Le maire fait un salut nazi en plein conseil municipal : rien ne va plus à Villeneuve-Saint-Georges

Le conseil municipal de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) qui se tenait samedi matin a été le théâtre de nouvelles perturbations. En l’absence de majorité, le maire Philippe Gaudin (DVD) a fait des propositions de dernière minute pour ne pas augmenter les impôts, après un dérapage de comportement qui l’a obligé à présenter des excuses.

Le maire qui fait un salut nazi, le budget de la ville qui n’est toujours pas voté, trois suspensions de séance et une proposition de suppression des indemnités des élus sortie du chapeau : le conseil municipal de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) n’a pas manqué de rebondissements ce samedi matin. Faudra-t-il que la justice ou la chambre régionale des comptes s’en mêlent ? Quand et dans quelles conditions le budget de la ville sera-t-il enfin voté ?

La réunion des élus de ce samedi concernait le report du vote du budget municipal, qui n’avait pas pu se tenir lundi 15 avril, faute de participants. Depuis plusieurs mois, une partie des élus de la majorité a tourné le dos au maire Philippe Gaudin (DVD), élu en 2020. Lequel s’est vu retirer une partie de ses délégations et n’arrive plus à faire voter les décisions nécessaires à la gestion de la ville. « Un simulacre de démocratie », dénonce, de nouveau, ce samedi, Sylvie Altman (PCF), maire de la commune jusqu’en 2020.

Une plainte va être déposée après l’attitude « impardonnable » du maire

Au fur et à mesure de la séance de ce samedi matin, le ton est monté, au rythme des oppositions des uns et des autres, de la tension et de la cacophonie ambiante. Juste après 10 heures, le maire finit par perdre son sang-froid. Il se met en colère et s’adresse à l’élu écologiste Birol Biyik, qui l’accuse d’avoir « fait alliance avec l’extrême droite pour emporter la ville en 2020 ». « Je ne veux plus entendre ça ici, c’est insupportable, tempête Philippe Gaudin. Je vous mets un avertissement et je suspends la séance. »

Mais au lieu de sortir, le maire adresse un salut nazi à la salle, en criant « Heil ». Une attitude « impardonnable » pour Emmanuelly Gougougnan-Zadigue, adjoint dissident de la majorité, chargé des finances, qui annonce qu’une plainte va être déposée contre le premier édile. Thiaba Bruni, conseillère municipale d’opposition, porte-parole du Cran (Conseil représentatif des associations noires de France) annonce, elle, « saisir la préfète et le Premier ministre pour que le maire soit destitué ».

« Il n’est pas à la hauteur, il y va de l’honneur de notre ville »

Conscient de son erreur, Philippe Gaudin a présenté des excuses dès la reprise du conseil, dix minutes plus tard. « Je conçois que j’ai mal réagi, je m’en excuse à 200 %, lâche le maire. On ne peut pas qualifier ce conseil d’extrémiste. Mon initiative était malheureuse, la séance était suspendue, je m’en excuse. »

Des propos qui ne suffisent pas à atténuer les réactions. « C’est odieux », insiste Marc Lecuyer, conseiller municipal d’opposition. « Ce comportement ne doit pas rester impuni, ajoute Kristel Niasme (LR), ex-première adjointe, à l’issue du conseil. Il n’est pas à la hauteur, il y va de l’honneur de notre ville. »

Le conseil reprend tout de même, un nouveau flottement précède le vote suivant mais le résultat est sans appel : le compte administratif est rejeté avec 23 voix contre et 15 pour.

« Une ville à l’abandon »

Si Philippe Gaudin défend son budget — « nous nous en sortons bien, avec un excédent malgré les difficultés » —, ses opposants lui reprochent « une absence d’investissements et de projets », « une ville à l’abandon », d’où ce vote contre. Or la conséquence est forte : comment voter le budget sans valider d’abord le compte administratif ? Les élus ont choisi de soumettre quand même au vote les taux d’imposition pour 2024.

Là, nouveau coup de théâtre. Sentant que les élus refuseront la hausse de 3 % de la taxe foncière qu’il proposait et qui est contraire aux promesses de campagne, Philippe Gaudin sort de sa manche une nouvelle carte : la suppression pure et simple des indemnités des élus pour économiser une partie du million d’euros que cette hausse devait rapporter. « Toutes ? Même la vôtre ? », interroge l’opposition. « Oui, oui », promet le maire qui assure qu’il va « affiner ces propositions », citant aussi la réduction des crédits de formation ou des classes découverte à la place de la hausse des impôts.

Le risque d’une mise sous tutelle

Surpris du côté tardif de la proposition et, pour certains, inquiets de ne plus avoir de compensation quand ils prennent sur leur temps de travail pour les réunions municipales, les élus rejettent la hausse de la taxe foncière. Le reste des éléments du budget ne peut alors être soumis au vote puisque les recettes, elles, ne sont pas adoptées.

Désormais la date maximum de l’adoption du budget 2024, fixée normalement au 15 avril, est largement dépassée. Un prochain conseil est programmé à ce jeudi 25 avril, mais l’ordre du jour déjà envoyé ne prévoit pas de parler du budget.

La préfecture pourrait désormais saisir la chambre régionale des comptes, qui serait chargée d’établir le budget. Si cette mouture établie par les experts n’est toujours pas adoptée par les élus villeneuvois, l’État pourrait alors mettre la commune sous tutelle. En quittant la salle ce samedi, à midi passé, un élu soupire : « À la préfecture ils vont s’arracher les cheveux avec nous. »

JForum.fr & Le Parisien

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