Plus de 20 millions d’électeurs ont boudé les urnes, soit près d’un Français sur deux et plus de 6 millions d’électeurs n’hésitent plus à donner leur voix au Front National. En d’autres termes, une majorité ne se reconnaît plus dans le projet incarnant les valeurs de la République et expriment leur colère, leur désespoir, leur déception et leur rejet des partis de gouvernement, soit (au mieux) par l’abstention et le vote blanc, soit (au pire) à travers une adhésion au discours xénophobe de l’extrême-droite et ce, même si le FN n’est pas encore capable de remporter des régions. Ce que veut le parti de Marine Le Pen, c’est faire progresser ses idées pour gouverner plus tard. Un jour !

Cette élection doit être analysée en prenant en considération le contexte qui est celui de la France en cette année 2015, au cours de laquelle, 149 personnes ont été tuées et plus de 300 ont été blessées, sur le territoire national, par des terroristes se réclamant de l’islam politique. Car, même si la vie doit continuer après tous ces drames et tous ces malheurs, il n’est pas question d’accepter ces postures politiques qui alimentent le déni et favorisent ces errements et ces compromissions qui, d’un côté assurent la diffusion et la banalisation des pensées islamistes et, de l’autre, font monter en puissance les idées xénophobes présentées, selon une escroquerie intellectuelle désormais bien huilée, comme l’ultime rempart face à l’islamisme.

Par conséquent, au delà des triomphalismes affichés par les différentes chapelles politiques et au delà des logiques de communication à travers lesquelles on tente, que ce soit au sein du Parti socialiste (et de l’ensemble de la gauche) ou au sein de la droite (et du centre) de nier cette colère légitime qui s’exprime chez tous ceux qui sont attachés aux principes républicains, au-delà de la volonté de toute cette camarilla de conseillers et de communicants qui meublent les partis et les cabinets et qui espèrent normaliser, par la seule force des mots, une situation qui ne l’est pas, un contexte qui ne l’est pas et des partis politiques incapables de remplir leur fonction originelle (la défense d’un projet de société), au delà de tout cela, il est impératif de voir la réalité et de s’engager pour réclamer un changement. Le vrai changement. Pas l’incantation répétée lors des campagnes électorales, ni le cri théâtralisé durant les meetings électoraux. Il convient de réclamer le seul, l’unique, le vrai changement, celui qui ferait rêver la jeunesse et qui ferait adhérer la société qui n’espère qu’à être portée vers l’idéal républicain.

Aujourd’hui, contrairement à la réalité politique d’il y ‘a une trentaine d’années, le péril qui menace notre démocratie est double : l’extrême droite raciste et antisémite d’un côté et le totalitarisme islamiste sont les deux têtes d’une hydre fascisante qui n’espère rien d’autre que la destruction de l’ordre démocratique. À l’évidence, plusieurs de nos politiques, à gauche comme à droite, ne sont pas conscients de cette réalité. Nous n’acceptons pas ce cynisme où les premiers considèrent que seul le Front national est un danger et qu’il conviendrait de s’allier à quelques islamistes « notabilisés » et où les seconds estiment qu’il serait opportun de s’approprier le discours xénophobe de l’extrême-droite pour faire illusion d’un attachement aux valeurs de la République. Dans ces petites manipulations à la petite semaine, conçues pour entretenir, dans un ghetto, lui-même savamment entretenu, une clientèle électorale faite, y compris, de l’affreux et du mafieux, où toutes les opinions se valent, de la plus honorable à la plus détestable, quitte à pré-fabriquer une idéologie faite de bric et de broc, n’ayant ni queue ni tête puisque l’essentiel étant de remporter des élections et de faire barrage à l’autre… Dans ces petites manipulations à la petite semaine, il y a toujours un grand perdant : la démocratie !

Ne l’oublions pas : Si l’islamo-gauchisme alimente l’extrême-droite, le racisme et la xénophobie nourrissent l’islamisme. Incontestablement !

Mais soyons plus clairs : Jean-Christophe Cambadélis et Nicolas Sarkozy sont ce qui se fait de pire aujourd’hui en politique dans les partis de gouvernement. D’un côté, un petit cynique calculateur, sans véritable charpente idéologique ni colonne vertébrale et de l’autre, un petit arriviste, tout aussi cynique, toujours aussi ambitieux, capable, au cours d’une même journée, d’embrasser sur la bouche un Patrick Buisson et un représentant de l’UOIF. Tout ça, pour se garantir une destinée politique.

La France vaut mieux que de tristes sires roulant pour leur propre gloire. La République vaut beaucoup mieux que ces petits morgueux, petits hommes de pouvoir, incapables d’écrire un récit à même d’enchanter leurs électeurs. Car quoi qu’ils puissent en dire, contrairement à l’extrême-droite et aux islamistes, ces deux médiocres n’ont rien, absolument rien à raconter sinon leur langue de bois et leur populisme.

Aujourd’hui, nous avons tous perdu. Aujourd’hui, nous avons (presque) tout perdu. La République a perdu et la démocratie aussi. À cause de politiciens sans envergure, la France est en train de perdre son âme et la République sa substance. Voilà un pays qui se meurt et voilà une gauche qui devient (ainsi que la droite) la plus bête du monde.

Expliquons-nous : Un mois après les attentats du 13 novembre, un an après « Charlie » et « l’hyper-casher », nous devons réinventer cette belle France et réécrire son corpus idéologique. Nous devons savoir et dire qui nous sommes et qui voulons-nous être. Il convient de border notre hédonisme contemporain, notre mode de vie, de devoirs et d’exigences. Sortir des discours victimaires et des relativismes culturels. Il convient aussi de se battre contre les ghettos ethniques, religieux, culturels et socio-économiques pour décloisonner cette société et faire face aux clivages qui minent sa cohésion. Il faut abattre, au plus vite, cet apartheid urbain qui a créé des murs invisibles comme pour mieux instaurer les préjugés et entretenir les clichés. Préjugés de droite et clichés de gauche qui alimentent et banalisent l’extrême-droite et jettent une partie de notre jeunesse dans les bras de l’islamisme assassin qui s’exprime aujourd’hui au nom de Daech, comme il s’est exprimé hier au nom d’Al-Qaïda et comme il s’exprimera demain au nom d’un autre djihadisme.

La droite et la gauche sont toutes les deux responsables de cette situation. Car personne ne veut, aujourd’hui encore, mener les seuls vrais combats, les plus difficiles : les combats idéologiques.

Mais disons-le : la responsabilité de la gauche est plus grande, car c’est la gauche. C’est elle qui est supposée être attachée à la laïcité et qui est censée défendre l’égalité et ce qu’elle appelle le « vivre ensemble ». Or, c’est cette gauche, celle des renoncements et des lâchetés du quotidien, cette gauche, celle de Jean-Louis Bianco, celle de Clémentine Autin, celle de Jean-Christophe Cambadélis et de la laïcité dévoyée, qui, depuis plusieurs années, piétine cette même laïcité pour faire des concessions à ceux qu’elle infantilise et qu’elle croit probablement inaptes aux grands principes universels.

Nous le disons, nous ne voulons plus de cette gauche. Nous ne voulons plus de ce Parti Socialiste qui accueille en son siège des défenseurs de la pensée des Frères musulmans ni de cette gauche qui débat avec Tariq Ramadan. Nous voulons une autre gauche, un autre parti socialiste, capable de réaffirmer ce qu’a été Jean Jaurès. Nous évoquons cette figure de la République pour rappeler aux tenants de la suffisance ambiante que la force de l’engagement est fondée d’abord et avant tout sur des convictions et sur une pensée cohérente qui s’inscrit dans une logique idéologique. De ce point de vue, quelqu’un peut-il sérieusement nous expliquer aujourd’hui ce qu’est la pensée de la gauche (ou celle de la droite) et nous expliquer la logique idéologique des Socialistes (ou celle des partisans de Sarkozy) ?

Oui il faut une figure qui fasse sens et repère. Il faut une nouvelle ou un nouveau Jaurès. Une figure qui sait ce qu’est la société française, une figure qui a identifié les ennemis de la République, une figure qui assume les combats à mener, une figure qui n’a ni carrière ni privilèges à défendre mais des idées et des convictions. Car il s’agit avant tout de clarifier les principes et de sortir des confusions. Devons-nous continuer d’accepter que des cabinets ministériels reçoivent, pour mieux les banaliser, des représentants des Frères musulmans ? Devons-nous accepter que l’État continue de naviguer à vue, au gré des vents, sans stratégie pour finalement (ne pas) lutter contre l’islamisme qui nourrit le terrorisme ? Devons-nous accepter que des petits calculs égoïstes fassent monter l’extrême-droite pour favoriser son propre parcours politique ?

Les rues de Solférino et de Vaugirard sont devenus des états-majors sans idées, sans cap et sans colonne vertébrale. Des ateliers à manigances politiciennes dont l’objectif n’est autre que d’assurer la pérennité politique de certains caciques et autres dinosaures devenus des professionnels de la politique et de ses petits privilèges.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous appelons à réinventer la politique et le monde politique et de permettre à une nouvelle génération d’écrire sa propre histoire et celle des générations futures.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous appelons à réinventer la gauche et à renouveler ses représentants.

 et Roland Castro

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