L’ancien président de l’Etat d’Israël Shimon Peres a été victime d’un grave accident vasculaire, et malgré les divergences sur son action tous les Israéliens souhaitent qu’il réussisse à nouveau à se rétablir, car pour eux Peres fait partie des gens qui ne meurent jamais, même après leur disparition.

Il a marqué l’histoire d’Israël, non seulement par sa longévité, mais aussi par sa capacité à trouver des accords entre des partenaires improbables, à formuler des notes de synthèse qui rassemblaient des adversaires éternels et à proposer des plans de résolution de conflits inextricables. La grande force de Peres tout au long de sa carrière c’est d’avoir été là où on ne l’attendait pas.

A la tête de ministères importants, il a pris des décisions et des initiatives, avec lesquelles, comme dans toute démocratie, on peut ne pas être d’accord. Il ne s’est jamais contenté de gérer l’ordinaire, mais a toujours voulu l’extraordinaire. Bien sûr on connaît aujourd’hui son rôle déterminant dans la création de la force de frappe israélienne, et son influence dans la conclusion des accords d’Oslo en 1993. On oublie parfois qu’il fut le ministre de la défense qui ordonna l’opération de libération des otages d’Entebbe, ou que c’est sous son mandat que les premières implantations juives de Judée et Samarie virent le jour.

Fidèle à ses idées plus qu’à ses amis ou camarades de route, Peres a toujours considéré qu’un parti politique n’était qu’un moyen pour réaliser un objectif et n’a pas hésité à changer de demeure pour modifier la réalité. Au cours de sa vie, Peres a réussi à créer un réseau international d’amis et de relations pour accomplir le projet qui lui tenait le plus à cœur, la promotion de la paix au Proche-Orient.

Certes on ne peut pas dire que la situation actuelle permette de nourrir de nombreux espoirs pour le vieux lion, mais ce qui caractérise le plus cet homme hors du commun c’est son abnégation, sa détermination et surtout sa capacité à ne jamais se décourager.

Dernier survivant de la génération des fondateurs, Peres est entré dans l’histoire bien avant de la quitter et peu d’hommes ont eu cette grâce. Intellectuel, amoureux de la culture française depuis les années 50, où il était comme chez lui au Quai d’Orsay et au ministère de la Défense à Paris, Peres entretenait des relations chaleureuses et particulières avec de nombreuses personnalités françaises de tous les milieux, et notamment celui des arts, des lettres et de la pensée.

Doué d’un profond sens de l’humour Shimon Peres savait aussi entrer dans de furieuses colères et ses débats à la Knesset avec ses adversaires politiques font partie des annales du parlementarisme israélien. Difficile d’établir le bilan politique d’un homme dont la carrière s’étend sur sept décennies, mais il est clair que nous ne connaîtrons plus à l’avenir de dirigeants de ce type.

On pourrait s’en attrister, pourtant la politique n’est plus la même que lors des premières décennies de l’existence de l’Etat d’Israël et ceux qui veulent s’inspirer de Peres pourront toujours s’y référer. Cela dit, la nostalgie des grands hommes ne sert souvent qu’à se lamenter de la médiocrité des autres et n’apporte rien au souci politique. Peres aura été Peres à un moment clé de l’histoire juive, et ce n’est pas rien.  Son message n’a jamais été celui d’un homme qui regardait derrière lui, écoutons-le et allons de l’avant.

 

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par Michaël Bar-Zvi   Yod beth be Elloul 5776

 

 

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