La justice ouvre une enquête à la suite de la disparition de munitions. Aucun scénario n’est exclu.

S’il ne s’agissait pas de munitions, l’histoire pourrait presque faire sourire. Lors d’un contrôle effectué la semaine dernière à Aarau, les responsables d’une école d’infanterie ont découvert qu’il manquait «probablement» plusieurs kilos d’explosifs dans les caisses. Dans un communiqué laconique diffusé lundi, l’armée parle d’une perte «supposée». Pourquoi tant de retenue? «Pour l’heure, on ne peut rien exclure, répond prudemment son porte-parole, Daniel Reist. Il peut s’agir d’une perte ou d’un vol, mais aussi d’une simple erreur de comptabilité.»

Cas rarissime

Tous les scénarios sont donc envisagés, et l’armée reste discrète sur plusieurs aspects de l’affaire. Aucun détail n’est donné sur la période durant laquelle la disparition a eu lieu. Pas un mot non plus des quantités exactes d’explosifs qui se sont envolées dans la nature. «Nous sommes tout au départ de l’enquête», se justifie Daniel Reist. Mais le porte-parole de l’armée confirme qu’il s’agit d’un cas rarissime. A la question de la potentielle utilisation de ces armes à des fins terroristes, il lâche que ces explosifs peuvent être utilisés à «toutes les fins possibles».

Cette disparation est prise au sérieux par la justice militaire qui a décidé d’ouvrir «immédiatement» une enquête. Les investigations sont menées par la police militaire, mais le Ministère public de la Confédération pourrait rapidement s’en emparer si les premiers éléments devaient confirmer la piste d’un vol.

«Pas de risque zéro»

Sous la Coupole, l’affaire est diversement appréciée. A droite, les élus relativisent et temporisent. «Que des explosifs disparaissent, c’est inadmissible mais ça peut arriver, réagit Hugues Hiltpold (PLR/GE), membre de la Commission de politique de sécurité. Il faut attendre d’en savoir plus sur les quantités disparues et le contexte de l’affaire avant de pouvoir juger de sa gravité. On pourra ensuite mettre en place une procédure plus efficiente pour que de tels cas ne se reproduisent plus.» Son collègue Raymond Clottu (UDC/NE) insiste sur le fait que le risque zéro n’existe pas. «C’est très rare que des explosifs disparaissent. Je garde toute ma confiance dans l’armée. Comme dans toute grande entreprise, certains employés peuvent faire des erreurs.»

Des discours qui hallucinent la gauche. «Une entreprise ne peut pas perdre ce qui fait son essence, lance Jean Christophe Schwaab (PS/VD). C’est comme si Nestlé perdait un brevet! Ça ne doit pas arriver.» Et le Vaudois de tirer un parallèle avec le Service de renseignement de la Confédération (SRC). «Après le SRC qui perd des données, voici l’armée qui perd des explosifs. Et on veut donner plus de pouvoirs à ces bras cassés?»

«Amateurisme inquiétant»

Les opposants à la révision de la loi sur le renseignement ne vont en effet pas faire la fine bouche face à cette nouvelle affaire. «Alors qu’on nous répète qu’il faut surveiller la population pour augmenter sa sécurité, il faudrait déjà que l’armée sache ce qu’elle fait de ses explosifs, tacle Lisa Mazzone (Verts/GE). Dans le discours ambiant de protection face au terrorisme, cet amateurisme est inquiétant.»

Des arguments totalement hors de propos, rétorque le conseiller aux Etats Jean-René Fournier (PDC/VS). «La loi soumise au peuple le 25 septembre veut donner plus de moyens au Service de renseignement pour anticiper d’éventuelles actions terroristes. Ça n’a rien à voir avec une disparition de munitions qui est uniquement du ressort militaire.» (24 heures)

24Heures

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