Omer Bartov : Les liens entre l’Ukraine, Israël et le nationalisme

Dans un entretien exclusif au journal Le Point, Omer Bartov, historien et spécialiste renommé de l’Europe centrale, les parallèles inattendus entre l’Ukraine et Israël sont explorés et  révélés dans son dernier ouvrage. Après avoir plongé dans l’histoire de la ville de Buczacz dans son livre « Anatomie d’un génocide » (Plein Jour, 2021), Bartov continue d’explorer le passé complexe de l’Ukraine, notamment celui de la Galicie, terre d’origine de nombreux Juifs ashkénazes disséminés à travers le monde aujourd’hui.

Son dernier livre, « Contes des frontières. Faire et défaire le passé en Ukraine », mêle histoire et anthropologie pour sonder les modèles culturels et politiques ayant émergé dans cette région autrefois située à la frontière entre la Pologne et la Russie. Ces modèles ont été importés en Israël par les communautés juives de cette région, souligne Bartov. Alors que la tension persiste entre Israël et le Hamas à Gaza, et que le gouvernement de Benyamin Netanyahou est contesté, l’ouvrage aborde indirectement la question sensible du sionisme.

Pour Bartov, le contexte historique de la Galicie est crucial pour comprendre ces parallèles. Ce territoire, qui a connu une histoire mouvementée, a été sous la domination de nombreux pays avant l’indépendance de l’Ukraine. Passant de l’empire austro-hongrois à la Pologne, il était autrefois le centre de la « République des Deux Nations », une alliance entre la Pologne et la Lituanie. Cette diversité ethnique et religieuse a façonné le nationalisme ukrainien, polonais et même le sionisme, selon Bartov.

En examinant les origines du sionisme, Bartov note que bien que Theodor Herzl, fondateur du mouvement, ait écrit son livre « Der Judenstaat » en réaction à l’antisémitisme européen, l’histoire complexe de la Galicie a également joué un rôle. De nombreux leaders sionistes étaient originaires de cette région, ce qui a influencé la vision et la dynamique du mouvement.

Bartov souligne également les similitudes entre les nationalismes ukrainien, polonais et juif à l’époque. Il met en lumière la coexistence souvent tumultueuse des communautés dans la Galicie, marquée par des pogroms et des tensions, mais aussi par des moments de coopération et de créativité.

Quant au sionisme, Bartov le considère comme un mouvement nationaliste libéral, distinct des nationalismes ethno-religieux ukrainien et polonais. Cependant, il reconnaît la diversité au sein du sionisme, avec des courants laïques, ethno-religieux et socialistes, chacun ayant des visions différentes de l’avenir d’Israël.

L’entretien aborde également les opinions politiques de Bartov et ses critiques envers le gouvernement israélien actuel, ainsi que ses réflexions sur les événements récents, tels que l’attaque du Hamas en octobre 2023. Bartov souligne l’importance de repenser le nationalisme pour parvenir à une solution durable au conflit israélo-palestinien, plaidant en faveur d’une coexistence pacifique basée sur un modèle à deux États.

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