Kurdes : l’Iran veut contrôler Sinjar ©

Un combattant Peshmerga kurde à l’extérieur de la ville de Sinjar (Shingal, en kurde). (AFP)

BEYROUTH – Un haut responsable d’un parti kurde anti-iranien a affirmé que Téhéran vise le contrôle de la région stratégique du Sinjar, le long de la frontière entre l’Irak et la Syrie, qui est devenue un point chaud des tensions internes entre Kurdes.

Le Commandant Hossein Yazdanpah, du Parti de Libération du Kurdistan, accuse le Corps des Gardiens de la Révolution Iranienne (CGRI) de prendre un rôle de plus en plus actif à Sinjar, et affirme que le Commandant des forces d’élite Al Qods des Gardiens de la Révolution a fait une tournée dans la région il y a deux mois, aux côté d’Hadi al-Ameri, un des chefs des Forces de Mobilisation Populaire, groupes paramilitaires chiites irakiens soutenus par Téhéran. 

« Cette visite est survenue dans le cadre de tentatives incessantes de contrôler la route terrestre reliant l’Iran à la Syrie qui s’étend à travers le territoire de la région du Kurdistan, afin de sécuriser une voie de passage pour les armes et les combattants en Syrie », a déclaré  Yazdandah – un opposant critique de Téhéran – au journal saoudien Asharq Alawsat.

« L’Iran veut prendre le contrôle des montagnes stratégiques de Sinjar », dit-il, ajoutant qu’un certain nombre d’autres officiers ont circulé dans cette zone peuplée de Yazidis depuis Bagdad.

Depuis que Daesh s’était emparé de Sinjar à l’automne 2014, des groupes kurdes concurrents et des combattants yazidis locaux ont combattu les uns aux côtés des autres afin d’en chasser les djihadistes, tout en se positionnantet en rivalisant les uns avec les autres pour le contrôle ultime de la région frontalière.

Le Gouvernement Régional du Kurdistan conduit par Massoud Barzani considère que Sinjar se trouve sous son contrôle administratif ; cependant le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) rival ne veut pas que le Parti Démocratique du Kurdistan (KDP) de Barzani exerce son influence sur Sinjar, que ce dernier contraôlait effectivement avant l’avancée foudroyante de Daesh en 2014.

A la suite de l’effondrement des lignes de défense de Daesh, les responsables Yazidis soutenus par le PKK à Sinjar se sont rencontrés afin de former un Conseil administratif autonome en janvier, un geste que le KRG a décrié comme une tentative des Kurdes de Syrie d’étendre leur autorité jusqu’en Irak.  

Les Forces des Unités de Protection du Peuple Kurde (YPG) de Syrie ont aidé, à l’automne 2014, à desserrer le siège de Daesh contre les civils yazidis pris au piège dans les montagnes du Sinjar (ou Shingal), mais les forces Peshmergas (du KRG) dirigées par Barzani ont pris le rôle de leader dans les offensives qui ont suivi et qui ont chassé Daesh de la région.

Selon Wladimir Van Wilgenburg, analyste politique et journaliste spécialiste de la question kurde, « le PKK est en position de faiblesse à Sinjar face aux forces de Barzani, bien qu’il soit plus puissant dans la zone proche de la frontière syrienne ». 

Yazdanpah , du Parti de Libération du Kurdistan dit que l’Iran tire avantage des tiraillements entre Kurdes, non seulement entre les Kurdes de différents pays, mais aussi à l’intérieur même du KRG, de façon à « détruire l’unité politique de la région ».

Yazdanpah soutient le KDP de Barzani, en appelant l’éminence grise du KRG, le « Chef du Mouvement de Libération du Kurdistan au Moyen-Orient »

Bien que le parti de Yazdanpah soit originaire de la région d’Iran peuplée de Kurde, il maintient à présent une présence militaire en Irak et ses combattants ont mené la lutte aux côtés des troupes des Peshmergas du KRG, y compris à Sinjar, selon ce qui est rapporté.