[Chronique] Antisémitisme de gauche: le retour

Un sondage réalisé par l’IFOP pour l’Union des étudiants juifs de France, publié le 28 septembre dernier, a jeté une certaine consternation dans la presse et l’opinion. L’antisémitisme à l’égard des étudiants juifs serait de nouveau présent dans l’université sous la forme de préjugés, de blagues de mauvais goût mais aussi d’injures (pour 45 % des étudiants interrogés), d’agressions physiques ou verbales relatives à Israël (43 %), d’agressions physiques antisémites (7 %). On aurait pu penser qu’après l’effroi causé par la politique d’extermination menée par le national-socialisme, nos sociétés auraient été définitivement purgées de l’antisémitisme. Hélas, non.

Une surprise pour nos journalistes : 83 % des étudiants juifs interrogés déclarent craindre les violences d’extrême gauche, contre 63 % celles d’extrême droite.

Rappelons que l’antisémitisme, au XIXe siècle, a d’abord été de gauche. Louis-Philippe était très favorable à la communauté juive, tout comme Napoléon III. En revanche, Marx écrivait, en 1844, dans La Question juive : « L’argent est le dieu jaloux d’Israël, devant qui nul autre dieu ne doit subsister. » Fourier comme Proudhon ont laissé de nombreux écrits antisémites. Les socialistes du XIXe siècle assimilaient aisément capitalisme, finance et usure à la communauté juive. De surcroît, leur hostilité viscérale au christianisme les amenait à confondre, dans leur haine, juifs et chrétiens. Ainsi, le disciple de Blanqui, Gustave Tridon, n’hésitait pas à écrire : « Jésus est un juif, un Sémite ; les Sémites sont une race inférieure, un ensemble de peuples superstitieux qui ont imaginé des religions barbares, sanguinaires, oppressives » (Du Molochisme juif, 1884). La gauche n’a jamais été étrangère à l’antisémitisme. Faut-il rappeler que les collaborationnistes Déat et Doriot venaient l’un de la SFIO et l’autre du PCF.

Les leçons de morale de la gauche révolutionnaire sont donc, une fois encore, insupportables et indécentes, non seulement au regard de l’Histoire, mais encore au regard de la situation contemporaine. Force est de constater qu’ont surgi de nouvelles formes d’antisémitisme. Un antisémitisme islamiste sanguinaire qui a frappé la communauté juive. Ainsi peut-on rappeler le calvaire d’Ilam Halimi, torturé à mort, l’immonde tuerie de l’école Ozar-Hotarah de Toulouse, le massacre de l’Hyper Cacher de Vincennes ou encore les meurtres de Roger Tarall ou de Sarah Halimi. Un antisémitisme politique qui surfe sur l’antisionisme, que traduisent bien les insultes proférées contre Alain Finkelkraut, le 16 février 2019 : « Sale sioniste de merde. Tu vas mourir, tu vas aller en enfer. Le créateur va te punir. La France, elle est à nous. » Le pire est que l’extrême gauche, qui voit dans les musulmans une force révolutionnaire de substitution, instrumentalise le conflit israélo-palestinien en espérant enclencher une dynamique révolutionnaire et récupérer, au passage, un réservoir de voix. Ce que l’on nomme l’islamo-gauchisme, si bien porté chez LFI, renoue avec le vieil antisémitisme d’une certaine gauche. Une concurrence mémorielle absurde entretenue par certains mouvements indigénistes entre l’esclavage et l’extermination des Juifs. Une banalisation de la Shoah par certains mouvements ou idéologues antispécistes qui n’hésitent pas à comparer l’abattage des animaux à l’Holocauste (Singer, Gary Yourofsky…) !

Que faire pour lutter contre ces nouvelles formes d’antisémitisme ? Sortir du déni. Pour combattre un danger, il faut oser le nommer. Le nouvel antisémitisme est d’abord le fait d’islamistes installés dans nos sociétés et d’idéologues dévoyés. Et il est impossible de ne pas faire le lien entre cette résurgence et une immigration incontrôlée parmi laquelle prospèrent des islamistes que l’extrême gauche tente de manipuler.

Rappeler, enfin, que l’on ne discute pas avec le diable mais qu’on le combat. Tandis que les démocraties recherchaient des compromis avec le « chancelier Hitler » et Joseph Staline, le pape Pie XI publiait deux encycliques, l’une condamnant le nazisme, l’autre le communisme (mars 1937). Trop souvent, les politiciens préfèrent un mensonge qui rassure à une vérité qui dérange. Or, comme le disait saint Jean, seule la Vérité rend libre.

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Stéphane Buffetaut Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen   

 

 

 

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