Le tueur en série avec Nagui dans un jeu télé phare

Ce clin d’œil qui n’a pas amusé Nagui 

« Vous avez vu ses fréquentations ? Les gens ont peur [de Nagui]« , lâchait l’humoriste. Un clin d’œil qui n’a pas vraiment amusé le principal intéressé. N’ayant eu aucune connaissance de l’identité véritable du candidat et n’ayant aucun pouvoir sur ses crimes, l’animateur est plutôt surpris et agacé par la réaction des journalistes face à cette histoire. 

« Pour en revenir sur cette anecdote de ce tueur en série qui a commis des horreurs, je vous rassure, j’ai refusé toutes les invitations de toutes les rédactions, parce que c’est à croire que les chaînes d’infos et les radios n’ont pas grand-chose comme invité aujourd’hui« , a-t-il rétorqué avec un brin de mépris.

Ce qui n’empêche pas Tanguy Pastureau d’estimer que cette « histoire est intéressante« . « Il y a des gens qui seraient heureux de vous entendre là-dessus« , lui a-t-il ainsi fait remarquer. Pas de doute, les deux collègues ne partagent pas la même opinion. « Pour dire quoi ? Que j’y suis pour rien ?« , a renchéri le compagnon de Mélanie Page, soutenu par Leïla Kaddour-Boudadi. 

Cela n’a pas été suffisant pour clore le débat. Son chroniqueur n’a pas botté en touche. « C’est pas tous les jours qu’on croise un tueur en série, même si on le sait pas, c’est quand même une aventure de vie« , juge-t-il. Et de conclure : « J’en ai peut-être croisé un. Ce qui est fascinant, c’est que sans le savoir, on croise sans doute des assassins, des violeurs, des gens qui battent leurs femmes et à qui on sert la main. Moi, ça m’interroge.« 

Se sachant en passe d’être confondu par son ADN, celui qui a hanté les enquêteurs de la Crim’ pendant 35 ans a mis fin à ses jours en septembre 2021. « Marianne » a retrouvé la vidéo de son passage dans l’émission de Nagui « Tout le monde veut prendre sa place » en 2019, un des très rares documents filmés du « Grêlé ».

29 septembre 2021. Le corps de l’ancien gendarme François Vérove est découvert au Grau-du-Roi, dans le Gard, à quelques kilomètres de son domicile de La Grande-Motte. Il s’est donné la mort dans un appartement loué sur Airbnb. Sur le plan de travail se trouve une lettre dans laquelle il reconnaît avoir tué des innocents, à la suite d’une « rage folle » qui a « fait de lui un criminel ». Des pulsions meurtrières dont il précise avoir réussi à se débarrasser définitivement en 1997. La nuit suivante, son ADN « matche » avec celui du « Grêlé », tueur et violeur multi-récidiviste, recherché depuis près de 35 ans. Francois Vérove est le « Grêlé ».

À VISAGE DÉCOUVERT SUR UNE CHAÎNE PUBLIQUE

Gendarme puis policier, et marié depuis 1985, François Vérove était aux yeux de tous, un bon père de famille et un mari aimant, renvoyant une image aux antipodes des atrocités qu’il a pu commettre.

Comme l’a révélé la journaliste Patricia Tourancheau, dans son livre Le Grêlé : Le tueur était un flic (édition du Seuil), ainsi que dans l’émission « L’heure du crime » sur RTL le 26 février dernier, son épouse a indiqué aux enquêteurs n’avoir jamais été au fait de la personnalité double de son mari, bien que celui-ci ait souffert de dépression en 1994. Selon elle, il n’aurait jamais donné le sentiment de vouloir protéger son identité. Pour preuve, elle affirme qu’il aurait même participé à l’émission quotidienne « Tout le monde veut prendre sa place » alors présentée par Nagui sur France 2, à visage découvert.

En effet, bien que le Grêlé ait toujours échappé aux mailles des enquêtes, ses caractéristiques physiques étaient clairement établies depuis des décennies.

TROIS MEURTRES ET UN ADN

Lorsqu’il viole et tue la petite Cécile Bloch, 11 ans, dans le 19e arrondissement le 5 mai 1986, il est aperçu dans l’ascenseur par le frère de la victime, Luc-Richard Bloch, ainsi que par plusieurs voisins. Même scénario durant les multiples agressions qu’il commet entre 1986 et 1994, notamment celle sur Ingrid G., à Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, une fillette de 11 ans violée et séquestrée pendant plusieurs heures dans une maison abandonnée en 1994.

Son ADN l’incrimine par ailleurs aussi dans un double meurtre, celui d’un couple commis dans le quartier du Marais à Paris le 28 avril 1987.

L’ex-femme de François Vérove n’a cependant pas été en mesure de préciser la date exacte du jeu télévisé auquel son mari aurait participé, le situant aux alentours de 2020 ou 2021*.

On peut y voir François Vérove aux côtés de cinq autres candidats. Présenté comme un ancien gendarme de la garde républicaine, il répond décontracté aux questions de Nagui, évoquant son passé d’ancien gendarme à cheval. Il évoque même ses rondes dans le « Bois de Boulogne ». Un détail troublant lorsqu’on sait qu’il a été mis à pied en 1986 pour une possible « affaire de mœurs » avec des prostitués dans ce lieu de rencontre nocturne.

Les années passant, son allure avait changé, ses traits s’épaississant sous des cheveux grisonnants. Qui aurait pu imaginer cependant que ce criminel fantomatique puisse oser se montrer à visage découvert dans le jeu télévisé d’une chaîne nationale et publique ? Sa barbe apparaît légèrement plus épaisse que sur les clichés recensés à la même époque. Simple coïncidence, ou légère précaution ?

On peut noter également qu’il ne boite pas à son arrivée sur le plateau. Un grave accident de moto, le 24 juin 2011, lui avait en effet laissé une jambe abîmée, l’obligeant à marcher avec une béquille, comme l’atteste une photo remontant à 2014, lors d’une réunion de quartier prise à Prades-le-Lez, commune où il officiait alors comme conseiller municipal.

Éliminé au premier tour, François Vérove n’aura pas fait long feu dans l’émission. Bien malgré lui, Nagui aura réalisé le rêve de plusieurs générations d’enquêteurs de la Crim’, en interrogeant François Vérove lors de la traditionnelle interview en préambule des questions posées aux candidats.

JForum.fr et Marianne