Sécurité : les conseillers de l’ombre de Macron

  De gauche à droite et de haut en bas : Michel Debacq, ancien chef de la section antiterroriste du parquet de Paris, Didier Casas, ancien directeur général adjoint de Bouygues Télécom,  Ange Mancini, ex-coordonnateur du renseignement, Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du Raid.

SIPA/WITT – MAXPPP/IP3PRESS/CHRISTOPHE MORIN – PIERRE MOREL – AFP/FRANÇOIS GUILLOT

Discrètement, ces professionnels des forces de l’ordre et de la justice ont conseillé le nouveau président. Des avis qui pèseront lourd dans la lutte antiterroriste ou dans la police du quotidien.

Y penser toujours. N’en parler jamais. Et s’y préparer à chaque instant. En mai 2016, Emmanuel Macron met le cap sur l’Elysée, après avoir créé son mouvement, En Marche ! Discrètement, il consulte sur les questions de sécurité qui, à coup sûr, marqueront le prochain quinquennat. Ce samedi après-midi-là, dans la citadelle de Bercy désertée de ses fonctionnaires, il échange avec une demi-douzaine d’ex-policiers de haut rang.

Parmi eux, Ange Mancini, nommé coordonnateur du renseignement sous Nicolas Sarkozy. Ange, comme on le surnommait à l’Elysée, a été maintenu en poste par François Hollande pendant plus d’une année. Le temps notamment de sympathiser avec un secrétaire général adjoint de 33 ans son cadet : Emmanuel Macron. Les deux hommes se tutoient et se donnent l’accolade.

Macron convoque ses experts

Le ministre écoute aussi les analyses de René-Georges Querry, figure de la Grande Maison, passé notamment par le service de protection des hautes personnalités, ou encore un haut responsable de la sécurité publique parisienne. Pendant trois heures, tous causent antiterrorisme, renforcement de la coordination et lutte contre la délinquance. De quoi nourrir de premières réflexions sur le sujet.

Une fois la campagne lancée, à partir de février 2017, ces idées sont mises en musique par Didier Casas, propulsé conseiller pour ces affaires dites régaliennes.

Le jeudi 20 avril au soir, voilà le candidat rattrapé par l’actualité avec l’attentat des Champs-Elysées et la mort du policier Xavier Jugelé. Le lendemain, à 10 heures, Macron convoque ses experts. «La deuxième réunion de ce type qu’il présidait», raconte l’un des participants. L’urgence de la situation ne fait pas oublier les impératifs de communication. La photo immortalisant l’instant, esthétiquement soignée, en noir et blanc, est envoyée sur Twitter, accompagnée de cette légende : «Détermination. Avec mes conseillers sécurité avant ma déclaration solennelle.»

Le candidat En Marche ! sait que Marine Le Pen l’attend au tournant, ce qui se confirme lors du débat de l’entre-deux-tours le 3 mai. Débat dont il sort vainqueur, lui qui s’est fait préparer des fiches sur la sécurité jusqu’à l’ultime moment. La photo de la réunion donne une image fidèle, bien qu’incomplète, de la galaxie des experts. A gauche de la table, un haut magistrat, ancien chef de la section antiterroriste du parquet de Paris, longtemps membre du PS : Michel Debacq. Jean-Louis Bruguière, non présent et catalogué à droite, se montre lui aussi très actif, signant une tribune remarquée dans «l’Obs», aux côtés de Querry et Debacq notamment.

 

Rapprocher police et population

 

Pour les questions de justice, Macron fait également appel à un magistrat emblématique de la lutte contre la corruption, Eric Halphen, qui a annoncé son soutien dès février. Il conforte sa stature martiale avec une recrue plus récente, Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid, en délicatesse avec la direction générale de la police.

Un conseiller, omniprésent dans le dispositif, se trouve hors champ. Malgré ses airs d’éternel jeune homme, Gilles Sanson, inspecteur général de l’administration et proche du PS, fait déjà figure de vieux routier des questions de sécurité. Il fait partie des théoriciens de la police de proximité. Lui n’a jamais cessé de réfléchir à la manière de résoudre cette quadrature du cercle française : comment rapprocher police et population ? Ce sera, avec la lutte antiterroriste, la priorité du nouveau président en matière de sécurité.

>Faits divers|Éric Pelletier|15 mai 2017, 9h38|0

  Le Parisien

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