Les messages et vidéos émis par l’organisation Etat islamique parviendraient-ils jusqu’à nous s’ils n’étaient pas repérés et traduits par l’agence de veille Site, fondée par la spécialiste israélo-américaine, née en Irak, Rita Katz ?

Des comptes liés à l’EI avertissent « L’EI [est en route] vers Rome, si Dieu le veut’ et créent le hashtag ‘Nous arrivons à Rome' ». Ce tweet de Rita Katz le 19 février a donné lieu à de nombreux articles, notamment dans la presse italienne, et a fait connaître le hashtag #We_are_coming_o_rome.

Le 20 février au matin, écrit Italia Oggi, « quotidiens et journaux télévisés relataient que les égorgeurs de l’organisation Etat islamique (EI) avaient créé un nouveau hashtag (#We_Are_Coming_O_Rome – #nous sommes en route pour Rome), renforçant le climat d’incertitude qui règne » en Italie, depuis la diffusion, le 15 février, d’une vidéo montrant la décapitation de 21 Egyptiens coptes, accompagnée du message : « Nous sommes aux portes de Rome ». Mais au-delà de la réaction inquiète et du buzz se pose la question : « Où nos médias ont-ils pêché l’information sur ce hashtag ? D’un bureau de propagande de ces égorgeurs tout de noir vêtus, peut-être ? Nenni : la source était un tweet de Rita Katz », présentée par les médias comme une spécialiste du terrorisme international, fondatrice de l’agence de renseignements Site (acronyme de Search for International Terrorist Entities, Institut de recherche d’entités de terrorisme international). Or, poursuit le journal italien, « ce n’est pas la première fois que les tweets et autres cybermessages de Rita Katz tiennent lieu de source d’information sur le terrorisme islamiste.

View image on TwitterView image on TwitterView image on TwitterView image on Twitter

Rita Katz

Veille continue

Installée aux Etats-Unis, l’agence Site passe au crible, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les sites du fondamentalisme islamiste, ses réseaux, les messages qu’il émet et les vidéos qu’il diffuse. « La plupart des vidéos diffusées par le ‘mouvement du califat’ sont repérées par Mme Katz », relève le Corriere della Sera.

Ainsi, en septembre 2014, notait le journal israélien Yediot Aharonot, « les médias internationaux découvraient la vidéo de l’horrible exécution du journaliste américano-israélien Steven Sotloff ». Peu de temps après, l’EI « publiait une étrange mise au point » : la vidéo, expliquait-elle, avait « fuité par erreur » sur Internet. « Ce que l’EI ne savait pas, c’était qui se cachait derrière cette fuite », poursuit Yediot, avant de présenter « Rita Katz, l’expat israélienne qui a fait fuiter des vidéos d’exécutions de l’EI ».

En réalité, reprend Italia Oggi, si Site n’existait pas, il est fort probable que « les vidéos des décapitations barbares commises par l’EI ne seraient jamais arrivées jusqu’en Occident. Sans Rita Katz, nous aurions risqué de ne rien savoir – ou presque – du califat et de ses objectifs, en somme, de sa propagande ».

Qui est Rita Katz ?

Bien sûr, Rita Katz n’est pas la seule à mener ce genre de travail. « Mais elle est certainement la plus déterminée et la plus présente, sans doute à cause de son histoire personnelle », explique le Corriere. Mais qui est Rita Katz ? Née en 1963 dans une famille juive d’Irak, elle a 5 ans quand son père est arrêté par le régime de Saddam Hussein. Accusé d’espionnage pour le compte d’Israël, il est torturé et pendu sur la place centrale de Bagdad, devant des centaines de milliers de personnes. « Je sais que les djihadistes ne sont pas les mêmes personnes que celles qui ont tué mon père, confiait-elle en 2006 au New YorkerMais il est clair que, sans son exécution, je ne me serais jamais penchée sur cette région du monde. » Avec sa mère et ses deux frères, elle fuit vers l’Iran, avant de s’établir en Israël. Après ses études et son service militaire, elle s’installe aux Etats-Unis, en 1997, où son mari se voit proposer un poste de chercheur. 

Source unique

Rita Katz, qui parle à la fois l’arabe et l’hébreu, rejoint d’abord un projet de recherche sur les réseaux terroristes. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, elle se met à son compte et fonde l’agence de veille Site, dont les services sont partiellement payants. « Depuis lors, écrit Italia Oggi, elle collabore régulièrement avec les enquêteurs américains, et ses analyses sont prises en compte jusqu’à la Maison-Blanche. En 2007, c’est Rita Katz qui fait parvenir à Washington la dernière vidéo d’Oussama Ben Laden. »

« Ceux qui admirent Rita Katz la définissent comme une femme courageuse, adversaire des terroristes, écrit le Corriere. Ses détracteurs la considèrent au contraire comme le mégaphone des égorgeurs ou la complice d’une manœuvre pour maintenir l’EI en vie. » Ce qui est sûr, conclut Italia Oggi, c’est que « l’idée que Rita Katz et l’agence Site soient devenues la principale, sinon l’unique, référence en matière d’information sur le terrorisme islamiste […] fait une drôle d’impression ».

Courrier International

 

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires