Gérard Collomb et Emmanuel Macron en novembre 2017. (AFP PHOTO / POOL / Christophe Ena)

A force de mélanger les genres, Emmanuel Macron a brouillé son image aux yeux des Français et la sortie en forme de fuite de son ministre de l’Intérieur aggrave encore une situation déjà très compromise.

« Ah ! Je l’ai trop aimé pour ne le point haïr. » Gérard Collomb pourrait citer ce vers d' »Andromaque » dans le TGV qui le ramène vers la capitale des Gaules.

Ce président qu’il a propulsé vers les sommets, pour qui il a accepté un poste dont il ne voulait pas, lui a, ces derniers mois, donné le tournis.

Trop de gesticulations, trop de frénésie dans l’action. Excès de précipitation ? Il l’a vu s’empêtrer dans une communication à géométrie variable. Avec une constante : l’excès. Dans tous les cas de figure, le « freluquet » qu’il a couvé en son sein avec une affection quasi paternelle a un défaut : il en fait toujours trop, il grossit le trait.

Il était l’Obama blanc

Prenez Jupiter, par exemple. Au départ, ce jeune président que le monde nous enviait avait revêtu le costume du monarque républicain avec entrain et élégance. Il nous avait offert quelques séquences hollywoodiennes. Il était l’Obama blanc. Et puis, au fil des semaines, il surjouait son rôle. Comment son ancien professeur de théâtre, Brigitte Trogneux, devenue Macron, ne l’a-t-elle alors pas mis en garde contre cette enflure qui défigurait presque la fonction ? L’art de la comédie est difficile. Celui de la politique, encore plus délicat.

Jupiter se perdait donc dans les nuées, gonflait le torse comme un jeune coq, répétant « C’est moi le chef ! », comme pour se persuader qu’il était bien le descendant du général de Gaulle. Il était en lévitation.

Gérard Collomb, avec quelques autres, le mit en garde contre ces débordements intempestifs, lui rappela qu’un peu de proximité avec le peuple devenait l’urgence des urgences. Le « président des riches », s’il ne voulait pas finir dans les plumes et le goudron, avait intérêt à changer de registre. Et fissa.

Puis devint Gavroche

Alors, il devint Gavroche, rendit visite à la plèbe, s’acoquina avec Jonathan-le-jardinier, joua les éducateurs sympas avec Reaulf-le-braqueur-antillais, s’apprêtait à courir les concierges, à traîner dans les squats, si nécessaires, pour se débarrasser de cette sale image de banquier au service de sa caste.

N’est pas Pompidou qui veut, ancien de chez Rothschild devenu président, lequel avait réussi le tour de force de passer aux yeux des Français pour un homme de la terre. Sentir le crottin pour un représentant de la haute finance, quel exploit ! Il avait opéré la métamorphose en douceur, à une époque, il faut l’avouer, où les réseaux sociaux n’existaient pas.

Aujourd’hui, tout va trop vite. Jupiter devenu Gavroche a raté son coup. Il s’est emmêlé les pinceaux dans ce grand écart brutal et a perdu le fil de sa propre feuille de route. Il a brouillé son image. L’homme de la transformation est devenu un transformiste. Sous le regard exaspéré de son « parrain » lyonnais.

L’ancien, et bientôt nouveau maire de Lyon, a suivi cette « guignolade » avec une forme de mélancolie. Il sentait qu’il n’avait plus de prise sur l’hôte de l’Elysée. Sa créature lui échappait. Ce prodige qu’il avait nourri au grain et qu’il voyait comme un nouveau Bonaparte du Nouveau Monde courait vers le précipice.

Mais gare à Guignol !

Ses sorties avaient des allures d’incartades suicidaires, de gags tragi-comiques, dépassant largement ses prédécesseurs, Hollande et Sarkozy. Le premier avait eu ses heures guignolesques avec Leonarda l’insolente. Le second immortalisa la formule « Casse-toi, pauvre con ! ».

La sortie en forme de fuite de Gérard, le fidèle d’entre les fidèles, est un signal terrible pour le président. Ce dernier trouvera à coup sûr un remplaçant au locataire de la place Beauvau. Mais saura-t-il lui-même s’amender ?

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Masca38

Avoir une importante responsabilité dans un très important ministère, c’est bien. Faire le nécessaire pour assurer la sécurité du Pays et de la population Française dans l’ensemble des quartiers, c’est mieux.
Traiter les retraités de tous les noms d’oiseaux, c’est un droit mais auparavant, il faut s’assurer que prochainement, ces gaulois ne vont pas remettre les pendules à l’heure en votant.