La famille Bromberg retrouve son tableau, volé pendant la guerre

Ce tableau attribué à Joos Van Cleve (vers 1485 - vers 1540), Portrait d'homme, a été vendu sous la contrainte en 1938.

La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, va restituer ce lundi matin un portrait aux petits enfants d’un couple de juifs allemands contraints de fuir en 1938.

Il aura fallu 78 ans pour réparer l’outrage fait aux époux Bromberg. Lundi 28 novembre, la ministre de la Culture doit restituer un tableau volé pendant la guerre aux petits enfants d’Hertha et Henry Bromberg, un couple de juifs allemands. À 11h30, une cérémonie est organisée afin de rendre l’œuvre attribuée à Joos van Cleve et datée du XVIe siècle.

Les Bromberg fuient l’Allemagne en 1938 et s’installent à Paris. Lorsqu’ils doivent à nouveau fuir aux États Unis, ils vendent, contraints et forcés, plusieurs tableaux à un antiquaire véreux, Yves Perdoux. Trois plus tard, une galerie munichoise lui rachète 18 750 RM. Elle revend le portrait dans la foulée 35 000 RM au musée de Linz, ville natale d’Hitler. Ce dernier voulait y installer la plus grande collection d’art germanique ainsi que des chefs-d’œuvre étrangers, ce qui ne fut jamais fait.

En 1945, les alliés découvrent en Autriche mais aussi en Allemagne, des centaines de milliers d’œuvres pillées par les nazis dans toute l’Europe. Rien qu’en France, on estime qu’au moins 100 000 objets d’art, ainsi que d’innombrables bibliothèques, ont été volés.

Depuis 1951, seules 107 œuvres ont été rendues aux héritiers de propriétaires spoliés

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Le Van Cleve est retrouvé dans les mines d’Altaussee, avec des milliers d’autres biens. Le tableau est alors déposé au Central collecting point de Munich. En 1949, il est finalement renvoyé en France. Personne ne le réclamant, il est déposé au Louvre. Dix ans plus tard, il quitte Paris en direction du musée des Beaux-Arts de Chambéry. On lui a attribué le code MNR 387, indiquant qu’il fait partie de ces milliers de biens dérobés par les Allemands mais toujours en quête de leur propriétaire.

Après un effort considérable fait après guerre, les recherches mises en branle pour retrouver les familles spoliées vont s’étioler. Manque de moyens, manque de volonté politique…Il faut attendre la fin des années 90 et la chute du mur de Berlin pour que l’État se décide à rouvrir ce dossier. Une commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS) est créée en 1999. En 2008, une grande exposition met en lumière ces tableaux orphelins. En 2013, un groupe de travail est mis en place par l’ancienne ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, afin de donner une nouvelle impulsion aux recherches.

Désormais, tout le monde est en quête de descendants de juifs spoliés pendant la guerre. Mais le temps ayant passé, il devient de plus en plus difficile de les dénicher. La CIVS ne lance des recherches que si elle est saisie d’une demande. Or les descendants, à moins d’être âgés, n’ont en général qu’un vague souvenir des œuvres. S’ils savent que les parents ou leurs grands-parents ont été spoliés, ils ne possèdent bien souvent pas de titres de propriétés. Certains se font aider d’avocats, d’autres de généalogistes.

La plupart ont tourné la page et n’attendent plus grand-chose. Dans ce cadre, toute restitution prend des allures de victoire. Depuis 1951, seules 107 œuvres ont été rendues aux héritiers de propriétaires spoliés. L’État en conserve environ 2 000 MNR et on voit régulièrement surgir sur le marché le fruit des anciennes spoliations juives.

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