Après Chavouot à Alger: les grandes vacances (2) des vacances jouissives pour tous!

Caroline Elishéva REBOUH le 26.05.2020

Après la fête, nous ne pouvions tenir en place tant l’impatience était grande de profiter des grandes vacances (en ce temps-là il s’agissait de3 mois pleins de vacances) !!! Dans les classes à l’école il faisait si chaud ! L’administration de l’enseignement ne mettait à notre disposition pas même un ventilateur, en raison de leur coût.

Et puis, à Alger, peu importe de quel côté on se tournait, le bleu intense de la mer rencontrait nos regards et la brise marine transportait une odeur légèrement salée appréciée de tous. Cette eau dans laquelle nous nous languissions de nous ébattre en poussant de joyeux cris.

Nous savions que nos parents ne nous laisseraient pas nous ennuyer  ils partageraient ce temps libre en occupations et loisirs constructifs, récréatifs tout en laissant une place privilégiée aux rencontres familiales entre cousins soit à la plage, soit à la campagne, soit aussi parfois en voyage vers « la Métropole » puis, le dernier tiers des vacances était occupé par l’aide que nous fournissions à équeuter des cerises ou à casser des olives ou à épépiner – au moyen de plumes neuves « Sergent Major » – des raisins rougeâtres du type « Bou Amar » pour les confitures confectionnées pour les fêtes d’Automne qui ne tarderaient plus à arriver……. Nous aidions à peler les poivrons et les tomates et à les débarrasser de leurs graines qui seront séchés et conservés dans l’huile pour les fêtes de Pâques.

Nos parents s’investissaient énormément pour que nos vacances soient amusantes mais constructives : ainsi, nous ne sortions jamais sans avoir avec nous une petite paire de ciseaux et un grand cahier dessin et des buvards, un crayon et une gomme ainsi, nous pouvions cueillir des feuilles, des fleurs, parfois même prélever un morceau d’écorce d’arbre pour pouvoir faire un herbier ! Nos parents nous guidaient à travers les dictionnaires à trouver les noms des plantes, leur famille, nous décrivions l’arbre ou la plante/fleur, la forme et la variété des feuilles et nous savions qu’ainsi, à la rentrée scolaire, nos travaux seraient admirés…..

Nous faisions aussi des collections de timbres de tous les pays ceci nous permettait de situer sur un atlas chaque pays, d’en connaître les capitales, les fleuves, Papa ou Maman nous donnaient un aperçu de l’Histoire de chaque pays par rapport à celle de France que nous apprenions par cœur.

Lorsque nous étions sages, nous recevions des récompenses et nous allions voir en librairie quels étaient les livres que l’on nous recommandait de lire. La librairie qui recevait nos faveurs était Riveill chez lequel une jeune libraire nous accueillait toujours avec le sourire et elle nous conseillait en fonction de nos goûts.

Ce que nous aimions par-dessus tout était d’aller à la mer avec nos petits seaux nos râteaux à sable et nos pelles pour y faire des pâtés et nous y baigner les plus grands d’entre nous gardaient les plus jeunes et les mamans installées à l’ombre veillaient jalousement à leur progéniture et aux provisions de bouche : des cocas à la choukchouka, des sandwiches au rôti et à a moutarde, des mounas et des rollettes que nous adorions. En fin d’après-midi on nous permettait parfois d’acheter un cornet de frites chaudes qu’on nous délivrait dans un papier rose foncé……

Puis nous regagnions notre domicile, épuisés mais heureux et des jeux, des rires plein la tête. Lorsque nous allions à la plage Moretti et que Papa revenait nous chercher, nous nous arrêtions à Staouëli dans un grand café qui occupait tout un angle de rue et l’on désaltérait notre soif soit avec un Crush à l’orange, de la limonade Hamoud Boualem, du Sélecto au bon goût de pomme et on dégustait des fèves chaudes bouillies et assaisonnées au cumin ! Nos plaisirs étaient variés mais simples et sains.

Lorsque la nuit tombait, et après avoir fait une bonne sieste par terre en quête de fraîcheur, nous dînions rapidement car nous savions que nos Parents aimeraient « faire un tour » dans le quartier assorti d’un cornet de glace ou d’un créponné de chez Grosoli ou d’une glace de chez Roma qui s’illustrait en hiver par la vente et la confection de beignets fourrés à la confiture. Nous y reviendrons.

Etant donné que j’étais petite, on ne me permettait pas de langer beaucoup de crème glacée : aussi, mon père cassait l’extrémité de son cornet et prélevait sur sa propre glace une petite boule que je léchais avec lenteur et délice. Puis, de retour au bercail, nous trouvions installés devant l’entrée de l’immeuble nos voisins.

Chacun avait apporté une chaise de chez lui et automatiquement, les femmes prenant place sur le trottoir dans la moiteur du soir, conversaient entre elles tout en tricotant parfois et les hommes regroupés entre eux fumaient et plaisantaient de leur côté. Pour nous les enfants nous en profitions pour jouer à la marelle ou à la balle. Un peu plus tard, ayant profité du calme et de la fraîcheur de la nuit, chacun regagnait son logis pour y passer une bonne nuit de repos.

Et déjà, nous pensions à la journée du lendemain qui nous livrerait son lot d’activités et de petits plaisirs. Alger offrait de magnifiques promenades et nous ne manquions pas de nous y rendre : le Parc de Galland, le Jardin d’Essai, le Palais d’Eté et Maman nous racontait les particularités de chacun des sites qu’elle émaillait parfois de quelques anecdotes.

Les grands arbres immenses qui bordaient les allées du Jardin d’Essai n’avaient plus de secrets pour nous et nous ramassions les baies tombées des ficus que nous relions avec des allumettes étêtées pour en faire de drôles d’objets nous disséquions les fleurs pour les mettre à plat et bien distinguer les pétales, les sépales, la corolle et les étamines. Tout nous intéressait et tout était objet d’émerveillement et de curiosité. Nous adorions aussi aller dans les forêts de Baïnem où nous pouvions voir toutes ces sortes d’arbres.

Nous nous demandions pourquoi sur les hauteurs d’Alger était situé ce lieu-dit « des 4 canons » c’est alors que Papa, féru d’histoire et véritable encyclopédie, nous racontait l’épisode de la conquête de l’Algérie en 1830.

Nous nous rendions aussi en tram dans le centre de la ville pour y faire des emplettes et, accessoirement nous désaltérer ou manger une glace au « Milk Bar » place d’Isly.
Les sandalettes dont nous étions chaussés étaient désignées sous l’appellation de « méva ». C’était une fabrique de sandales en cuir avec semelles de crêpe donc la marque était « MEVA » qui fut adoptée par tous dans le parler algérois : nous portions des méva !

Caroline Elishéva REBOUH                  à suivre : LE COUTEAU A LA MER !

ILLUSTRATIONS :

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PLAGE POINTE PESCADE

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ENTREE DU PARC DE GALLAND

 

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Madredios

Algérie : Le 1° Hold-up d’un pays, clé en mains, par le colonisateur arabe grâve à une bande de gangsters arabo-musulmaniens.

Bonaparte

Que serait l’Algérie d’aujourd’hui sans la France ?

Jg

Nostalgie ,souvenirs ,on ne peut l oublier ou l’ effacer .
Comme il est impossible de revenir en arrière ,ou même de reconstituer sur place l’ ambiance ,les parfums ,la vie de famille .
Notre communauté ,transplantée ,une fois de plus ,a su s adapter sans faire de « vagues « et malgré notre capacité d integration ,nous risquons ,un jour ,de voir se reproduire les mêmes souvenirs qui défilent dans notre mémoire ,la côte d’ Azur , Deauville ,Montmarte ,la tour Eiffel ,la bonne baguette etc…