ENTRETIEN. « Il faut ramener Albert », un documentaire bouleversant sur LCP

Un journaliste filme sa famille qui veut ramener en France le corps d’un grand frère mort pendant la guerre et enterré à Oran, en Algérie. Merveilleux.
Roger, Colette et Nicole Levy, vieux juifs séfarades d’Algérie installés à Paris, cherchent à rapatrier d’Oran le corps de leur grand frère mort lors de la Seconde Guerre mondiale. Michaël Zumstein, le fils de Colette, suit cette aventure collective dans son tout premier film. Le réalisateur ouvre les portes de son intimité familiale avec une rare délicatesse, sans jamais nier sa place d’auteur mais en s’impliquant aussi dans les fastidieuses démarches administratives des trois aînés, peu rompus au monde numérique. Il faut ramener Albert parle d’une enfance ensoleillée, de pays qui sombrent dans l’antisémitisme et de la guerre. Mais surtout du souvenir d’un frère. Rythmé, malicieux, bouleversant. Entretien avec le réalisateur, Michaël Zumstein.

À quel moment le photo-reporter que vous êtes décide de filmer sa famille ?

Je tournais en rond à Paris et sur les conseils de mon épouse, productrice, je suis allé voir ma mère, sa sœur et son frère, des juifs d’Algérie, pour les filmer pendant le confinement. Quelques jours après, mon oncle Roger s’est mis à pleurer et à dire qu’il fallait qu’on ramène Albert à Paris. Albert était leur grand frère, mort au combat en Italie en 1944, après s’être engagé auprès de la France Libre. Il était enterré dans un cimetière militaire à Oran, d’où ils sont originaires. Je n’en avais jamais entendu parler. C’est la dernière chose que Roger, 98 ans à l’époque, voulait faire sur terre : réunir sa famille et assister aux funérailles de son grand frère idolâtré.

Comment percevez-vous la démarche ?

Ce n’était plus la chronique du confinement de trois personnes âgées que j’avais à filmer. Mais une véritable quête. Comment ramène-t-on en France le cercueil d’une personne morte il y a soixante-quinze ans et enterrée en Algérie ?

Deux logiques s’enclenchent alors, celle du journaliste qui doit raconter une histoire et celle de l’enfant qui veut comprendre sa famille…

C’est tout à fait ça ! Il n’y avait pas de secret honteux, juste un immense chagrin d’avoir perdu un frère, une immense pudeur. J’ai compris pourquoi ma famille n’avait pas de nostalgie de l’Algérie comme d’autres familles séfarades, pourquoi il n’y avait aucune photo d’Albert nulle part. Mais je ne voulais pas faire un film sur le passé.

Que dire des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie ?

C’était la première fois que le corps d’un soldat de la Seconde Guerre mondiale était rapatrié. Chaque pays avançait sans trop savoir s’il allait froisser l’autre mais toujours avec beaucoup de respect.

Avez-vous autant ri et pleuré que nous, spectateurs ?

Dix fois oui ! Je découvrais l’histoire en même temps.

Qu’est-ce que ce film a apporté à votre famille ?

À partir du moment où le film a été fait, où on pouvait parler d’Albert avec tout le monde, la mémoire familiale s’est complétée. La famille est reconstituée. Albert n’est plus seul là-bas, comme disait Roger (décédé depuis), une fois sa mission accomplie.

Recueilli par Thomas LABORDE. Ouest-France /www.ouest-france.fr

Il faut ramener Albert, documentaire de Michaël Zumstein. | SQUAWK

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le chat dort

ami entend tu le vol noir des corbeaux croates ??

Croa….Croa….. CROA!!!!!! CROA !!! CROA, si! Croatie,pays de malheur