L’historienne allemande Harriet Scharnberg affirme que l’Associated Press a passé un accord avec le régime hitlérien stipulant qu’elle ne publierait aucune information susceptible d’affaiblir le Troisième Reich, alors que les Nazis pourraient utiliser à volonté les photos de l’AP à des fins de propagande antisémite.  NDLR : En comprenant la genèse de ce type de comportements, il devient plus aisé de suivre le fil des mêmes « exigences déontologiques », lorsque la presse traite du « conflit palestino-israélien ». Les mêmes compromissions sont à l’oeuvre. 

Scharnberg

Harriet Scharnberg

Une historienne allemande révèle que l’Associated Press, une agence de presse américaine qui l’une des plus importantes au monde, a collaboré avec le régime nazi dans les années 1930, rapporte le journal britannique The Guardian, mercredi.

Dans un article publié dans la revue universitaire Etudes en Histoire Contemporaine, l’historienne Harriet Scharnberg affirme que l’AP a fourni aux journaux américains des informations produites et sélectionnées par le Ministère de la Propagande Nazie. 

Selon Scharnberg, à la suite de la prise de pouvoir par le Parti Nazi en 1933, l’agence de presse américaine a été autorisée à continuer d’opérer en Allemagne grâce à un accord de coopération mutuelle qu’elle a passé avec le régime d’Adolf Hitler.

Pendant ce temps, des médias étrangers, tels que The Guardian et d’autres agences de presse américano-britanniques ont cessé tout reportage au sein du Troisième Reich, certaines après avoir été prises pour cibles par la propagande du fait qu’elles employaient des journalistes juifs.

 

SS pamphlet 'The Sub-Human,' using AP's photographs. (Photo: AP)
Pamphlet SS : « Le Sous-Homme » utilisant des photographies prises par l’AP. (Photo: AP)

Cela faisait de l’AP à la principale source d’information au monde sur l’Allemagne Nazie. Dans certains cas, dit l’historien allemand, l’organe de presse a aidé le régime à dissimuler certains de ses crimes et les atrocités qu’il commettait.

L’accord signé par l’Associated Press avec le régime nazi était fondé sur la Schriftleitergesetz (La Loi du Rédacteur), qui détermine que l’agence de presse ne peut publier aucune information qui est « calculée pour affaiblir la puissance du Reich à l’étranger et à l’intérieur ». 

Sous cette « loi du rédacteur », l’AP a aussi employé des reporters travaillant directement pour l’unité de la propagande nazie (Goebbels). Par exemple, l’un des photographes de l’AP dans les années 1930, était Franz Roth, membre de l’unité de propagande SS, dont les photos étaient directement sélectionnées par Adolf Hitler en personne.

An anti-Semitic Nazi pamphlet used an AP photograph of New York mayor Fiorello LaGuardia. (Photo: AP)
Un pamphlet antisémite Nazi utilisait une photo de l’AP du maire de New-York Fiorello LaGuardia [NDLR : sa mère s’appelait Irène Cohen. Il s’est attaqué à la mafia de Frank Costello et son nom est resté gravé pour baptiser un aéroport new-yorkais]. (Photo: AP)

L’AP a aussi autorisé le régime nazi à faire usage de ses photos d’archives pour organiser sa violente propagande antisémite qui décrivait les Juifs comme « Sous-Hommes ».

Dans une illustration, les Nazis ont utilisé une photo de l’AP du Maire juif de New York, Fiorello LaGuardia, pour son manuel de propagande « Les Juis aux USA ».

L’AP a t-elle contribué à masquer les crimes nazis? 

La publication de l’article de cette historienne allemande, juste au moment où l’Asociated Press célèbre ses 170 ans d’existence, soulève de graves questions sur l’abandon par cette agence de presse de tous les principes journalistiques face au régime nazi et sur ses relations avec tous les régimes totalitaires de nos jours [NDLR : dont le Hezbollah, l’Iran, l’Autorité Palestinienne ou le Hamas. Ce qui vaut, sans aucun doute, pour ses consoeurs, l’AFP, Reuters, and co]

Selon Scharnberg, les photos de corps prises par Roth au sein des prisons de Lviv (Lvov) en Ukraine ont été recueillies par Hitler lui-même et distribuées à la presse américaine par l’AP.

« Plutôt que d’imprimer les images des terribles pogroms de Lviv qui se sont produits des jours durant, faisant des milliers de victimes juives, la presse américaine n’a reçu que les photographies qui montraient des victimes de la police soviétique et les « brutes criminelles de l’Armée Rouge », a déclaré Scharnberg au Guardian.

 

Nazi party newspaper with AP photographer Franz Roth's photographs (Photo: AP)
Le journal du Parti Nazi avec les photos prises par Franz Roth (Photo: AP)

L’Associated press a déclaré en réponse à cet article de l’historien allemand qu’il « décrit à la fois des individus et des activités précédant et pendant la guerre dont l’AP n’a pas eu connaissance ». L’AP dit examiner les documents et ses propres archives pour « approfondir notre connaissance de cette période ».

Un porte-parole de l’AP a aussi déclaré au Guardian que l’Agence de Presse « rejette toute notion impliquant qu’elle aurait délibérément collaboré avec le Régime Nazi. Une qualification exacte stipulerait que l’AP et d’autres agences de presse ont été soumises à d’intenses pressions de la part du régime nazi, depuis l’année où Hitler est arrivé au pouvoir, en 1932, jusqu’à l’expulsion de l’AP d’Allemagne en 1941. La direction de l’AP a résisté aux pressions tout en travaillant à rassembler des informations justes, précises, vitales et objectives à une période particulièrement sombre et dangereuse ».

Ynet

Publié le : 31.03.16, 00:32 / Israel News

 

ynetnews.com

Adaptation : Marc Brzustowski.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
André

«La direction de l’AP a résisté aux pressions tout en travaillant à rassembler des informations justes, précises, vitales et objectives à une période particulièrement sombre et dangereuse».

Comme les journalistes dans la bande de Gaza dirigée par le Hamas, par exemple…