Quand un nouveau scandale finit par révéler la présence pernicieuse de sympathisants et d’apologistes de pseudo – «résistants» palestiniens au sein de certaines institutions juives anglaises.

 

Dans un de mes articles, publiés par JForum, j’ai parlé des efforts admirables déployés contre les ennemis d’Israël et contre les propagandistes antijuifs par David Collier, un des défenseurs anglais les plus courageux  de cet état, qui est également l’auteur de nombre d’études et d’analyses perspicaces – y compris la réfutation détaillée d’un livre farouchement antisioniste qui falsifie l’histoire du conflit (écrite conjointement avec Jonathan Hoffman, également courageux).

À cause du rassemblement qui s’est déroulé le 16 mai, place du Parlement – où «Des Juifs de Londres récitent le Kaddish pour les Palestiniens tués à Gaza», David Collier se sentait obligé encore une fois de jouer le rôle de «lanceur d’alerte» – cette fois, en effectuant des recherches approfondies sur les organisateurs et animateurs juifs anglais de celui-ci.  Comment ne pas comprendre à quel il trouvait «démoralisant» («soul-destroying») ce travail destiné non seulement à identifier les personnes qui y ont assisté, mais également ceux et celles qui pourraient être qualifiés d’«influenceurs»?  Les trois textes qu’il a signés à ce sujet, parus le 21, le 23 et le 28 mai 2018, sont intitulés «Le jour où des personnes juives ont dit le Kaddish pour des terroristes palestiniens», «Le Kaddish récité sur la place du Parlement.  Nous devons formuler des ripostes»et«Nous ne devons pas accepter la normalisation de l’extrémisme» .  Quant à Jonathan Hoffman, il a fait paraître sur son blog un article intitulé: «J’accuse.  Les traîtres à qui on peut attribuer l’organisation du Kaddish pour le Hamas.»

Depuis les années 1990 et surtout depuis le début des années 2000, on constate l’évolution de processus aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ainsi que dans d’autres pays, qui tendent à concourir au renforcement considérable de l’influence de Juifs animés de sentiments anti-israéliens, post-sionistes ou même franchement antisionistes, non seulement dans les milieux culturels, journalistiques et intellectuels mais également à l’intérieur de certaines institutions officielles.    Ce rassemblement en constitue une démonstration flagrante.

Des activistes pro-israéliens trouvaient indispensables de réaliser des enregistrements vidéo – tel que le film, relativement court, posté sur Youtube au nom du Israel Advocacy Movement, Progressive Judaism has a sickness – Kaddish for Hamas 

(«Le Judaïsme progressiste est atteint d’une maladie.  Le Kaddish pour le Hamas.») – de ce rassemblement à la fois provocateur et répréhensible, où on pouvait entendre des propos tels que: « Je suis ici parce que j’en ai marre d’écouter [les gens] tergiverser et trouver des excuses à Israël ».  Au grand dam de bon nombre de ses  instigateurs, qui persistaient tous dans leur refus inflexible de laisser contester, de quelque façon que ce soit, les désinformations destinées à condamner sans appel les soldats de Tsahal et émanant directement ou indirectement de sources liées au Hamas.  Certains n’hésitaient pas à faire des observations qui dépassent les bornes de la décence.

Une des organisatrices/animatrices principales n’est pas lente à se lancer dans un réquisitoire contre Israël («qui prétend être un état juif») dès le commencement d’un discours soi-disant édifiant (on dirait un «prêche» – «La vie sanctifie, est sacrée … »): «En lisant les témoignages de mes ancêtres enfermés dans des ghettos en Europe, dans des pièges d’où ils regardaient le ciel avec crainte et ne voyaient à l’horizon que des murs et des soldats hostiles, forcés de dépendre de la volonté de ceux qui les tenaient captifs – pour avoir de quoi manger, pour pouvoir  boire de l’eau, avoir accès à des médicaments – je ne peux m’empêcher de penser aussi à Gaza.» (à écouter dans le film mentionné plus haut au bout de 4 secondes).   Observation indécente citée aussi dans un texte signé par le rabbin Andrew Shaw, PDG de Mizrachi UK, paru le 31 mai dans le London Jewish News – sept jours après que cette «rabbanit moralisatrice» avait vu paraître dans le même organe son texte intitulé: «Je suis fière d’avoir présidé la récitation du Kaddish».  Cette rabbanit et aumônière ajoute (à écouter au bout de 44 secondes): «La résistance ne consiste pas seulement à prendre des armes contre nos oppresseurs, elle consiste à refuser de ployer le genou  devant ceux qui cherchent à effacer notre identité, nos sentiments d’appartenance et même notre droit d’exister.  Quand les Palestiniens se tiennent debout, résolus, sur la frontière de Gaza et demandent leur liberté et leur droit au retour, ils ne commettent pas d’actes de terrorisme, ils accomplissent une Mitzvah»

En ce qui concerne l’identification des personnes qui ont assisté au rassemblement scandaleux précité, David Collier insiste sur sa volonté de ne rendre public que les noms de ceux et de celles qui occupent des postes de responsabilité –  y compris, par exemple, les individus exerçant les fonctions d’éducateurs, au sein des institutions communautaires en question.  La liste qu’il a dressée comprend les noms suivants.

Sam Alston est un responsable haut placé du mouvement de jeunesse du Judaïsme libéral, LJY Netzer.

Charlotte Fischer, cadre supérieur de l’ONG Citizens UK,  exerce les fonctions d’organisatrice communautaire auprès de la communauté juive,

Joseph Finlay fondateur de Jewdas, association «alter-juive» farouchement anti-israélienne, dont les représentants aiment à attaquer des institutions juives officielles et à se moquer des pratiques traditionnelles du judaïsme –  souvent de façon indécente ou obscène.  Parmi les déclarations de Jewdas: «Israël est un tas puant d’ordures, dont il faut se débarrasser totalement» (“Israel is itself a steaming pile of sewage which needs to be properly disposed of”).

Bénéficiant de l’arrivée au pouvoir de Jeremy Corbyn, Charlotte Nichols occupe un poste important au sein du parti travailliste, c’est-à-dire celui de «Women’s Officer of Young Labour» («responsable des droits des femmes dans l’association des jeunes travaillistes»)  Elle a assisté à un office de (pseudo-) Seder aussi bien politisé que blasphématoire organisé par Jewdasfaisant l’apologie de cet événement de façon on ne peut plus trompeuse.

Maya Ilany vient d’être nommée directrice adjointe de Yachad, équivalent britannique de J-Call.

Rabbi Leah Jordan occupe le poste de «rabbin de la Norwich Liberal Jewish Community»    Elle travaille depuis quelque temps comme  aumônière auprès des étudiants et des jeunes adultes juifs qui font partie du mouvement du Judaïsme libéral.

Abigail Morris a accompagné sa fille, Nina Morris Evans, activiste du mouvement Yachad, quand celle-ci a assisté au Kaddish.  Elle est PDG du Jewish Museum, équivalent londonien du Musée d’Art et d’Histoire juive de Paris.

Se gardant bien de risquer de «démasquer» ceux et celles qui sont très mal informés et qui ont été peut-être manipulés, David Collier résume ainsi son objectif modeste: «Les gens qui éduquent nos enfants ne devraient pas être des extrémistes.  Ce n’est sûrement pas trop demander.».  Objectif qui devrait être partagé par tous les représentants des Juifs britanniques, quelles que soient leurs croyances et leurs allégeances religieuses.

Et pourtant on est témoin en ce moment à une levée de boucliers dirigées contre les lanceurs d’alerte, au prétexte qu’une infime minorité de ceux et de celles indignés à cause du comportement des organisateurs/trices du Kaddish ont attaqué verbalement ces derniers, en employant des termes non seulement outranciers, mais également violents.  Autant de réactions semblables à celles qui provoquent toutes sortes de controverses, de scandales – surtout au moment où ces derniers battent leur plein.   L’intervention de ces réactions, qui est regrettable mais qui constitue un phénomène sociologique tout à fait normal, devrait-elle pour autant amener les journalistes à s’abstenir de rendre compte d’affaires qui présentent un intérêt général, tout en  renonçant à les commenter et analyser?

Dans un éditorial publié au nom de la rédaction du Jewish Chronicle, paru le premier juin, on peut lire: «Si offensante que le Kaddish ait pu être, rien n’excuse les actes qui l’ont suivi, les injures abjectes qui visaient directement les personnes qui y avaient été impliquées.  Il y a maintenant des pétitions qui circulent et qui demandent que ceux qui y ont participé perdent toute possibilité de jouer le rôle communautaire qu’il leur arrive de jouer. … Les représentants des camps situés des deux côtés du fossé idéologique sont si convaincus de leur propre rectitude morale qu’ils ne peuvent pas voir quelque chose d’évident, ce que tous les autres peuvent voir- leur comportement est également mauvais.» (« Both sides of the divide are so convinced of their own rectitude that they cannot see what is obvious to everyone else – that their behaviour is equally bad».)

Il m’est arriver d’attirer l’attention des lecteurs d’un de mes textes sur la réaction pour le moins ambiguë à la défaite d’un candidat pro-BDS dans l’élection avant-dernière de l’UJS de la part de la Rabbanit très haut placée du mouvement du judaïsme réformé, Laura Klausner-Janner.  (En septembre 2014, les mouvements du Judaïsme réformé et du Judaïsme libéral ont inauguré l’Alliance du Judaïsme progressiste.) Fille influente d’une ancienne personnalité politique – décédée il y avait deux ans –  qui avait été aussi président du Board of Deputies, le CRIF britannique), elle s’était exprimée ainsi: «Je suis contente qu’Eran ait eu le courage de se présenter dans cette élection, d’où il savait qu’il sortirait perdant, j’en suis sûre.  Il a donné l’occasion aux 89 étudiants qui ont voté pour lui de faire représenter leurs points de vue.  Cela nous fait voir que certains étudiants juifs qui soutiennent le BDS veulent être impliqués dans la vie juive estudiantine et qu’ils ont besoin d’être écoutés – si difficile que cela puisse être.  Il y a un nombre croissant d’étudiants qui me disent qu’ils se détournent d’une participation aux sociétés juives – dans lesquelles ils ne voient que des chambres de débats et des organisations d’activistes politiques.»

Quelques jours après avoir juré d’être «adversaire militant de l’antisémitisme», Jeremy Corbyn a passé plusieurs heures au «Seder »  précité organisé par Jewdas.  Ayant accepté une invitation d’y assister – «à cause de l’impératif juif que représente le Kirouv (c’est-à-dire, le travail de faire rapprocher tous les juifs du judaïsme, «particulièrement ceux avec qui je ne suis pas d’accord »)» – Laura Klauser-Janner affirme être partie après quelques minutes, dès qu’elle aurait remarqué la présence du chef du parti travailliste – soi-disant pour éviter que celui-ci exploite sa présence à des fins politiciennes.

En compagnie de Geoffey Marx et Josh Levy, Laura Klauser-Janner a signé un communiqué officiel au sujet de la «manifestation récente, qui a eu lieu place du Parlement », émis le 29 mai, sous l’égide du mouvement du Judaïsme réformé: «Le mercredi 16 mai un certain nombre de jeunes adultes de la communauté juive, de toutes les allégeances, ont manifesté devant le Parlement à l’égard de situation existante relative à la frontière Israël-Gaza.  Beaucoup de nos membres y ont trouvé un sujet de préoccupation.  En notre qualité de dirigeants du Judaïsme réformé nous avons fait le choix de ne pas y assister.  Personne n’a assisté à cet événement à quelque titre représentatif que ce soit, en ce qui concerne le Judaïsme réformé ou le RSY-Netzer.  Nous n’hésitons certes pas à dire en public ce que nous pensons et, si nous avions voulu être là pour faire résonner nos messages, nous y aurions été.  Quand notre mouvement de jeunesse, RSY-Netzer, a découvert que la plupart des personnes tuées à Gaza ont été revendiquées comme activistes («operatives ») du Hamas, ils ont reconnu, que s’’ils avaient su, ils n’auraient pas partagé ceux-ci (ces messages) sur Facebook.

En tant que représentants d’un Mouvement, nous estimons beaucoup les désirs de nos jeunes de s’intéresser activement aux questions complexes qui concernent Israël et nous sommes heureux de rendre possibles des conversations respectueuses et franches à ce sujet pour les personnes de tous les âges.»

Ces représentants du Judaïsme réformé si satisfaits de leur rectitude, de leur supériorité morale  – malgré leur mauvaise foi – auraient-il réagi de façon différente, si, au lieu d’être majoritairement des «militants» appartenant au Hamas, les individus – que les soldats de Tsahal ont été obligés de tuer pour se protéger, pour protéger leurs concitoyens – avaient été des Arabes palestiniens lambda, animés de passions meurtrières?  Et puisque les personnes, occupant des postes de responsabilité communautaires, qui ont assisté au Kaddish ne l’auraient pas fait «à quelque titre représentatif que ce soit», ces «chefs spirituels» croient-ils vraiment devoir défendre leur droit de garder ces postes?

 

Par le Professeur Paul Leslie, 

en référence au roman de Konop : * Pas de kaddish pour Sylberstein, Gallimard, 1994. 

 

 

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rachel

Les juifs britanniques installés en Grande-Bretagne avant la Deuxième Guerre Mondiale (et ils sont nombreux, peu se sont installés après) n’ont pas connu la Shoah comme les Juifs ashkénazes d’Europe et n’ont pas connu les persécutions musulmanes comme les Juifs séfarades dans les pays du Maghreb : il leur est donc impossible de comprendre les souffrances et les destructions que le peuple Juif a subies comme il est impossible aux enfants ayant vécu dans des foyers bien traitants de comprendre les enfants qui ont vécu dans des foyers maltraitants et violents.

Il y a une énorme différence avec les Juifs des Etats-Unis : beaucoup de Juifs américains ont connu les pogroms atroces en Russie au courant du XIXéme siècle et au début du XXéme siècle et ont exilé à cette époque aux USA et beaucoup d’entre eux ont exilé, dans les années cinquante après la Shoah, par dégoût de ce qui s’était passé en Europe et par rejet complet de ce continent.
Au XVIIIéme et au XIXéme siècle, ce sont des Juifs séfarades qui ont commencé à émigrer aux EU pour fuir la dhimmisation et les persécutions dans les pays arabo-musulmans rejoints ensuite par des milliers et des milliers d’ashkénazes qui composent à présent près de 90 % de la population juive américaine. Peu de gens le savent.

Marc A

Il faudrait réciter le kaddish pour la mort du cerveau de ces soi-disant juifs.

JLT

Les juifs « réformés » sont-ils encore juifs ?

Guidon

Ces gens ne sont que des dhimmis qui ont besoin de l’autorisation de leurs maîtres pour respirer. Quelle honte de se comporter ainsi devant D…