Alon Ben-David, le très estimé correspondant à Washington de la télévision israélienne Channel 10, a rapporté que le 8 mai dernier, M. Obama aurait dit à plusieurs de ses interlocuteurs qu’il avait décidé, malgré tout, d’user de son droit de veto à l’ONU si la proposition française en faveur d’un Etat palestinien venait à passer au voter au Conseil de sécurité de l’ONU. Et ceci en dépit de récentes menaces qui laissaient entendre que l’oncle sam avaient décidé de ne pas user de son droit de veto pour complaire à Jérusalem.

Cette reculade est perçue comme une tentative américaine de mettre de l’eau dans son vin et de faire preuve de bonne volonté, malgré ses relations difficiles avec Jérusalem. Une sorte de jeu de la carotte et du bâton, dans lequel les Américains essayeraient de calmer les récalcitrants en caressant Netanyahou davantage dans le sens du poil dans l’espoir de l’amadouer et de se le mettre dans la poche.

Mais il y a autre chose qui se trame en coulisses. Des sources de haut rang de l’administration américaine ont récemment exprimé leur grand étonnement à propos du comportements de Netanyahou qui traine des pied pour accepter d’aller dans le sens de ses « intérêts stratégiques » dans deux affaires majeures, avec l’administration. La première est appelée la «petite affaire», et la seconde, nous l’appellerons le « big deal. »

Le «petit deal » consisterait à mettre un terme à l’activité frénétique des israéliens au Congrès pour torpiller, reporter, retarder ou modifier l’accord émergent entre l’Iran et les grandes puissances.

Selon les Américains, la logique israélienne devrait lui dicter d’être raisonnable : très probablement, un arrangement sera atteint; ses contours sont déjà clairs. Et le plus probable, c’est qu’Obama va amener le Congrès à approuver cet accord.

Par conséquent, le plus sage pour Israël serait de monnayer au prix fort que l’Etat hébreu accepte de cesser de faire pression sur les législateurs américains (principalement les républicains) en échange d’une aide militaire, diplomatique, d’un soutien inconditionnel en général, d’une assistance sans faille, d’armes, de munitions et autres, de la part des États-Unis.

Les Américains sont mûrs pour aller dans ce sens mais ils se heurtent encore à un mur. Netanyahou ne semble pas vouloir céder d’un pouce ; il continue à se battre de toutes ses forces, soutenu par l’argent de Sheldon Adelson et le lobby American Israel Public Affairs Committee (les deux ne travaillent pas ensemble) à Washington.

Le « big deal » implique aussi une amélioration des relations stratégiques entre les deux pays et de du pacte d’alliance qui est censé être signé entre Israël et les Etats-Unis, pour le cas où un accord serait signé avec l’Iran. De toute évidence, un accord avec l’Iran aggravera la position stratégique d’Israël dans la région, comme l’a déclaré une source haut placée de la défense israélienne à huis clos, et, de toute évidence, les États-Unis seront prêts à fournir à Israël une rémunération sonnante et trébuchante pour compenser cette détérioration stratégique.

Mais pour que cela aboutisse, les pourparlers doivent se tenir impérativement au plus vite. Or il n’y a ni discussions, ni négociations, ni connexions et pas même l’ombre d’une ouverture. Jérusalem est aux abonnés absents. Netanyahou ne bouge pas d’un pouce. Netanyahou veut-il faire monter les enchères?

« Nous avons une fenêtre d’opportunités stratégiques qui s’ouvre à nous et la certitude de bénéficier d’un soutien sans faille de Washington qui irait au-delà de ce que nous avons jamais reçu, » a confié une source israélienne au début de la semaine dans une réunion à huis clos, et qui jusqu’à tout récemment, servait à un poste de commandement dans la défense israélienne. « Israël pourrait se mettre à niveau en ce qui concerne la qualité de l’aide américaine à l’avenir; il pourrait réactualiser et consolider les accords et les arrangements qui ont été conclus dans le passé, mais sans échéances d’expiration. Chaque fois que quelque chose s’est passé sur la scène internationale qui pouvait nuire à la défense israélienne, et à chaque fois qu’Israël a eu des craintes en matière de sécurité, l’Amérique a su compenser. Seulement, cette fois, en dépit de la volonté des États-Unis, Jérusalem reste inflexible « , a-t-il dit.

Dans les hautes sphères diplomatiques tout le monde n’approuve pas la politique de Netanyahou, qui est profondément influencée par Adelson. Cette approche préconise de jouer son vatout sur un coup de dés, et ne repose pas sur des négociations.

Pendant ce temps, les critiques acerbes s’expriment dans les chancelleries et au sein de la Défense israélienne au sujet des relations tumultueuses qui agitent les Etats-Unis et Jérusalem.

Les critiques, qui pèsent leurs mots et veillent à garder leur anonymat, disent que Netanyahou a hypothéqué nombre d’intérêts stratégiques de taille de l’Etat hébreu dans les affres de la guerre sans merci qu’il livre à Obama. « Ce n’est pas ce qu’il faut faire, ce n’est pas la voie de la sagesse », disent ses détracteurs, « Il faut penser au lendemain. » Ce à quoi les personnes qui soutiennent Netanyahou rétorquent, « Il sera toujours temps demain de penser au reste. En attendant il faut nous concentrer sur notre objectif qui est de ne pas relâcher la pression. »À leur avis, l’objectif est de faire admettre aux États-Unis que l’accord sur le point d’être signé avec l’Iran est un mauvais accord.

La défection du roi saoudien Salman bin Abdul-Aziz Al Saoud, qui a refusé une invitation à participer à un sommet historique organisé par Obama à Camp David, dans le but d’apaiser ses alliés arabes au Moyen-Orient, a mis de l’eau au moulin de Jérusalem. « Voir que les Saoudiens pensent comme nous et battent froid Washington et une grande satisfaction, » a déclaré une source proche de Netanyahou.

Seul le temps dira qui avait raison dans cette affaire. En attendant, l’administration Obama s’accommode du quatrième mandat de Netanyahou comme on se résignerait à une affection chronique grave et invalidante. Netanyahou n’est pas encore invité à se rendre à Washington, et d’ici fin Juin cela ne sera pas d’actualité.

Pendant ce temps, vu le climat de méfiance qui règne entre les deux capitales, une autre option fait son chemin: déplacer le curseur de la relation israélo-américaine de celle bancale entre Netanyahou-Obama à celle sans nuages entre le ministre de la Défense Moshe Ya’alon et son homologue américain, le secrétaire de la Défense Ashton Carter. Au moins c’est un couple qui marche.

Al Monitor

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Armand

Le Peuple Juif doit soutenir sans failles , a l’exemple de l’immense Adelson , Natanyaou qui occupe le poste le plus difficile et le plus perilleux au monde .

Esther

Bien dit Mr Armand!