U.S. President Barack Obama speaks with Saudi Arabia's King Salman during the summit of the Gulf Cooperation Council (GCC) in Riyadh, Saudi Arabia, April 21, 2016. REUTERS/Kevin Lamarque - RTX2AYR6

Le désintérêt du président américain pour cette région serait en partie dû au refus des Etats arabes d’adopter les valeurs occidentales, comme la démocratie ou les droits de l’homme.

Alors que les Etats-Unis se désengagent de manière inédite du Moyen-Orient, l’Europe s’y trouve aujourd’hui plus que jamais imbriquée, de la Libye à la Turquie en passant par la Syrie et l’Irak, sur des sujets comme l’immigration, les réfugiés ou encore le terrorisme. C’est exactement le contraire de la situation qui prévalait en 2003 lors de la guerre du Golfe. A l’époque, les Etats-Unis s’étaient impliqués au Moyen-Orient par une politique interventionniste et agressive, alors que les Européens, du moins l’axe franco-allemand, refusaient de s’y engager.

Dans ce revirement de la politique américaine, Barack Obama a joué un rôle essentiel. C’est lui qui a impulsé la politique du “pivot” vers le Pacifique, consistant à tourner le dos au Moyen-Orient, mais aussi, partant, à l’Europe. C’est lui également qui a défendu l’idée qu’il fallait rompre radicalement avec le passé américain qui, pour lui, est chargé de tous les maux.

Aujourd’hui, Obama reproche aux Européens leur intervention en Libye, une intervention qu’il a jugée précipitée et à laquelle il n’a participé que contraint et forcé, pour se désengager aussitôt. Il n’a cessé de rappeler qu’il avait voté contre la guerre en Irak, [puis a refusé d’intervenir en Syrie]. En revanche sur d’autres sujets internationaux, il a signé le fameux accord sur le nucléaire avec l’Iran, s’est rendu à Cuba, à Hiroshima et au Vietnam.

Des gestes qu’on peut considérer comme un changement de cap radical dans la diplomatie américaine. Les Européens seraient incapables de suivre cet exemple avec le même panache puisqu’ils restent prisonniers du dualisme colonialisme/indépendances, qui fait qu’ils sont contraints de s’adapter graduellement à l’évolution des anciennes colonies pour ne pas heurter les susceptibilités.

Le monde arabe veut des alliances militaires et politiques avec les États-Unis

Toutefois, il y a une idée qui sous-tend cette politique d’Obama, une idée qu’on ne retrouve pas avec la même force dans les politiques européennes. Car aux Etats-Unis, déjà sous la présidence de Jimmy Carter [1977-1981], la question des droits de l’homme a été érigée en critère de la politique étrangère. C’est au nom de ces droits que Carter aurait sacrifié le chah d’Iran [1979], qui était pourtant un allié essentiel des Américains. C’est du moins ce que ses opposants lui ont reproché.

Puis, après la fin de la guerre froide, Bill Clinton est allé plus loin. Alors que jusque-là la politique étrangère était restée articulée autour des relations d’Etat à Etat, l’approche culturelle et sociétale a commencé à occuper une large place dans l’élaboration de la politique étrangère américaine, créant des problèmes non négligeables avec des alliés tels que Hosni Moubarak en Egypte. Et Obama a poussé plus loin encore cette tendance, dans la mesure où il a considéré que la politique étrangère ne se limitait plus à des alliances étrangères et à des considérations géopolitiques.

Dans cette intrusion du culturel et du sociétal dans la politique étrangère américaine, l’Europe de l’Est a voulu la chute du rideau de fer [1989] pour pouvoir embrasser le modèle occidental. Le chaleureux accueil des Iraniens à leur délégation qui a négocié le dossier nucléaire avec les pays occidentaux a manifesté le désir de ce peuple de rétablir le contact avec l’Occident. La même ferveur, toutes proportions gardées, a rendu possible la récente visite d’Obama à Cuba [mars 2016]. Mais pour le monde arabe en revanche, pour toutes sortes de raisons, le schéma dominant demeure des alliances militaires et politiques souhaitées avec les Etats-Unis et l’Occident, mais en refusant toujours leurs valeurs culturelles et sociétales.

Hazem Saghieh

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yacotito

Le désintérêt du président américain pour cette région serait en partie dû au refus des Etats arabes d’adopter les valeurs occidentales, comme la démocratie ou les droits de l’homme.

alors si je comprends bien, il s’est tourné vers des leaders plus frequentables: Komeini qui pend à tout va et Erdogan dont on connait la proverbiale probité.

Je me disait bien qu’Obama etait un type bien.