Lettre ouverte à Pierre Laurent, Secrétaire National du PCF

 

Après le vote à une écrasante majorité au Conseil de Paris de la vente du 69, bd de Charonne (Paris 11ème) à l’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe, le PCF du XI arrondissement, soutenu par le Front de Gauche, fait circuler une pétition contre cette vente.

Face à un choix clairement exprimé et argumenté par la Maire de Paris, Anne Hidalgo, le Maire du XI arrondissement, François Vauglin, avec le soutien unanime des groupes Socialiste et UMP, les Communistes dans leur pétition n’hésitent pas utilisé des arguments spécieux.

Premier argument : « au moment où se développe la démocratie participative, cette vente de gré à gré se fait sans aucune concertation avec la population et notamment les riverains »(extrait de la pétition)
Lors du vote au Conseil de Paris, François Vauglin avait déjà balayé cet argument, en rappelant que « les porteurs de projet » étaient venus le présenter, justement dans le cadre de cette démocratie participative, au cours d’une assemblée générale du Conseil de Quartier Nation Alexandre Dumas le 31 mars dernier et que l’assemblée générale s’était prononcée en faveur de cette vente à l’unanimité moins une voix d’abstention, après une présentation détaillée du projet, des échanges entre le Maire du XI, les porteurs du projet et les riverains.

Second argument : « La Mairie de Paris, malgré l’opposition des communistes, des écologistes et des radicaux s’apprête à vendre l’ancien bâtiment utilisé par Edf au 69 bd de Charonne à une association confessionnelle » (extrait de la pétition)
Ainsi donc, aux yeux des Communistes, une association qui comporte le mot « Juif » serait réduite à une dimension confessionnelle. Cette vision réductrice de ce qu’est être juif conduirait à un non-sens au regard de l’histoire juive et de celle du Communisme. La mère patrie du Communisme, l’URSS, était tellement consciente de la dimension nationale des Juifs, qu’elle leur a bâti une patrie « le Birobidjan » dont la langue officielle était le Yiddish. Le 11ème arrondissement n’est-il pas ce lieu de Mémoire de l’arrivée des immigrants juifs fuyant les persécutions, de la fin du 19ème siècle jusqu’à la Seconde guerre mondiale, ces Juifs qui bien souvent étaient ouvriers tailleurs, casquettiers, travaillaient à la pièce et appartenaient aux sections locales du Parti Communiste, véritable « Yevsektia » (section juive) à la française ? Ces Juifs dont certains s’illustrèrent dans les Brigades Internationales, aux côtés de l’Espagne républicaine dans la lutte contre les fascistes de Franco, d’autres dans la Résistance, dans les rangs des FTP-MOI et qui fondèrent en 1943 l’UJRE, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide, auraient donc perdu chez des Communistes devenus amnésiques et oublieux de l’Histoire, cette dimension nationale ? Il est vrai que ces Francs-Tireurs-Partisans – Main d’œuvre Immigrée –souvenons-nous de l’Affiche Rouge-, ont très tôt mené le combat pour libérer la France, alors même que les apparatchiks du PCF en étaient encore à applaudir le pacte Molotov-Ribbentrop et que Georges Marchais, futur Secrétaire Général du PCF, travaillait volontairement dans les usines d’armement de l’Allemagne nazie.

Contrairement à ces nouveaux Staliniens du 11ème , les Juifs de France, quant à eux, ont toujours su faire la différence entre les associations 1905, cultuelles, « confessionnelles » et les associations Loi 1901, culturelles, sociales, éducatives, artistiques, etc., ouvertes à tous, sans distinction de confession ou d’origine, même si, dans ces associations il y a comme l’écrivait le poète communiste Louis Aragon dans son magnifique poème à la gloire de la Résistance, « La Rose et le Réséda », « ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas »

Jean-François Strouf

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Carrière Philippe

J’ai habité rue Amelot de 67 à 72 , et je traversais le boulevard Beaumarchais pour amener mon fils au bac à sable de la Place des Vosges , et là c’était un plaisir d’entendre de vieux juifs parler yiddish , une joie !