Strasbourg : plaintes pour agression antisémite sur le campus de l’université
Trois jeunes Juifs, dont deux étudiants, ont été agressés alors qu’ils collaient des affiches appelant à la libération des otages du Hamas.
« Chaque matin de nouveaux tags sur les murs de l’université »
Le président de l’Université de Strasbourg a condamné vendredi une agression antisémite survenue sur le campus, qui a donné lieu à des dépôts de plaintes. «Je condamne avec la plus grande fermeté l’agression antisémite qui a eu lieu sur le campus universitaire dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 janvier 2024, dont j’ai eu connaissance le jeudi 1er février», écrit le président de l’université, Michel Deneken, dans un communiqué.
« Depuis quelques jours, on constate chaque matin de nouveaux tags sur les murs de l’université, déplore-t-il. Si l’université est par nature le lieu de liberté d’expression, campus ouvert sur la ville et les échanges d’idées, cela implique que cette liberté s’exerce dans le respect des opinions et ne saurait en aucun cas conduire à des intimidations, agressions verbales ou physiques, ou à des dégradations. »
Il explique que «trois jeunes gens juifs, dont deux étudiants, ont été victimes d’une agression physique et verbale aux cris de “fascistes sionistes” par un groupe de six personnes. Les conséquences de leur agression ont été constatées par la médecine de ville et la médecine légale après un dépôt de plainte à la police». Deneken a expliqué à l’AFP s’être entretenu avec une des victimes, un étudiant en droit. «Il a été frappé, jeté à terre, c’est un fait très grave», a déclaré le président de l’université. «C’est une violence qu’on n’a jamais connue ici.»
Vêtus de sombre avec des masques chirurgicaux
Dans un climat tendu, sur fond de guerre Israël-Hamas, des sœurs jumelles, âgées de 23 ans, et un ami, âgé de 25 ans, se sont rendus dimanche soir sur le campus de l’Esplanade à Strasbourg pour recouvrir des tags antisémites récemment tracés sur les murs de bâtiments universitaires. Vers 23 h 30, allée René-Capitant, les trois militants ont sorti leur peinture et des affiches demandant la libération des personnes détenues en otages à Gaza.
« Ceux-ci ont alors été menacés verbalement par une militante antisioniste [… ]. Devant leur refus de céder à ses menaces en arrêtant leur collage, celle-ci est revenue avec un groupe de cinq personnes. Ces derniers se sont mis à frapper les trois étudiants et les mettre au sol aux cris de “fascistes sionistes” », décrit l’UEJF dans un communiqué.
Les six agresseurs – identifiés comme deux femmes et quatre hommes, pour certains vêtus de sombre avec des masques chirurgicaux – ont également arraché les cabas et les affiches des trois membres de l’association juive pour les jeter sur un chantier.
Aucune interpellation n’a pu avoir lieu
Le jeune militant de l’UEJF, étudiant en droit à Strasbourg, a pu se détacher du groupe pour se réfugier dans un commerce encore ouvert d’où il a appelé la police. Quand les forces de l’ordre sont arrivées sur place, les assaillants s’étaient déjà éparpillés. Aucune interpellation n’a pu avoir lieu.
Les trois militants, ainsi que l’Université de Strasbourg ont déposé plainte. L’enquête, confiée à la Sûreté départementale, se poursuit pour tenter d’identifier les auteurs de ces brutalités. Les images des caméras de vidéosurveillance, installées aux entrées du campus, devront notamment être exploitées.
L’UEJF a indiqué saisir son avocat, Sacha Ghozlan, pour se joindre aux plaintes déposées par les victimes. «Cette agression physique antisémite commise en réunion ne peut rester impunie», a déclaré Samuel Lejoyeux, président de l’UEJF dans un communiqué. «Elle doit également servir d’alerte généralisée: la diabolisation d’Israël nourrie par les groupuscules d’extrême gauche dans les universités entraîne la violence antisémite. Il est urgent de cesser de la tolérer.»
Les réactions
Bruno Studer, député de la 3e circonscription du Bas-Rhin
« Concernant l’agression antisémite sur le campus de l’Esplanade, refusons la banalisation de la haine et de la violence. Je condamne avec la plus grande fermeté l’agression antisémite dont ont été victimes mercredi soir deux étudiantes et un étudiant juifs sur le campus de l’Esplanade à Strasbourg alors qu’ils recouvraient des inscriptions intolérables appelant à la haine des Juifs et affichaient des photos des otages du Hamas. Je tiens à assurer de mon profond soutien les trois jeunes victimes de cet acte odieux. Face à l’augmentation des actes antisémites, multipliés par 3 en 2023, j’appelle à la mobilisation de toutes et de tous, au sein des services de l’État comme de la société civile, pour refuser la banalisation de la haine et de la violence. »
L’Amitié judéo-chrétienne de Strasbourg , à laquelle s’associe l’Amitié judéo-chrétienne de Colmar
« L’Amitié judéo-chrétienne de Strasbourg apprend avec consternation et douleur l’agression antisémite qui s’est déroulée sur le campus universitaire de Strasbourg, où des étudiants qui collaient des affiches contre l’antisémitisme et pour les otages du Hamas, ont été menacés, puis jetés à terre et frappés. Nous ne pouvons que constater, avec effroi et angoisse, que la violence antisémite se déploie jusque dans les lieux où la sagesse et l’intelligence devraient éclairer les esprits et être au service de la tolérance et de la compréhension réciproque. Nous rappelons que l’antisémitisme est le symptôme d’une pathologie à l’ oeuvre dans le corps social et qu’il est le signe précurseur d’un dérèglement et d’une libération de la violence généralisée. Nous condamnons avec force et détermination de telles dérives et nous invitons toutes et tous, dans la claire conscience des enjeux et des périls, à exprimer haut et fort leur totale désapprobation. »
JForum.fr avec Le Figaro et www.dna.fr
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