme à Paris »,
a-t-il assuré.
La censure « prend pied » dans la culture russe
Fin octobre, le réalisateur russe Andreï Zviaguintsev, auteur du film « Léviathan » nommé aux Oscars 2015, avait déjà dénoncé la censure qui « prend pied » selon lui dans la culture russe.
En 2013, la Russie a adopté une loi instituant le délit d' »offense envers les sentiments religieux des croyants », dans le sillage de l’affaire du groupe punk Pussy Riot dont trois membres avaient été arrêtées en 2012 pour avoir chanté dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou une « prière punk » demandant à la Vierge Marie de « chasser » Vladimir Poutine.
Depuis, plusieurs spectacles, parmi lesquels une représentation de l’opéra rock Jésus Christ Superstar en octobre, ont dû être annulés après un appel en ce sens de militants estimant que leurs sentiments religieux avaient été offensés.