Attention : toute politique déclarée peut en cacher une autre, moins visible à l’oeil nu… Il convient de rester extrêmement prudent et circonspect sur les finalités de l’action du Général Al-Sissi, malgré la sympathie qu’il inspire, au premier regard, par la pureté apparente de ses intentions, de débarrasser le Moyen-Orient des Frères Musulmans…

Selon un reportage intitulé : “Al-Sissi au Pentagone : Nous ne ferons pas marche arrière, notre Souveraineté est notre ligne rouge”, publié dans le journal Al-Watan (édition du samedi 15 août), le Général-Major égyptien Mohamed al-Assar vient d’envoyer une lettre rédigée en mots extrêmement forts au Pentagone, au nom du Conseil Militaire égyptien.Cette lettre dit, entre autres choses : « Nous ne battrons pas en retraite face au combat contre le terrorisme ; ce n’est pas l’armée qui dirige, puisque la République égyptienne dispose d’un gouvernement, et notre message est très clair : Nous ne permettrons pas qu’on franchisse ces lignes rouges ».

Concernant l’annulation, par le Président américain Barack Obama, de manœuvres militaires conjointes avec l’Egypte, les critiques de la répression des Frères Musulmans par l’armée et les menaces de couper l’aide américaine à l’Egypte, les sources militaires que cite Al Watan affirment : « La décision américaine n’influencera pas le cours des actions définies par la volonté populaire » – une référence directe au fait que l’écrasante majorité des Egyptiens rejette Morsi et les Frères Musulmans – et que « l’armée n’accepte aucun diktat extérieur et ne permettra à aucune nation de soutenir le terrorisme en Egypte », une référence au fait que Le soutien américain aux Frères Musulmans Article original n’est pas autre chose qu’un soutien au terrorisme Article original.


25 policiers égyptiens exécutés dans le Sinaï.

Ces sources militaires ont également confié à Al Watan-actualités que le contact avec l’Administration américaine était complètement rompu, bien qu’il reste ouvert avec le Pentagone, “qui a informé la partie égyptienne de ses craintes concernant un rapprochement entre l’Egypte et la Russie.


Bâtiments gouvernementaux incendiés dans le Sinaï.

Raymond Ibrahim.
blogs.cbn.com/ Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

Avertissement, en 2ème lecture : Soudain, l’Occident et son « Commander-In-Chief », qui se sont tant targués de « lutter contre le terrorisme », sont comme pétrifiés devant la réalité et l’ampleur de la tâche. Dans un renversement total de perspectives, la libération des peuples vivant sous l’emprise du terrorisme, semble se faire par la volonté de ces peuples eux-mêmes et rien ni personne, aucune Maison Blanche ne semble en capacité de les en dissuader. Brusquement, le roi est nu et l’arroseur arrosé. L’Amérique, qui a tant alimenté de soi-disant « Freedom Fighters » en Stinger divers, depuis 30 ans, se retrouve contredite dans ses manoeuvres peu claires, ses tripatouillages, ses protections contre rançons ou « garanties »…

Il semble que ce soit la toute première fois, dans toute l’histoire des Etats-Unis, qu’un pays a priori dépendant de son aide extérieure se montre prêt à la refuser en bloc, pour reconquérir sa dignité et sa souveraineté politique et militaire. On touche à un des ressorts du « Néo-colonialisme » européo-étatsunien : celui de pouvoir donner des leçons sans jamais en recevoir.

Mais ces avertissements ne sont, ni gratuits ni sans danger : l’Egypte alerte aussi les Etats-Unis et l’Occident qu’à tout prendre, elle peut aussi se tourner vers un autre tuteur moral : la Russie de Vladimir Poutine. En changeant de partenaire, elle pourrait, tout aussi bien, inverser le cours de l’histoire et revenir à l’avant Sadate-Begin, revoir tout le cours de ses alliances et accords.

Contrairement à ce que prétendent les pro-Palestiniens du New York Times, qui sont parvenus à piéger Le Figaro et bien d’autres -disant que l’Etat Hébreu et ses « lobbies » font le forcing pour bloquer toute démarche diplomatique occidentale ; alors que le « lobby saoudien » de Bandar Ben Sultan est à l’oeuvre dans toutes les capitales-, Israël, s’il garde ses distances tout en supervisant les conditions de la sécurité commune, dans le Sinaï, c’est, tout simplement, parce qu’il n’a pas besoin de l’ouverture d’un second front, avec une « ex-Armée Rouge » par procuration, à la suite de celle d’Assad le Syrien sur le Golan.

Les autorisations données par Jérusalem, pour que le Caire puisse réprimer les Jihadistes dans le Sinaï, ne doivent pas valoir pour un Blanc-Seing qu’aucun retour à la démilitarisation initiale de cette zone ne soit plus, ensuite, envisageable. Auquel cas, Al-Sissi aurait parfaitement réussi son coup : « Notre Souveraineté », « cette marche-arrière » qui n’est plus envisagée, c’est aussi la part concédée, suite aux défaites de l’Egypte dans les guerres antérieures avec Israël…

Pour l’Etat Juif, ce n’est pas parce qu’on le débarrasserait de la peste jihadiste dans le Sinaï qu’il faut contracter le choléra d’un nouvel « anti-terrorisme » au service d’une autre hégémonie régionale qui ne demande qu’à resurgir.

Le motif de la coopération contre le Hamas et al Qaeda n’est pas, en soi, suffisant pour baisser la garde face à une armée conventionnelle… comme au bon vieux temps des premières guerres israélo-arabes, parrainées par la Russie ex-Soviétique.

Il y a d’excellentes raisons à cela : jamais Al Qaeda n’est parvenu à initier le moindre attentat d’ampleur en Israël, à la hauteur des dommages subis, tant par l’Amérique que la Russie. Hormis durant la Seconde Intifada, jamais le Hamas à Gaza n’a été un ennemi suffisamment rustique et costaud pour Israël, qu’il ne puisse défaire par une intervention en profondeur.

Jamais, à ce jour, le Hezbollah n’est parvenu à menacer des points vitaux de l’Etat hébreu, au point de remettre en cause son existence même.

Agiter la menace terroriste et la guerre asymétrique est une chose. Pouvoir en faire une « arme fatale » est tout autre chose. Seuls les Etats arabo-musulmans sont directement des cibles éventuellement accessibles pour les propres maux qu’ils sécrètent. La guerre asymétrique et la Cause palestinienne en son épicentre sont, à l’origine, de pures inventions du KGB et d’armées régulières arabes défaites (à partir du tournant de juin 1967)… Un simple supplétif à un combat impossible à mener de face-à-face. L’oublier serait extrêmement imprudent et présomptueux.

Si ce regain de fierté arabe retrouvée, épurée d’Islamisme fait plaisir à voir, ne nous leurrons pas sur la nostalgie de la grandeur passée -le Nassérisme et le Panarabisme contracté par la Grande Russie- qui l’agite, depuis le tout début. On reprend les mêmes et on recommence?

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gabriel67

La volonté de l’Etat Major égyptien est une ligne simple et claire: le peuple égyptien ne veut plus se faire mener un bateau ou contrôler par personne, ni par les dangereux criminels de Morsi -que toute l’URASS semble plaindre à présent- ni par l’impérialisme étatsunien qui ne cesse d’étendre ses tentacules dans le monde entier, du Maghreb à l’Amérique Latine. Ces « glorieux printemps arabes » encensés par les USA et l’URASS ont indubitablement été fabriqués par les services de la CIA avec l’aide de la NSA afin de s’emparer des anciens fiefs de l’URSS, ou des alliés de la Russie comme la Syrie, et quand la Russie se défend, tous les moyens sont bons pour la diaboliser, calomnies, fausses informations, vieux clichés antisoviétiques (comme dans cet article) bref, la désinformation dans tous ses états. Le plus triste, c’est que nous les Juifs et Israël en particulier sommes diabolisés de la même manière, et que certains acceptent ce traitement pour la Russie. Ce grand pays se situe bien à droite dans l’échelle politique mondial et n’a plus rien à voir avec l’idéologie communiste, c’est un pays capitaliste avec tous les inconvénients que cela comporte et qui, contrairement aux USA, sans cesse en guerre quelque part, n’a aucune prétention hégémonique comme les antirusses veulent nous le faire croire.