Le soleil a beau briller sur l’aéroport de Tel Aviv, l’arrivée n’est pas comme d’habitude. Tout du long du couloir, ils nous attendent et nous entourent. Les visages souriants des otages nous accueillent. Ils sont partout d’ailleurs avec les immenses panneaux qui parsèment le pays : Bring Them Home Now, nous rappelant que le pays est en guerre et qu’il reste 136 otages dans l’enfer de Gaza. Une guerre terrible dont les autorités militaires ne voient pas la fin mais affirment qu’elle ira jusqu’au bout, au bout de la destruction du Hamas.

Et après ? Et les roquettes (14700 tirés de Gaza et du Liban et 30 villages infiltrés) et les missiles du Hezbollah qui tombent par dizaines au nord et dont on ne parle même pas tellement c’est courant ? Et les centaines de terroristes qui ont pénétré dans le nord à Metulla, à 4 kms de la frontière libanaise ? Jérusalem, Tel Aviv : la vie y semblerait presque normale, les touristes en moins. Mais sitôt qu’on descend dans le sud la guerre est présente. Une guerre sans bataille, juste un horrible pogrome, comme autrefois dans les lointaines terres de l’Europe de l’est. Quand on assassinait et suppliciait des enfants, des bébés, des vieillards juifs désarmés, impuissants, quand on était victime.

Sderot désertée où un commissariat de police de fortune a été vite construit pour installer le centre de commandement et de la surveillance. Insupportable vidéos du massacre. Le papa et la maman tués qui portaient dans leurs bras deux enfants de 4 et 6 ans….Et la très jeune responsable de la mairie, elle a 26 ans et deux enfants,  explique que leur préoccupation essentielle à présent est de conserver une âme à la ville, de maintenir le lien avec les habitants dispersés aux quatre coins du pays, de leur faire sentir qu’ils sont toujours citoyens de Sderot, qu’ils appartiennent à cette communauté martyrisée où qu’ils soient et que tout est fait, tout sera fait pour préparer leur retour le plus vite possible. Sderot la ville de l’art et de la musique, le Liverpool d’Israël devenu la cité du silence, du deuil et de la tristesse. Des 36000 habitants évacués, 2000 ont refusé de partir et sont restés. Certains tentent déjà de revenir. Un centre de résilience a été crée. Sderot qui vit depuis 20 ans sous les roquettes et qui a toujours continué à se développer et à grandir, les programmes immobiliers et universitaires en témoignent. Un jeune policier raconte : « Quand  vous, vous allez avec vos enfants au parc ou dans un square vous cherchez les meilleurs jeux, le toboggan ou la balançoire la plus amusante. Ici quand on entre dans un terrain de jeux, on commence par repérer l’abri le plus proche et c’est en fonction de la sécurité que les parents choisissent le jardin de leurs enfants. »

Sur le chemin du kibboutz Bé-eri on entend les bombardements sur Gaza, tout près. On nous fait enfiler des gilets pare balle, simple précaution, dit on, on ne sait jamais. De ce paradis fleuri et joyeux de 1000 habitants, il ne reste que des décombres, des ruines, des maisons incendiées, une salle de fête saccagée; un ballon d’enfant traine encore, une chaise haute de bébé gît, renversée, des traces de sang séché. Plus loin une poupée décapitée, comme l’a été sa petite propriétaire de 3 ans nous précise t on. Yuval, qui nous fait la visite, explique que le kibboutz a été fondé par ses grands parents qui ont fui les pogroms de Russie. Ses parents sont nés ici et toute la famille y vivait paisiblement jusqu’au 7 octobre. Sa mère a été otage du Hamas, libérée par une chance inouïe au bout de 56 jours d’enfer. Debout, forte et digne, elle se bat pour récupérer les débris de ce qui reste des siens, un gendre, une nièce de 12 ans….

Les questions aux représentants de l’armée se bousculent : comment n’avez-vous pas vu les préparatifs du Hamas ? Comment peut on creuser 2000 kilomètres de tunnel à une profondeur de 20 ou 30 mètres, à 400 mètres de la frontière la plus surveillée du monde sans alerter le service de renseignement ? Comment faire entrer en secret des dizaines de milliers d’armes et de munitions ? A mi voix, off, un officier supérieur murmure : « on savait, on était prévenu, mais on n’a pas voulu croire, on n’a pas voulu faire la guerre au Hamas ». Pourquoi l’armée a mis si longtemps pour arriver ? Comment répondre aux besoins vitaux des 260 000 personnes déplacées, évacuées des zones de combat ? On les croise, errants dans les halls des hôtels qui les hébergent. Jusqu’à quand ? 3 à 4000 terroristes ont pénétré en Israël le 7 octobre. Que se serait il passé s’ils avaient été 20 000 ? Ils ravageaient Ashkelon et arrivaient à Tel Aviv.

La start up nation qui s’enorgueillit d’une des plus performantes économies du monde, des scientifiques les plus réputés, de l’armée la plus héroïque, a été, par une aube rose d’un samedi de fête, la proie de barbares inhumains et méprisables. 

Pour l’instant les polémiques se sont tues et les critiques restent sous le manteau. Jamais les Israéliens n’ont été aussi soudés et aussi solidaires. Jamais ils ne se sont autant entre aidé, jamais ils n’ont autant fraternisé. Et des milliers de volontaires de la diaspora sont venus dans les champs et les usines remplacer les soldats réservistes rappelés sous les drapeaux. Ce n’est pas le moment de demander des comptes. Mais le pays, traumatisé, bouleversé, vit depuis 4 mois dans le deuil et la sidération devant l’impensable.

Le président Herzog explique aux interlocuteurs que le pays est en guerre avec le Hamas, pas avec les Gazaouis, pas avec les Palestiniens. Et certainement pas avec les Arabes . Ni les Arabes israéliens qui semblent soutenir leur pays, ni les pays voisins. Que la collaboration est entière avec l’autorité palestinienne en Judée et en Samarie. Une politique toute en subtilité et, dit il, en humilité. La plus grande prudence s’impose. Ne rien faire qui déclenche une guerre totale dans la région. Mais gagner celle-ci. Et garantir si possible des années, des décennies peut être de tranquillité. Car c’est existentiel, Israël ne peut pas perdre cette guerre. Et les Juifs du monde entier ne peuvent pas y être indifférents.

Liliane Delwasse

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Pardo

le CRIF n’est bon qu’à voyager et dépenser de l’argent
voyages promotions invitations tels sont les privilèges de ce CRIF qui me donne la nausée au lieu de promouvoir des école juives, de l’aide aux nécessiteux, de défendre la communauté juive en manifestant ou intervenant avec force auprès des médias et du pleutre islamisee Macron
petits gâteaux, déjeuners , voyages c’est tout le programme du CRIF
des pourris