Interrogé sur ses liens avec le Qatar, Dominique de Villepin s’en prend à Apolline de Malherbe: « A qui appartient votre chaîne ? Avez-vous des pressions ? Qui ai-je devant moi? » – Regardez

Ce matin, Dominique de Villepin était l’invité d’Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV. Au cours de l’interview, la journaliste, qui tentait de connaître ses liens avec le Qatar, a interrogé l’ex-Premier ministre sur l’origine de ses revenus.

« Vous n’êtes plus diplomate. Aujourd’hui, vous êtes un homme d’affaires. Je voudrais savoir comment vous gagnez votre vie ? », lui a demandé la journaliste. « Je suis conseiller en matière internationale », a-t-il répondu.

Avant d’ajouter : « Notez que j’ai devant moi quelqu’un qui appartient à une chaine qui a tenu des propos mensongers sur moi. Ces propos mensongers, la chaine s’est excusée vis-à-vis des téléspectateurs. Vous ne vous êtes pas excusés vis-à-vis de moi ».

L’ex-Premier ministre fait référence aux propos qu’il a tenus sur le plateau de « Quotidien » il y a quelques semaines et qui avaient été déformés par la chaîne info. Cette dernière avait présente ses « excuses » à ses téléspectateurs après « une formulation inexacte et malheureuse ».

Sur le plateau de BFMTV ce matin, Dominique de Villepin s’est interrogé : « Je pourrais vous renvoyer la balle et vous demandez : à qui appartient votre chaine ? Est-ce qu’elle subit des pressions ? Est-ce qu’il y a des directives sur le plan politique ? ».

« J’ai une société qui a des activités de conseil et, par définition, vous ne donnez pas le nom de vos clients », a-t-il affirmé à Apolline de Malherbe en précisant qu’il « donne des conseils géopolitiques sur l’évolution du monde ».

Selon une enquête parue dans Le Monde, la société de Dominique de Villepin préfère payer une amende de 3.000 euros tous les ans plutôt que de publier ses comptes.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, l’ancien premier ministre a multiplié les interventions, se posant comme le tenant d’une ligne « gaullienne » de politique arabe de la France. Une position minoritaire au sein de la droite, mais qui réveille chez ses rares soutiens le fantasme d’un destin présidentiel.

Mais d’où sort-il tout cet argent ?

La silhouette aristocratique de Dominique de Villepin a pourtant toujours été précédée d’un halo ­sulfureux. Il a échappé à beaucoup d’affaires, fréquenté plusieurs intermédiaires au pedigree peu recommandable : mis en examen dans la rocambolesque affaire Clearstream (et relaxé en 2011) ; accusé en 2011 par l’avocat Robert Bourgi d’avoir reçu, avec Jacques Chirac, des mallettes de liquide en provenance de dictateurs africains ; placé en garde à vue dans une affaire de surfactu­ration au sein de l’entreprise Relais & Châteaux, dont le patron, Régis Bulot, a longtemps été un intime.

Dominique de Villepin n’a pourtant jamais été condamné par la justice. La preuve de sa probité, disent ses amis. La démonstration de son habileté, répondent ses ennemis. « Dominique est persuadé que le cul et l’argent gouvernent le monde, alors il fait tout pour se protéger, confie un ami de quarante ans. Je n’ai jamais rencontré de personnalité aussi compartimentée… Avec lui, on parle de tout mais jamais de ses affaires et encore moins de son argent. »

Dominique de Villepin avec son ex-épouse, Marie-Laure, lors de l’inauguration du Musée d’art islamique de Doha, au Qatar, en 2008.

Ses proches qui ont eu le privilège d’être invités dans son splendide appartement en sont tous ressortis avec des étoiles dans les yeux et une question en tête : mais d’où sort-il tout cet argent ? L’endroit est une véritable caverne d’Ali Baba où sont exposés des sculptures et des masques africains, quelques toiles de maîtres et de grands noms de l’art contemporain, comme le Chinois Zao Wou-Ki, dont il a été un ami proche, ou l’Allemand Anselm Kiefer. Déjà, en 2013, la mise aux enchères d’une partie de sa collection de livres anciens, qui lui a permis d’empocher un chèque de 2,9 millions d’euros, avait beaucoup surpris.

Les rumeurs perdurent

Faut-il aller chercher l’origine de cette fortune du côté du Moyen-Orient, et du Qatar en particulier, qui a longtemps eu pour habitude de gratifier les politiques français de cadeaux et missions honorifiques diverses ? Lors de son passage au ministère des affaires étrangères, de 2002 à 2004, Dominique de Villepin a noué une relation privilégiée avec le cheikh Hamad Al Thani, qui dirigeait alors le pays.

Bertrand Besancenot, ancien ambassadeur au Qatar et en Arabie saoudite, se souvient : « Le cheikh Hamad et sa femme Moza avaient un gros faible pour Villepin. Il a été invité à de nombreux événements familiaux. Le coup de foudre remonte évidemment au discours de 2003 contre la guerre en Irak. Hamad a vu dans Villepin un anticonformiste, comme lui, une grande gueule qui n’hésite pas à s’affirmer, quelqu’un qui ravive la tradition d’équilibre et d’indépendance de la diplomatie française sur le dossier moyen-oriental, et ça lui a plu. » En 2010, il reçoit, de la part de l’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Al-Kuwari, le prix Doha capitale culturelle arabe accompagné d’un chèque de 10 000 euros.

Dominique de Villepin avec l’émir du Qatar, le cheikh Hamad Al Thani, lors de l’inauguration du Musée arabe d’art moderne de Doha, en décembre 2010.

Depuis, pour le Tout-Paris médiatico-­politique, il est évident que Domi­nique de Villepin, devenu avocat en 2008, est en relation d’affaires avec Doha. Il aura beau le contester à plusieurs reprises, ces rumeurs perdurent. Elles redoublent depuis ses prises de position sur la crise israélienne. « C’est pour décrédibiliser mes propos », argue-t-il. A chaque fois, il soutient la même chose : il n’a jamais touché 1 euro du Qatar. « Les Qataris sont des gens très pragmatiques, ils nouent des relations avec les gens qui sont au pouvoir. Aujourd’hui, Villepin n’est pas quelqu’un qui compte à leurs yeux », affirme un porte-parole de l’émir Tamim Al Thani, qui a succédé à son père en 2013.

Une vie en classe affaires

Quand on lui rapporte ces dénégations, un ancien spécialiste français des renseignements intérieurs sourit et rappelle que Dominique de Villepin a déjà nié, il y a une dizaine d’années, travailler pour la richissime famille saoudienne Bugshan, avant que les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales ne découvrent qu’il avait bien effectué quelques prestations de conseil pour la modique somme de 4,2 millions d’euros entre 2008 et 2010.

Un intermédiaire français de très haut niveau confirme une règle d’or du métier : « Quand vous faites du business avec plein de zéros, vous la fermez… La discrétion fait partie de votre prestation. » Il ignore si Dominique de Villepin est effectivement en affaires avec le Qatar, mais il est convaincu que l’ex-premier ministre est ce qui se fait de mieux sur le petit marché des ex-politiques français reconvertis dans le business de l’influence. Celui des conférences grassement rémunérées, des jetons de présence au sein de conseils d’administration, des missions d’intermédiaire auprès de chefs d’Etat ou de grands patrons de multinationales.

Dominique de Villepin sur Franceinfo, le 7 novembre 2023.

« Villepin joue dans une division supérieure à celle d’un Jacques Attali, d’un Jean-Pierre Raffarin ou même d’un Nicolas Sarkozy. Il a un vrai talent pour les affaires, il est du niveau d’un DSK… », souligne notre intermédiaire. Domi­nique de Villepin était, par exemple, invité en octobre au Maroc, à Marrakech, auprès de chefs d’Etat africains, à une réunion du FMI, puis il s’est rendu le 13 décembre à une conférence de la Banque nationale d’Ethiopie.

Une vie en classe affaires. Il collectionne mandats et missions en tout genre. Il est ainsi, depuis 2020, au conseil d’administration d’une société d’investissement américaine, Sandbridge Capital. Il a aidé à la création, en 2021, d’un fonds hongkongais, Cedarlake Acquisition Corp. Il a été membre du conseil d’administration du petit fonds souverain arménien ANIF jusqu’en janvier, avant que le gouvernement arménien change la gouvernance. « Mais c’était il y a longtemps, tout ça », réagit-il. On insiste. « Ah bon, il faut que je vérifie, alors… » Il finit juste par affirmer avoir toujours refusé de « conseiller le moindre chef d’Etat étranger ».

« Je n’ai pas un seul compte à l’étranger »

Ainsi va Dominique de Villepin, solitaire et secret. Il n’est d’ailleurs pas totalement hostile à « ces légendes noires », comme il dit, qui circulent sur son compte. « Cela entretient les récits », note-t-il avec gourmandise. Pour se protéger, il a organisé ses affaires afin de ne pas avoir à rendre de comptes. Sa société Villepin International, aujourd’hui domiciliée à son adresse personnelle, avenue Foch, dans le 16arrondissement de Paris, ne publie plus ses comptes depuis longtemps, comme l’exige pourtant la loi.

Dominique de Villepin préfère payer chaque année la petite amende de 3 000 euros plutôt que de voir étalé dans la presse l’état de sa fortune. Rien que l’année de sa création, en 2008, Villepin International affichait 4,6 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un bénéfice de 2,6 millions d’euros. En 2015, sept ans après avoir prêté serment, il décide de rendre sa robe d’avocat. « Cela l’obligeait à trop de transparence », explique un proche. « C’était pour être en adéquation avec mon métier de conseil », justifie-t-il.

Dominique de Villepin, avec son fils, Arthur, et le plasticien Anselm Kiefer, en 2007, au Grand Palais, à Paris.

En outre, pour rendre les choses encore plus opaques, une autre structure, Villepin Inter­national Limited, est domiciliée à Hongkong, petit paradis fiscal. Lui soutient qu’il n’a rien à voir avec cette coquille, qu’elle appartient à son fils Arthur, avec lequel il a créé, en 2020, une galerie d’art moderne sur Hollywood Road dans la mégapole qui expose notamment les peintures de sa fille Marie. « Je n’ai pas un seul compte à l’étranger », insiste-t-il. Quant à son activité de marchand d’art, il en conteste même l’intitulé : « Je n’ai aucune participation financière dans cette galerie. Je ne fais que donner des coups de main à mon fils en l’aidant à monter des expositions, à écrire des textes. »

Il voit beaucoup de monde

Soumettre à la question Dominique de Villepin peut provoquer d’étranges réponses. « Vous ne trouverez pas une personne à Paris qui ait des choses intéressantes à dire sur moi », lance-t-il, comme un défi. « Et puis je ne déjeune avec personne régulièrement… » On objecte, alors il se reprend : « Oui, bon, d’accord, deux ou trois fois par an. De toutes les manières, je ne dis rien à personne. Parler de moi, ça ne m’intéresse pas… Je suis allergique à la culture de cour, je déteste le conflit d’intérêts et le trafic d’influence. »

Même s’il n’appartient à aucun club, Dominique de Villepin voit beaucoup de monde. Il jure que ce n’est jamais à son initiative. Récemment, il a pris un café avec Sébastien Lecornu, le ministre des armées, mais aussi avec le nouveau premier ministre, Gabriel Attal, et le chef de la diplomatie, Stéphane Séjourné. Avant que Clément Beaune ne se fasse débarquer du gouvernement, il a déjeuné avec l’ex-ministre des transports pour passer en revue la situation internationale, parler ­d’Europe, peu de politique intérieure.

Il a vu quatre ou cinq fois Emmanuel Macron au cours de son premier mandat. Depuis, plus rien. Certains proches rapportent qu’il en retire une certaine amertume. Il assure que non. « Macron n’aime pas s’entourer d’avis divergents, estime-t-il. Il fait confiance uniquement à son jugement. Il pense qu’il peut régler les problèmes du monde lors de ses tête-à-tête avec les chefs d’Etat. Mais le monde actuel ne fonctionne pas ainsi. Aujourd’hui, pour faire avancer une idée, le chemin le plus court n’est pas le plus direct. Il faut accepter de faire des détours, d’embarquer des alliés… »

« J’ai le goût des percées »

Un jour de 2023, au cours d’un de leurs déjeuners réguliers au Marco Polo, le restaurant italien de la rue Saint-Sulpice, dans le 6arrondissement, où Dominique de Villepin a ses habitudes, son ami Gérard Araud, ex-ambassadeur à Washington, vient l’entreprendre sur la présidentielle 2027, convaincu qu’il a une carte à jouer. Villepin écoute son interlocuteur tenter de le convaincre d’y réfléchir sérieusement. « Tu n’es pas le premier à me dire ça, mais je ne vois pas le chemin, et puis j’aime ma vie actuelle », finit-il par répondre. Tous ceux qui l’ont vu récemment assurent pourtant que la bête politique n’est pas morte.

L’ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin est formel : « Villepin n’est pas un homme politique traditionnel. C’est un artiste de la vie politique. Par définition, ce n’est pas quelqu’un de prévisible. En fonction des circonstances, il peut jaillir d’un coup. » Lui ne dit pas autre chose : « J’ai le goût des percées. C’est ma façon d’être. » Tout en affirmant ne plus être un homme politique, il dit dans la même phrase : « Je serais ravi de pouvoir servir la France, de réfléchir à une campagne européenne qui, si on ne fait rien, va au désastre, d’apporter ma contribution dans le combat contre le RN pour que mon pays puisse sortir de ses luttes identitaires. »

Il jure qu’il n’est pas derrière le compte Instagram « Dominique de Villepin président » (vingt et un mille abonnés à ce jour), dont il assure ignorer l’existence. Même chose pour l’appel lancé par Azdine Ouis. D’ailleurs, deux mois après avoir envoyé sa lettre, ce dernier n’a toujours pas reçu de réponse. Au dernier comptage, sa pétition a recueilli trois cent trente-quatre signatures.

JForum.fr et Benjamin Barthe du Monde

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Jean-Jacques Amerein

Un bien piètre « débat » Malherbe a fait dans le même style que Pascal Praud et Hanouna ; c-à-d, l’antithèse d’un journalisme respectueux et de qualité.Du populisme, rien d’autre !

Pauliltique

Merci Apolline de remettre ce clown corrompu, prostitué sur le plan moral et politique à sa place

Franck DEBANNER

Les déchets, nazislamistes et antijuifs, n’ont que cette vieillerie pour les représenter. On devrait bientôt en retrouver la carcasse, dans une des nombreuses déchèterie polluant la francekipu…

Ratfucker

Quelle idée, de publier un article de Benjamin Barrthe, rédacteur en chef adjoint de l’Immonde, et surtut poux de Muzna Shihabi, ex-relation publique d’Arafat !

martin

le symdrome cahuzac…..

Pauliltique

Dans la droite ligne de l’ abjection française, de Charles à DDV en passant par Melenchon…

Merci

Ce Villepin est le type même qui aime se faire remarquer et aller lécher les babouches des richissimes arabes, comme Chirac et certains autres anciens ministres français qui connaissent bien le système et téléphone arabe pour s’en mettre les poches et surtout bien mentir , contrairement à d’autres ministres français plus simples reconnaissant le travail important associé à l’intelligence des israéliens ou les juifs du monde entier, il y a un fossé , bref Villepin est déjà dans les poubelles de l’histoire point final ….

Franck DEBANNER

GALOUZEAU (son vrai nom), dit vil-tapin-du-ténia, alias de VILLEPIN, réussit la performance de recevoir beaucoup d’argent pour assouvir sa haine antijuive.

Quand il était 1er ministre, il ne montrait pas cette haine. Mais depuis il s’est lâché. Les qataris ne le payeraient pas, s’ils n’étaient pas convaincus du réalisme de la haine antijuive exprimée par vil-tapin.

Richard MALKA

De Villepin, ambassadeur du Qatar en France, Macron ministre de la transition démographique du Qatar en France