Yémen-Irak : Al Qaïda profite de l’impasse des guerres par procuration menées par les USA et l’Arabie Saoudite. Vidéo

Jeudi et vendredi 16-17 avril, deux branches d’al Qaïda ont remporté des victoires dans deux conflits violents, catapultant deux zones cruciales du Moyen-Orient vers des dangers plus graves que jamais auparavant. Au Yémen, Al Qaïda de la Péninsule Arabique (AQPA, commanditaires des frères Kouachi) et en Irak, l’Etat Islamique (inspirateur d’Amedy Coulibaly), ont lancé de nouvelles offensives, à 3.050 kms de distance l’un de l’autre.

Les sources militaires de Debkafile rapportent que ces deux branches du mouvement terroriste islamiste ont profité de l’absence de troupes adverse professionnelles sur le terrain –les Américains et les Saoudiens – pour réaliser des percées sur ces deux théâtres de guerre. Washington et Riyad, l’un comme l’autre, ont décidé de faire confiance à des forces locales pour porter le combat – des milices chiites appuyées par l’Iran, aux côtés des troupes irakiennes contre l’Etat Islamique, en Irak, et l’armée yéménite contre les rebelles houtis, soutenus par l’Iran, au Yémen.

Cela a offert un libre passage à Al Qaïda pour continuer ses avancées, particulièrement lorsqu’il bénéficie, de surcroît, des contradictions de l’attitude de l’Administration Obama envers son ennemi, Téhéran : d’une part, l’Iran s’est vu offrir le rôle de leader dans la région, dans le but de sanctuariser un accord nucléaire ; de l’autre, il est confronté à l’opposition américaine à son soutien aux forces rebelles au Yémen.

Le conflit au Yémen n’est plus, à proprement parler, une stricte guerre confessionnelle par procuration, entre les Sunnites dirigés par l’Arabie Saoudite et l’Iran chi’ite (qui se prolonge aussi jusqu’en Irak et en Syrie) et c’est une des conséquences de ce qui s’est produit le jeudi 16 avril. AQPA s’est lancé dans une vaste offensive dans la région d’Hadhramaut, dans le sud du Yémen, sur les rives du Golfe d’Aden et a conquis un important port maritime à Mukalla, ainsi que les villes côtières de Shibam et Ash-Shirh. Le groupe a aussi dévasté la base aérienne de Ryan au Yémen, en l’absence de réelle résistance de la part de la 27 ème brigade et de la 190 ème brigade de défense aérienne de l’armée yéménite –toutes deux fidèles au Président Mansour Hadi en fuite.

Cette offensive victorieuse d’AQPA est instructive pour 4 raisons :

  1. Pour la première fois en deux décennies, Al Qaïda en Arabie opère sur des lignes militaires professionnelles. Son balayage de tout le territoire côtier du sud du Yémen a montré que les Islamistes sont pelinement armés de systèmes anti-aériens et d’uatres moyens de défense.
  2. Les réseaux clandestins d’AQPA possèdent une large flotte de vaisseaux qui collabvorent avec les pirates somaliens. Cette flotte est, maintenant, préparée à prendre le contrôle de l’archipel stratégique de Socotra, composé de 4 îles face à Hadhramaut et à seulement 80 kms de la Corne de l’Afrique. Socotra se situe dans ce goulot d’étranglement pour la navigation, qui va de la Mer d’Arabie et du Golfe Persique vers le Golfe d’Aden et le Canal de Suez. 

Sur l’une des îles de Socotra, les Etats-Unis disposent d’une base aérienne et y ont déployé des forces spéciales en 2011, en préparation d’une éventuelle attaque contre les installations nucléaires iraniennes. AQPA n’a pas assez de forces pour s’emparer de cette île, mais est capable d’en tenir le siège et de faire barrage aux déplacements maritimes et terrestres.

 

  1. La branche arabique d’Al Qaïda, pour la première fois, a pris le contrôle d’une large bande de territoire au Yémen, un exploit presque analogue à l’avancée de sa branche dissidente (Etat Islamique) en Irak, depuis juin dernier.
  2. Hadramauth est délimité, au nord et à l’est par le Rub’ al Khali saoudien ou le Quartier Vide, qui est la deuxième plus vaste région désertique du monde. AQPA s’est, par conséquent, rapproché du royaume pétrolier en accédant à son arrière-cour la plus désolée.

Nos sources militaires remarquent que les forces aériennes saoudiennes et émiraties ont réussi à contrôler l’espace aérien du Yémen depuis le 26 mars, soutenues en cela par l’assistance des renseignements américains. Aussi pourrait-on s’attendre à ce qu’elles bombardent les unités d’AQPA et paralysent leur avance à Hadhramaut.

Mais, elles se sont abstenues de le faire pour une raison bien simple : aussi bien Riyad que son allié du Golfe ne veulent pas jeter leurs propres forces terrestres dans la guerre contre les rebelles chiites houtis. Toujours en mode par procuration, elles s’attendent à ce que les Jihadistes arabes d’Al Qaïda leur évite la peine d’envoyer leurs troupes au sol pour vaincre les rebelles chi’ites.

C’est le même principe qui guide l’action de Washington en Irak –quoiqu’en se serant d’acteurs différents. Là, les Américains se reposent, de plus en plus, sur les milices chiites irakiennes pro-iraniennes sous le commandement d’officiers des Gardiens de la Révolution, plutôt sur l’armée irakienne elle-même, pour nettoyer le terrain sur les zones de conquêtes de l’Etat Islamique.

Deux semaines après les publications des médias occidentaux qui claironnaient les succès de ces milices dans la libération de la ville irakienne de Tikrit, contre ses conquérants de l’Etat Islamique, il s’avère que les combats se poursuivent et que les Jihadistes gardent toujours le contrôle de certains quartiers de la ville. 

Le Premier Ministre irakien Haidar al-Abadi, alors qu’il était en visite à Washington, cette semaine, a dit aux reporters qu’après la « victoire » de Tikrit, son armée serait sur le point de lancer une offensive pour reprendre la province occidentale d’Anbar jusqu’à la frontière syrienne des griffes de Daesh.

La situation sur le terrain est beaucoup moins prometteuse. Alors qu’Abadi et le Président Barack Obama discutaient de futurs plans de guerre pour débarrasser l’Irak des islamistes, l’EI a lancé de nouvelles offensives vers ses prochains objectifs : Ramadi, une ville d’un demi—million d’habitants, à 130 kms à l’ouest de Bagdad, et la ville de raffinerie du pétrole de Baiji. Les Jihadistes se déplacent déjà dans les faubourgs de Ramadi, dès le début du retrait précipité de leurs défenseurs de l’armée irakienne. Rapidement, le Hezbollah irakien a commencé à les remplacer.

Une vidéo du 12 avril montrer des unités d’artillerie de la brigade du Hezbollah en train de lancer des roquettes contre les forces de l’Etat Islamique dans le quartier de Sijariyah, à l’est de la ville.

On ne sait pas précisément combien de combattants de la brigade du Hezbollah sont déployés à Ramadi. Plus de 3.000 combattants chiites d’un supposé Comité de Mobilisation Populaire, ou Hashid Shaabi, sont déployés dans la ville, selon RFE/RL. Fondé par l’ancien Premier Ministre Nouri al Maliki, au moment de l’effondrement de l’armée irakienne, ce comité est dirigé par Abu Mahdi al Muhandis, spécialement désigné comme Terroriste Global, par le Département d’Etat américain. Son véritable nom est Jamal Jaafar Mohammed, décrit comme “conseiller de Qassem Soleimani”. Ayant tué de nombreux Américains et membres de la coalition en Irak, cela ne dissuade absolument pas l’armée américaine commandée par Obama de fournir une couverture aérienne à cette milice, qui a commis de nombreux crimes contre l’humanité, notamment à Amerli, selon HRW.

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Prises d’un drone de Daesh

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 Ecrans de contrôle des centres command & control de l’Etat Islamique.

Des vidéos décrivent l’usage de drones, lors de la prise de la raffinerie, qui ont permis à l’Etat Islamique de recueillir des renseignements utilisables par ses commandants, en vue d’objectifs de commandement et de contrôle, aussi bien que d’actions de repérage pour connaître les positions des pièces d’artillerie. D’autres séquences montrent plusieurs chefs de l’Etat Islamique diriger le combat contre la raffinerie à partir « d’une salle de contrôle des opérations ».

On ne sait pas précisément de quels types de drones il pouvait s’agir. Ce n’est pas la première fois. En août dernier, des scènes similaires s’étaient déroulées, lors de la prise de la base de la 93ème brigade de l’armée syrienne, dans la province de Raqqa, permettant la prise de son quartier-général. C’était aussi le cas, dans des batailles près de Fallujah et Zawbaa, dans la province irakienne de l’Anbar, selon un analyste militaire, Alex Mello. Récemment, les Jihadistes se sont emparés de deux bases de l’armée irakienne à Thar-Thar, dans cette même province d’Anbar, dont dit vouloir s’emparer al-Abadi.

 

DEBKAfile Analyse Exclusive 17 avril 2015, 7:48 PM (IDT)

longwarjournal.org

Adaptation : Marc Brzustowski

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