Apparemment, la relation entre les terrorisme islamique contre l’Occident et le terrorisme palestinien contre Israël reste confinée à de simples aspects techniques et ne va pas plus profondément que cela. Elle implique principalement la notion que la terreur, c’est la terreur et que toutes ses formes sont cruelles et moralement injustifiées, induisant des sentiments de peur et d’impuissance au sein de la population prise pour cible et qu’elle doit être combattue par des mesures opérationnelles et de renseignements identiques. Comme le disent beaucoup d’Israéliens : « Maintenant, les Français comprennent ce que nous vivons ».

Ceux qui interrogent cette connexion qu’Israël esquisse entre ces deux genres de terrorisme prétendent qu’alors que le terrorisme anti-occidental découle d’une interprétation djihadiste de l’Islam appelant à une offensive contre l’Occident, sa culture et son comportement ( c’est, doit-on reconnaître, certainement une interprétation possible du coran et d’autres textes centraux de l’Islam, même si ce n’en est pas l’interprétation exclusive), la terreur anti-israélienne découle largement de motivations nationalistes, même si ceux-ci sont imbriqués et chevauchent des revendications islamiques. C’est une réaction, même si elle est injustifiée, construite sur la souffrance des Palestiniens et les torts supposés qui leur ont été faits par l’appareil d’Etat israélien et son contrôle incessant des territoires d’après 1967.

S’il y a un rapport entre les deux, il réside – disent certains – dans le fait que parmi les facteurs contribuant au terrorisme islamique contre l’Occident, on trouve les injustices que l’Occident a commises envers les Musulmans, dont la création d’un Etat-Nation pour le peuple juif au coeur d’une région islamique aux dépends des Palestiniens. Ainsi, assurent-ils, en plus des formes acceptables de lutte contre le terrorisme, l’Occident doit trouver une façon  d’expier pour ses crimes et favoriser l’accomplissement des objectifs nationaux palestiniens, même si cela constitue un risque pour la sécurité d’Israël. Gra^ce à cela, la colère des Islamistes sera t-elle soulagée.

Une dangereuse abstention envers l »‘Islam radical réaliste ». 

Il apparaîtrait donc qu’il y ait une justification à distinguer entre ces deux types de terrorisme. L’un est perpétré par les éléments « ultra-radicaux » au sein de l’Islam radical, tels que Daesh et l’autre, essentiellement par les Palestiniens, dont certains appartiennent au camp « réaliste » au sein de l’Islam radical (essentiellement le Hamas, qui appartient aux Frères Musulmans) et dont certains autres appartiennent au Fatah, relèvent plus du camp « pragmatique » du monde musulman. En même temps, le dénominateur commun à tous les acteurs qui appartiennent au camp radical – les ultra–radicaux et les réalistes- est la vision d’un combat contre l’Occident et contre sa culture et contre les Musulmans qui sont prêts à adopter des éléments de la culture occidentale, perçus comme des hérétiques.

La différence est que les ultra-radicaux pensent que le temps est déjà arrivé de combattre l’Occident et les hérétiques qui sont amicaux envers lui, en particulier du fait de la faiblesse spirituelle de l’Occident, de son incapacité ou de son manque de volonté de répliquer, alors qu’il ne cherche qu’à satisfaire ses désirs terrestres dans ce monde physique (ce qui se reflète dans sa volonté de paver la voie à l’Iran vers l’obtention de la bombe, sa réticence à mettre « le pied sur le terrain » dans la guerre contre Daesh et sa peur de désigner la menace radicale islamique par son nom, en préférant des termes creux comme « l’extrémisme violent » -selon Obama. Les réalistes au sein de l’Islam radical pensent qu’à ce stade le terrorisme ne doit viser qu’Israël, qui serait « la prolongation de l’Occident au Moyen-Orient », et non contre l’Occident en totalité, qui n’est pas encore assez faible pour que le terrorisme soit réellement efficace.

De de point de vue, le combat que mènent les islamistes ultra-radicaux contre l’Occident et ses alliés, d’une part et le combat palestinien contre Israël, de l’autre, se complémentent l’un l’autre. Leur objectif commun est de détruire l’ordre du monde que l’Occident a créé après la Première Guerre Mondiale, qui comprend le démantèlement du Califat, l’accord Sykes-Picot et l’Adoption de la Déclaration Balfour à la conférence de San Remo, dans le cadre du Mandat Britannique. Cet ordre du monde s’est renforcé, après la Seconde Guerre Mondiale, entre autres choses par la décision de fonder un Etat Juif en Eretz Yisrael, dont l’instauration, face à l’opposition, musulmane, est encore rejetée par les Palestiniens et par l’Islam radical dans toutes ses variantes. Ainsi,le terrorisme contre Israël et le terrorisme contre l’Occident ne sont que les deux faces de la même pièce de monnaie, d’un point de vue idéologique, et pas seulement en ce qui concerne ses méthodes et moyens employés pour le combattre. Israël doit rendre cette relation intime bien plus évidente à ses amis en Occident. 

Ce qui dérange profondément les Palestiniens c’est qu’à mesure que s’étend la guerre directement menée par l’Islam radical contre l’Occident, ils perdent un atout majeur pour promouvoir leurs propres objectifs [même si à terme ce sont les mêmes]. Si, comme cela devient de plus en plus évident, la question Palestinienne n’est pas le coeur du problème, alors l’expression de regret de l’Occident pour ses « crimes » à ce propos ne résoudra pas le problème plus global. L’exigence de pénitence peut encore aller plus loin ; le Président iranien Hassan Rouhani a récemment rendu tout dialogue avec les Etats-Unis possible à la seule condition d’une requête américaine demandant le pardon de l’Iran. En plus, plus la relation entre les deux formes de terrorisme augmente, plus la composante radicale islamique du rejet palestinien de l’existence d’Israël en tant qu’Etat-Nation démocratique du peuple juif et la nette préférence pour le combat violent afin de l’éliminer deviennent de plus en plus visibles. L’Occident ferait donc mieux de comprendre à quel point il est difficile de promouvoir un accord et devrait commencer à comprendre que le terrorisme contre Israël fait essentiellement partie intégrante du terrorisme global contre l’Occident.

La mise hors la loi de la Branche du mouvement islamique du Nord d’Israël, qui est un bras de l’Islam radical « réaliste » parmi les Arabes Israéliens, fait partie du combat contre cette idéologie radicale. Malheureusement, nombreux sont  ceux en Occident qui pensent encore que l’Islam radical « réaliste » (Rouhani et les Frères Musulmans, par exemple) est un partenaire légitime dans le combat contre les Islamistes ultra-radicaux et le favorisent sur les éléments pragmatiques dans le monde musulman. J’ai bien peur que même l’actuelle vague d’attaques en Occident ne soit pas suffisant à changer cette mentalité.