« Il n’y a pas de meilleur jour pour le peuple d’Israël que (…) Yom Kippour”. (Talmud, Ta’anit 30b).

Yom Kippour, c’est pas facile, on jeûne pendant 25 heures, on prie toute la journée à la synagogue, on est presque tout le temps debout, mais ça reste le jour le plus chanceux ! Pourquoi ?

D.ieu enseigne : « כִּֽי־בַיּ֥וֹם הַזֶּ֛ה יְכַפֵּ֥ר עֲלֵיכֶ֖ם » (Vayikra 16:30), « car en ce jour on fera expier vos fautes. » Ça ne veut pas dire que D.ieu nous accorde une nouvelle année de vie de qualité dans ce monde. L’objectif de la Kappara (l’expiation) vise bien plus que la pauvre année à venir et bien plus que les 70, 90 ou 120 ans de notre vie terrestre. Le mot יְכַפֵּ֥ר (expier ou nettoyer) vient du mot “Kaf” (la paume de la main). Parce qu’à l’époque, pour éliminer la saleté on utilisait la paume de la main et un peu d’eau. C’est ce que fait D.ieu à Kippour, Il nettoie notre âme, mais cela ne veut pas dire qu’il fait table rase du passé et qu’on passera une bonne année sous prétexte que Kippour est passé. Il métamorphose notre âme et il n’y a rien de meilleur que ça, vous savez pourquoi ?

Parce que est l’âme est la seule chose à nous appartenir réellement. Notre corps, c’est comme un vêtement prêté pour une durée limitée le temps de notre passage terrestre, et à la fin on le restitue, on l’enterre dans un cimetière, donc le corps ne nous définit pas. Nous sommes toutes et tous une âme, une Néchama (une âme) qui va durer pour l’éternité jusqu’à la résurrection des morts, où l’on sera à nouveau habillés d’un corps.

Dans ce monde pouvait faire un déni de notre âme, la dissimuler, mais lorsqu’on arrivera au monde futur, elle sera nue, exposée à tous, pleine de souillures dues au fautes. Le prophète Jérémie dit : « כִּי אִם תְּכַבְּסִי בַּנֶּתֶר (…) נִכְתָּם עֲוֹנֵךְ לְפָנַי », « Quand même tu le laverais avec du nitrate […] ton crime resterait ineffaçable » (Yirmiyahou 2:22). La faute est une souillure sur l’âme.

On ne doit pas les ignorer. Les souillures de notre âme sont le plus grand problème de notre vie car “ce monde n’est qu’un couloir qui précède le monde à venir” (Pirké Avot 4,16) et on ne pourra pas profiter du monde à venir tant que notre âme est entachée. On n’est juste pas assez conscient à quel point c’est embarrassant une âme sale. Imaginez, vous entrez dans une salle de mariage avec une tache de boue sur le nez… dur dur, mais alors, les taches sur l’âme, ce n’est pas superficiel, c’est douloureux comme des abcès ou des ulcères à l’estomac.

Quand on vous servira à manger, impossible de mordre un aliment avec des dents qui souffrent, vous ne profiterez de rien… C’est une parabole, dans le monde à venir, les délices seront purement intellectuels et spirituels, mais si on vous laissait entrer avec vos fautes, vous souffrirez le martyr dans le monde futur.

Ça veut dire que si on ne se prépare pas au monde futur avec une « dentition spirituelle » en bon état et un « estomac spirituel » sain, on devra passer par le Guéhinam (l’enfer) avant de pouvoir revenir au monde futur…

Mais tout ça c’est logique. On sait bien que tout se paie, il faut bien rectifier un moment donné. La vie ce n’est pas le dessin animé “Bisounours”. Le Guéhinam, c’est un million de fois plus grave et dur que ce que nous pouvons exprimer par des mots dans nos textes. Son objectif est d’éliminer les souillures de nos fautes qui sont profondément infiltrées en nous comme des abcès.

Pour ça il faut opérer, les chirurgiens d’en haut n’ont aucun anesthésiant mais à la fin de la terrible expérience, ça vaut le coup : on se débarrasse de ses tâches profondes et on est délivré.

On doit craindre la faute bien plus que l’effondrement de la bourse, de la famine on de nos jours on dirait “bien plus qu’à une panne d’Internet” ! Alors qu’il était poursuivi par ses ennemis, le roi David a dit qu’il avait surtout peur de ses fautes. Il avait une conscience permanente en prévision du monde futur, s’asseoir parmi les personnes vertueuses de ce monde, Avraham, Its’hak, Yaakov… ça surpasse toutes les formes de bonheur de ce monde terrestre.

Voilà pourquoi Yom Kippour est le jour le plus heureux de l’année. C’est la meilleure occasion pour vous défaire de vos fautes. C’est ce que Rabbi ‘Akiva a dit : « אַשְׁרֵיכֶם יִשְׂרָאֵל, לִפְנֵי מִי אַתֶּם מִטַּהֲרִין וּמִי מְטַהֵר אֶתְכֶם, אֲבִיכֶם שֶׁבַּשָּׁמַיִם » (Sois heureux, Peuple d’Israël, devant qui tu va te faire inspecter et nettoyer ? Ton Père dans le Ciel ! » (Traité Yoma 85b). Et il n’y a personne de meilleur que L’expert en blanchiment de l’âme.

Mais pour y arriver, Rav Avigdor Miller nous rappelle l’étape primordiale: coopérer avec D.ieu.

Car quand un dermatologue veut vous nettoyer, ne détournez pas le visage. Faites-lui confiance. Il faut croire à la promesse que Yom Kippour élimine les fautes. Pour que “nettoyage” prenne, ne vous contentez pas de vous asseoir à la synagogue, chanter quelques piyoutim en pensant à ce qui vous attend dans le frigo.

Réfléchissez à la signification de Kippour pour votre âme, à quel point c’est un cadeau ; et plus on prend conscience, – mesure pour mesure – Yom Kippour agira… Chaque seconde est précieuse. Se dire que “si Kippour durait un mois, ça serait extraordinaire pour notre âme !” Bon, on aurait très très faim c’est vrai, mais quel nettoyage !

Réfléchissez bien pendant les Seli’hot, à l’année écoulée, en détaillant tout, à toutes les fois où on a pas récité le Chéma’ Israël avec concentration, quand on a dépassé l’heure limite pour le réciter, à toutes ces bénédictions du matin qu’on a récitées machinalement sans prendre conscience des bienfaits que D.ieu nous donne au réveil.

Au ‘Hamets qu’on aurait mangé à Pessa’h que D.ieu nous préserve, à toutes les fautes entre nous et notre prochain, à toutes les fois où on a raté la bénédiction de la lune qui se récite une fois par mois, à toutes ces coutumes qu’on a piétiné… à nos paroles négatives, aux gens qu’on aurait flatté par intérêt, aux mauvais conseils qu’on aurait donné intentionnellement… on doit tout énumérer à voix haute.

Si on y croit fermement, on peut expier tous ces moments de stupidité. Rester passif à Kippour, c’est vivre des moments difficiles dans le futur.

Chabbath Chalom à vous tous et bonne préparation au saint jour de Yom Kippour
B. Benhamou (d’après Rav A. Miller)

Note 1 – pour écouter cet enseignement en entier et en vidéo, cliquez-ici : https://www.torah-box.com/kitsour/yom-kippour-ne-nettoie-pas-ceux-qui-attendent-la-fin-du-jeune-kitsour_45525.html

Note 2 – pour tout savoir sur Yom Kippour : https://www.torah-box.com/vie-juive/fetes/yom-kippour/

 

De Rosh Hashana à Yom Kippour: 10 jours « redoutables «  

Un rapide coup d’œil sur ce qui est vraiment indispensable pendant ces dix jours-là :

1-Ne pas omettre en priant la âmida ou shemoné êssré d’insérer les ajouts écrits pour la période des dix jours de pénitence. Dans ces passages, l’on rappelle humblement que D est notre Juge, qu’Il est notre Roi.

2-Avinou Malkenou longue prière dans laquelle nous affirmons que D est notre Père notre Roi, et où sont formulées diverses demandes pour le salut du Peuple tout entier.

3-S’efforcer d’opérer en nous-mêmes de véritables changements et d’ajouter l’observation d’un commandement au moins et être plus scrupuleux dans la casherout par exemple, allumer des bougies pour shabbat, faire netilath yadayim avant de consommer du pain, faire le kidoush le shabbat etc… parmi les 613 commandements il y en a certainement un encore à ajouter à notre palmarès !

4-En faisant teshouva, ne pas oublier surtout d’essayer d’éradiquer immédiatement ce que nous savons ne pas être « comme il le faut » !

5-En partant du principe que le Créateur pardonne à toutes Ses créatures immédiatement, ne pas hésiter et opérer un retour sur soi-même le plus tôt possible.

6- Faire un examen de conscience et demander pardon à son prochain et faire acte d’humilité si besoin est.

7- Faire la tsedaka. Tsedaka n’est pas une aumône ni la charité. Tsedaka de la racine du mot tsedek justice signifie que dans la mesure du possible il faut aider à réparer les injustices sociales existant en agissant par cercles concentriques.

8-Prier sincèrement. Parler à D. Remercier pour ce que nous avons et ce que nous n’avons pas car tout aurait pu être différent. Il y a toujours plus bas que soi. Et penser que 50 portes sont fermées devant nous mais que nous pouvons arriver à les ouvrir une à une, soit par nos prières, par notre repentir, par nos larmes et que nos prières, jointes à nos actes peuvent percer ces portes et arriver devant le Trône Céleste et c’est aussi pour cela qu’il est important de prier au moment de la sonnerie du shofar pour que ces sons stridents accompagnent nos suppliques jusque devant D.

9- Avant Yom Kippour, ne pas oublier de faire les kapparoth : volailles ou poissons tels que les carpes mais aussi de l’argent (voir ci-dessous comment procéder) qui rachètera nos fautes.

10- SHABBAT SHOUVA: le shabbat qui précède Yom Kippour. Il s’appelle SHOUVA à cause de la haftara tirée de la prophétie d’ Osée qui commence par appeler le peuple d’Israël à revenir (faire teshouva) vers D.

JForum avec Caroline Elisheva Rebouh

 

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