Bernard-Henri Lévy est l’objet de nombreuses railleries. Dans son dernier livre, De la guerre en philosophie, l’écrivain cite Jean-Baptiste Botul, un philosophe complètement imaginaire.

Le philosophe Jean-Baptiste Botul est au faîte de sa gloire. Il est en effet cité dans De la guerre en philosophie, le dernier opus du plus médiatique de ses confrères, Bernard-Henri Lévy. La reconnaissance par ce pair est inédite pour le penseur, qui avait déjà connu les honneurs de quelques journaux. Car Jean-Baptiste Botul (1896-1947) n’est pas un philosophe comme les autres. De tradition orale, il n’a laissé aucun écrit; on lui prête de multiple relations, comme Marthe Richard ou Lou Andreas-Salomé, unique amour de Nietzsche; mais surtout le philosophe est pure fiction.

Ce dernier point agite le landerneau. Bernard-Henri Lévy est tombé dans le piège. Il cite dans son ouvrage un extrait de La vie sexuelle d’Emmanuel Kant, conférence imaginée par Les amis de JBB, association d’inspiration oulipienne, qui recrée depuis 1995 l’œuvre orale du penseur imaginaire. Ecrit par Frédéric Pagès, journaliste du Canard enchaîné, auteur notamment dans le journal satirique de la rubrique Le journal de Carla, l’opuscule s’intéresse au philosophe allemand, puceau notoire. Au milieu d’une diatribe contre le philosophe allemand, BHL rend hommage à Botul, qui démontre « au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans sa série de conférences aux néokantiens du Paraguay, que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence ».
« Lu un peu vite »

Beau joueur, Bernard-Henri Lévy a reconnu sa faute. « Salut l’artiste. Chapeau pour ce Kant inventé mais plus vrai que nature et dont le portrait, qu’il soit donc signé Botul, Pagès ou Tartempion, me semble toujours aussi raccord avec mon idée d’un Kant (ou, en la circonstance, d’un Althusser) tourmenté par des démons moins conceptuels qu’il y paraît », a-t-il réagi dans un texte publié sur internet . « Le canular étant, comme vous savez, une tradition normalienne j’avoue même éprouver un certain plaisir à m’être laissé piéger, à mon tour, par une mystification aussi bien ficelée », ajoute-t-il.

Frédéric Pagès, qui a aussi écrit, sous le nom de Botul, Landru, précurseur du féminisme, a lui réagi d’un petit rire moqueur. Sur Europe1, il a souligné qu’un simple clic sur internet permettait de lever le canular. « A mon avis, il l’a lu un petit peu vite. Il n’a pas compris toutes les nuances et les subtilités de ce livre », ironise le journaliste, agrégé en philosophie. A Libération, il a précisé: « Il n’a jamais été établi explicitement que Botul n’ait pas existé et il n’est donc pas à exclure qu’un jour, l’histoire rende raison à Bernard-Henri Lévy. » Médiatiquement, Botul n’a jamais autant existé.

http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Actualite/BHL-tombe-dans-le-panneau-171224/

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