Patrick Cabanel, Le droit de croire. La France et ses minorités religieuses . XVIe – XXIe siècle. Passés / Composés, 2024

C’est une question qui est devenue d’une brûlante actualité. Aux origines, la France se voulait toute catholique (sic), ce fut le règne de l’unité religieuse du royaume. Ensuite survint le protestantisme qui mit fin à ce monolithisme religieux qui était tout sauf granitique…

Patrick Cabanel — Wikipédia

Aujourd’hui, la situation a changé de fond en comble. L’islam est devenu la seconde religion de France, ce qui n’est pas sans poser quelques délicats problèmes au sein de la société. Notamment avec le respect ou le non-respect des règles imposées par la laïcité. Fait aggravant, les problèmes ne se posent pas avec les adultes uniquement mais même dans les établissements d’éducation secondaire. Refus de l’éducation physique pour les jeunes filles, refus de suivre des cours d’histoire sur la Shoah, etc…

La République a toujours voulu cantonner la pratique religieuse, et même la pensée religieuse, dans un espace spécifique., pour ne pas dire, réduit C’est l’enseignement majeur que les dirigeants laïques du pays ont tiré de l’histoire européenne, et notamment de la grave crise traversée par le pays voisin, l’Allemagne, sortie exsangue de la guerre de trente ans. La solution retenue n’était pas parfaite mais son principal avantage était d’instaurer la paix civile dans les territoires formant la nation germanique : on prend la religion du prince , de la famille régnante, ce qui contribuait à ramener la paix civile, tout en laissant aux habitants d’une région le droit de se soumettre ou d’émigrer sous des cieux plus cléments…

Toute religion, tut système de croyance se fonde sur une culture qui résume les conceptions qu’il a de la transcendance, du monde et de l’homme. Même les religions contemporaines, c’est-à-dire les trois monothéismes, ne font pas exception à la règle. On retrouve cette idée chez Carl Schmitt (Politische Théologie) selon lequel les valeurs qui gisent au fondement de nos sociétés modernes sont des valeurs religieuses sécularisées : respect de la vie, solidarisé des générations,, prééminence du droit, même en cas de guerre, devoir d’assistance à des personnes en danger, etc… Tous ces commandements avaient une base religieuse avant de devenir des valeurs purement éthiques.

Mais les situations sont devenues plus complexes, par exemple, qui a le dernier mot, les valeurs de la Raison, ou celles de la Révélation ? En d’autres termes, existe-t-il une vérité religieuse ? C’est difficile de trancher car l’apanage exclusif de la raison est justement l’universalité, comme nous l’enseigne le philosophe Kant, auteur justement du fameux traité, La religion dans les strictes limites de la raison (Die Religion in den blossen Grenzen der Vernunft) . Or, la pluralité des croyances montre qu’il n’y a pas ici d’unité religieuse : ce qui est contraignant pour les uns ne l’est pas pour les autres… D’où les guerres de religion, les ravages du prosélytisme et toutes les manifestations de l’intolérance.

Le présent ouvrage se propose d’accompagner la France dans son long chemin vers le pluralisme religieux. Il observera donc très attentivement la situation des minorités religieuses à travers les siècles. Il met l’accent plus sur l’histoire que sur l’examen des doctrines religieuses, incarnées par les uns ou les autres. Et en effet, l’accent est mis du début à la fin sur l’évolution historique proprement dite : comment la France a pu, avec le passé qui est le sien, s’accommoder de la présence d’autres cultes sur son sol. Une certaine forme de coexistence allait de soi. Ce qui ne veut pas dire que de nombreux embûches ne jalonnaient pas la route. On peut dire que cette solution n’a pas été trouvée, en raison des prétentions de certains qui placent la loi religieuse au-dessus de la loi de l’état, la loi civile.

L’auteur pose principalement son regard sur les protestants, les musulmans, les juifs et parfois aussi, les morisques. Il serait fastidieux de retracer à sa suite les grands moments des intégrations respectives dans le main Stream français. Mais il est indéniable que le chemin vers le pluralisme français (la France, fille aînée de l’église) et le cri du pape lors des JMJ : France , qu’as- u fait de ton baptême ? n’est pas sans détours ni ruptures.

Il est difficile de conclure car la conclusion de l’ouvrage est hérissée de chiffres et de statistiques concernant le nombre exact de musulmans en France… Puisque la loi interdit à ce jour les statistiques dites ethniques, les estimations varient fortement. D’aucuns parlent d’islamisation du pays, suivis ou précédés en cela par de grands partis d’extrême droite, d’autres minorent le nombre d’adeptes de l’islam, ce qui rend très malaisé l’obtention d’une estimation proche de la réalité. On parle aussi de «bi-confessionnalisme» tenant compte de la forte progression de l’islam et de la position dominante de l’église catholique… Les juifs et les protestants seraient tenus pour quantité négligeable. Il faut se garder d’angélisme mais aussi d’alarmisme. Une chose demeure incontestable : le terme religion n’a pas le même sens dans toutes les cultures.. Et cette évidence ne saurait être occultée.

Maurice-Ruben HAYOUN
Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage:

Maurice-Ruben HAYOUN. (hayounmauriceruben@gmail.com)

CYCLE DE CONFÉRENCES *

Le 30 mai à 19heures, mairie du XVIe arrondissement, salle des mariages, sur le thème suivant:
André Chouraqui, un champion du dialogue interreligieux
Le 4 juin  à 19heures, mairie du XVIe arrondissement, salle des mariages, sur le thème suivant:
Maimonide et Averroès face à leurs traditions religieuses respectives

Entrée libre. Salle des mariages.

Pour tout renseignement contacter hayoun.raymonde@wanadoo.fr ou le 0611342874

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o.icaros

« Aujourd’hui, la situation a changé de fond en comble. L’islam est devenu la seconde religion de France… » seconde religion de France, cela ne veut rien dire. Vu son ancienneté, il vaut mieux dire seconde religion en France car elle est issue de l’immigration. Une intellectuelle française de confession jui, dont j’ai oublié le nom mais fort heureusement pas sa phrase, a très bien conceptualisé cet illogisme. Elle dit « la deuxième religion la plus forte en nombre ». Cela me va bien car ça m’agace qu’on mette protestants, orthodoxes et chrétiens d’Orient après la « deuxième religion de France ».

o.icaros

« L’auteur pose principalement son regard sur les protestants, les musulmans, les juifs et parfois aussi, les morisques. » Les protestants font partie de la religion chrétienne, première religion de France. A une époque où la valeur cardinale est l’inclusion, ferait-on de l’exclusion en sortant les protestants et les orthodoxes de la famille chrétienne. Tous ceux qui croient en Christ sont chrétiens. Le catholicisme n’est pas une religion mais une Eglise.

o.icaros

« Aux origines, la France se voulait toute catholique (sic), ce fut le règne de l’unité religieuse du royaume. Ensuite survint le protestantisme qui mit fin à ce monolithisme religieux qui était tout sauf granitique… » Elle ne se voulait pas, elle l’était. Mais elle était chrétienne est romaine. Catholique aussi mais au sens grec du mot, c’est-à-dire, universelle. Les Eglise orthodoxe sont également catholiques puisqu’elles ont en commun, avec les « catholiques » les sept premiers conciles. La France est devenue « catholique », à son sens restrictif, qu’au moment des guerres de religion.

Richard Malka

L’islam est une religion de conquête.