PARASHAT EKEV  5783

Après nous être affligés à propos de la destruction des Temples le 9 av, et d’avoir pris conscience du fait que nous devons nous aimer les uns les autres, nous allons éprouver, à la lecture de cette sidra, un sentiment d’allègement, une  impression de bonheur, et même de bien-être, mais encore, de sûreté, d’avoir confiance en soi et en son propre destin.  

Devons-nous bénir D. ? La Torah nous affirme tout au long du texte sacré que nous serons bénis par D. La question se pose: nous appartient-il de bénir D. ? 

Analysons ce mot: bénir en français : il vient de deux mots latins bene qui signifie bien et de  dicere : dire. Bénir signifie donc dire du bien comme à l’inverse, maudire signifie mal dire. Ceci étant une explication du mot en français. 

La loi qui nous permet de « gérer » les mitsvoth que nous a données HaShem est halakha du verbe lalékhet « marcher ».

Pour marcher et savoir nous conduire dans la vie la loi, ou halakha est indispensable et, pour marcher correctement, il nous faut des genoux en parfait état.

Doit- on  bénir D. ou bénir la nourriture? Le vocable « bénir » convient-il ou doit-on plutôt évoquer une louange ?  Comment dit-on bénédiction en hébreu?   Bénédiction en hébreu se dit ברכה  (berakha) et dans ce mot on en distingue un autre : ברך, bérekh : genou. Toutes les lois qui donnent une direction à nos actes s’appellent ‘halakhot : הלכות  dont la racine est le verbe aller ou lalékhet ללכת. Or qu’est ce qui nous permet d’articuler nos jambes pour marcher sinon le genou, c’est-à-dire en d’autres termes que la berakha, que nous faisons nous mène sur la voie de la loi, de la ‘halakha.  Et la ‘halakha nous permet de mener notre vie selon un chemin signalisé par les ‘halakhot.

Notre parasha nous parle beaucoup de pain, de nourriture, de bénédictions, et aussi du pays. De ce magnifique pays que D. nous donne en héritage (chapitre VIII verset 7) pour y vivre avec bonheur et satiété (verset 8), comme il est inscrit dans le verset : nous y fructifierons et en tirerons richesses et puissance à condition que…. Nous observions les commandements que D. nous a donnés de ce qui nous apparaît être les commandements les plus simples ou de ceux qui sont ou qui semblent être les plus compliqués. Mais qui sommes-nous pour décider quelle parole de D. est simple et laquelle ne l’est pas ?

Les sages nous inculquent une règle inébranlable: nous ne devons pas chercher d’explication aux commandements: D. nous les a adressés et nous devons les accepter en tant que tels sans aucune condition et sans chercher à savoir si tel commandement est plus important qu’un autre, car ce qui doit être notre « moto » (raisonnement principal) c’est que, tout simplement, en tant qu’être humain créé par D. nous nous devons dans un acte d’amour véritable et entièrement gratuit observer les commandements qu’Il nous a donnés uniquement parce que nous voulons Lui prouver que nous L’aimons, que nous sommes attachés à Sa Torah et que par crainte de Le fâcher, et par acte d’obéissance, nous observons ces commandements. Ainsi, D. nous gratifiera de tous Ses bienfaits et de toutes Ses bénédictions. 

Moïse rappelle au peuple que D. les a fait sortir d’Egypte et qu’Il a opéré des prodiges contre l’Egypte et l’Égyptien et que la promesse de l’Éternel aux Patriarches et  l’Alliance scellée dans nos chairs sont les garants de cette  bénédiction donnée. Quand cela est-il arrivé ? La libération de l’esclavage  s’est produire dès que nous, dont le niveau spirituel était tombé très bas au point d’imiter les Égyptiens dans leurs habitudes idolâtres, nous avons accepté et exécuté immédiatement le sacrifice de l’agneau en prouvant par cet acte que nous nous désolidarisions des idolâtres pour nous consacrer désormais uniquement à l’Eternel. Immédiatement après cet acte d’adhésion, la libération et le sauvetage ont eu lieu. 

 Dès le début du chapitre VIII Moïse rappelle au Peuple que D. même dans le désert a fourni à Son peuple du pain céleste: la   manne, pain « spirituel » qui donnait de la sagesse à ceux qui en mangeaient. Ce pain ne nécessitait pas le travail de la terre tandis qu’en entrant dans le pays, le peuple devrait cultiver cette terre qui fournira le pain. 

Le nom de cette parasha vient du mot êkev talon עקב  que veut dire le texte ? Souvent l’on va traduire par « si » c’est-à-dire : si vous observez les commandements etc………… Ici, je proposerai d’inverser les lettres de עקב et de les placer différemment comme le mot קבע  « fixe » c’est-à-dire « fixe » pour toi  ces commandements pour en faire quelque chose de définitif et de ne plus se diriger autrement dans la vie qu’à travers les commandements divins.

Le pain, la bénédiction et le pays sont les thèmes centraux de cette parasha bien que l’on y évoque aussi les tefiline et la mezouza.

Le pain est la base de l’alimentation encore que D. ait dit que « l’homme ne vivra pas seulement de pain mais de tout ce que l’Éternel a créé pour la consommation »…. Pourtant, à chaque fois qu’il est question de subsistance, il est question de « mihya »,  qui est d’ailleurs un mot qui vient du mot hayim: vie. 

L’alliance avec les 3 patriarches apparaît ici en « filigrane » en effet, dans le verset 10 du chapitre 8 il est écrit : « tu mangeras, tu seras rassasié et tu remercieras (béniras) l’Éternel ton D. » trois actions qui rappellent les trois patriarches. En fait pour arriver à manger il faut procéder à trois tâches essentielles dont la première est de semer le blé, puis de le cueillir et d’en pétrir la farine-pâte. Peine et dur labeur  inclus dans le verset יגיע כפיך כי תאוכל     ….  Tu jouis du travail de tes mains  (psaumes 128,2) ou dans la genèse chapitre 3 versets 17 à 19 : tu mangeras ton pain à la sueur de ton front.

Les allusions  avec Avraham avinou sont encore  présents dans  le Birkat Hamazone où nous bénissons D. en disant à la fin du 1er paragraphe : « ‘hazan et ‘hakol » car, lorsque les visiteurs entraient dans la tente d’Avraham et qu’ils se désaltéraient et se rassasiaient des mets succulents que confectionnait Sara, ils désiraient bénir Avraham qui demandait plutôt qu’ils adressent leurs louanges à D. puisque c’est du Créateur qu’il obtenait ce dont il disposait. Et, rien ne nous appartient ici-bas car tout appartient au maître du Monde. 

C’est un peu cette idée que le Sefat Emet reprend lorsqu’il écrit qu’il faut, en mangeant, déceler la présence divine dans tout ce que l’on consomme tant dans la nourriture terrestre que dans la nourriture spirituelle et sacrée à travers l’étude de la Torah. Lorsque le verset enseigne que : לא על הלחם לבדו יחיה האדם  c’est-à-dire que la nourriture de l’homme ne reposera pas que sur le pain  cela signifie que nous devons aussi nourrir notre esprit autant que notre corps mais aussi  que le Saint béni soit-Il a créé d’autres choses encore que nous devons utiliser pour nous en nourrir. Quant à la louange, puisqu’il est certain que RIEN ne nous appartient ici- bas car D. est le Maître du Monde, tout se passe comme si on remerciait en quelque sorte notre illustre hôte de nous avoir reçus et permis de nous restaurer avec abondance comme il est écrit dans le Birkat Hamazone : ואכלת ושבעת והותרת וברכת      c’est-à-dire : tu mangeras, tu te rassasieras, tu en laisseras et tu remercieras (béniras). Car la bénédiction donne une notion d’abondance…. Une raison supplémentaire de bénir est que sans l’intervention divine en tout et pour tout, la terre ne pourrait être féconde et fructifier.

La Terre. Le Pays. En l’espace de trois versets le mot eretz est écrit 7 fois allusion aux 7 fruits par lesquels le pays s’est distingué ainsi qu’il est écrit : 

כי ה’ אלוקיך מביאך אל ארץ טובה : ארץ נחלי מים עינות ותהומות יצאים בבקעה ובהר, ארץ חיטה ושעורה וגפן ותאנה ורימון ארץ זית שמן ודבש, ארץ אשר לא במסכנות תאכל בה לחם לא תחסר כל בה ארץ אשר אבניה ברזל ומהרריה תחצוב נחושת. ואכלת ושבעת-וברכת את ה’ אלוקיך על הארץ    הטובה אשר נתן לך       

A la lecture de ces versets se pose une question : pourquoi les « fruits de la terre » qui sont les 7 fruits par lesquels le pays a été gâté apparaissent-ils dans cet ordre ? De cet ordre-là, en effet, on déduira dans quel ordre on devra faire notre berakha on commencera par les produits fabriqués à partir des 5 céréales (blé, orge, seigle, épeautre et l’avoine) puis, si sur une table se trouvent les fruits d’eretz Israël, on fera d’abord la bénédiction sur le vin/jus de raisins/raisin, puis sur les figues, les grenades, les olives et les dattes. Datte étant désignée sous l’appellation générique de miel, car à l’époque biblique, les abeilles n’existaient pas dans le pays et le miel était celui des dattes (silan) ou des figues.  

La raison de cette répétition réside dans le contraste entre toute cette période de 40 ans où le peuple fut contraint de vivre dans un désert aride et brûlant avec des serpents et des scorpions alors, que un pays dont la qualité essentielle est son sol avec plusieurs dimensions : sur la terre avec les fleuves, les rivières et les sources ; son sol lui-même avec les céréales et les fruits et, le sous-sol avec tous les gisements qu’il renferme de cuivre, de fer et aujourd’hui de gaz naturel ! 

Caroline Elisheva REBOUH  

EKeV: Isaïe évoque la rédemption (vidéo)

Dans cette haftara, la deuxième des sept lectures prophétiques de consolation qui suivent le 9 Av, le prophète Isaïe évoque des idées qui ont été mentionnées plus haut dans sa prophétie: C’est la rédemption d’une « heure de faveur ». La rédemption qui précède la repentance, comme dans les paroles du prophète: « J’efface vos péchés comme un nuage, vos transgressions comme la brume – revenez à Moi, car je te rachète.»(Isaïe 44:22).

A côté de ces idées, nous remarquons de grands efforts de persuasion venant du prophète de la consolation, Isaïe se tourne vers les exilés et annonce la venue de la Rédemption qui mettra fin à leur exil et à leur servitude et leur permettra de retourner au pays et de refaire leur vie en Israël.

Le prophète a choisi de s’exprimer à travers la métaphore la plus foncière qui existe entre un homme et une femme, celle de l’amour et de la réciprocité.

Néanmoins il est encore possible, bien que très exceptionnel, que cette alliance soit endommagée, une mère oublierait-elle le fruit de son ventre? Certes non, Dieu ne peut oublier son peuple, ils auraient pu l’abandonner, mais jamais, ô grand jamais, l’oublier.

JForum avec Rony Akrich  www.coolamnews.com

 

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