Jérémie Gallon, Georges Pompidou, l’intemporel. Gallimard

Cet ouvrage n’est pas une biographie de type académique, l’auteur y donne libre cours à son amitié profonde punir un dirigeant français des plus atypiques. C’est aussi un livre d’amour à l’égard d’un homme politique parvenu à la magistrature suprême, tout en restant ce qu’il était. Et en sachant bien d’où il venait. Resté fidèle e à ses origines modestes, cet homme a cultivé ce que les hommes politiques rejettent généralement, à savoir leurs idéaux, leurs croyances, leur foi en l’avenir de leur pays et de leurs concitoyens.

Le livre s’ouvre sur un chapitre célébrant l’enracinement de Pompidou dans son modeste terroir. Aucune tentative d’occulter les origines provinciales du héros, si je puis dire. L’homme aime se poser à la terrasse du petit café de son village, un verre de boisson locale posé devant lui. C’est ce chapitre qui donne le ton : une mise vestimentaire sobre, des vêtements qui ne sont pas de la première fraîcheur, les mêmes amis, bref un homme qui a exercé maints métiers dans sa vie, un professeur qui suit les nominations dictées par le ministère, un homme qui a écrit un livre sur la poésie française, un haut fonctionnaire, un banquier et pour finir Premier ministre et président de la Republie Sans oublier qu’il a servi sous les ordres directs du chef de la France libre. Peu d’hommes politiques peuvent se vanter d’un tel parrainage…. Le tout est déroulé par l’auteur avec une bienveillance totale.. C’est ce que l’on va découvrir dans le chapitre suivant, intitulé la calomnie… La vie politique étant ce qu’elle est, nul n’en réchappe sans y laisser des plumes, si l’on peut s’exprimer ainsi.

Les nuages allaient s’accumuler sur la maison Pompidou, notamment sous la forme de terribles accusations calomnieuses. Le présent ouvrage n’apporte rien de nouveau à ce qui demeure une énigme dont quelques adversaires du futur président ont voulu tirer profit afin de lui nuire et l’écarter de la candidature…

Mais il faut bien reconnaître que le style de vie du célèbre couple prêtait le flanc à la critique. Pompidou était très attaché à son épouse qui, en dépit de son mépris pour la vie politique l’a soutenu de toutes ses forces. Et n tel homme ne pouvait pas admettre qu’on s’en prenne à sa chère épouse pour lui nuire… Le général de Gaulle n’approuvait pas les fréquentations de certains milieux jugés dangereux en raison de leurs moteurs et de leurs connivences, de plus, l’épouse d’’un ancien Premier ministre constitue une cible de choix. Il faut reconnaître que quelle que soit l’innocence de Claude Pompidou celle-ci s’était exposée dangereusement. Fréquenter les milieux des acteurs, du show-biz quand on est la femme d’un grand dirigeant politique, n’est jamais sais danger. On dira que cela a marqué le destin du futur président Il ne l’oubliera jamais : certains disent qu’il avait mis bien en évidence une liste de noms de gens qui s’étaient mal conduits envers lui et qu’ils se le rappelait sans cesse.

Une fois élu président de la République, Pompidou va éprouver la loyauté ou déloyauté des uns et des autres. Le bon exemple nous est livré par le cas Chaban-Delmas. Les deux hommes étaient trop différents pour pouvoir s’entendre….

Mais ce livre va bien au-delà d’un simple alignement de dates ou d’événements ayant marqué la vie d’un grand homme. Pour ma part, qui avais vingt ans à la mort de Georges Pompidou, il me rappelle tant de choses. En ce trempas là, je suivais tous les discours du président de la République. Fin lettré, auteur, entre autres, d’une anthologie de la poésie française, cet homme avait un style, et  était capable de citer de tâtes des vers de Paul Éluard, ; ce n’est plus possible depuis longtemps..

Ce livre a redonné vie à tant de personnages de premier plan, ayant sombré depuis belle lurette dans un oublié immérité… Je pense aussi, en lisant ce livre, à tous ces débats d’idées entre gens de droite et gens de gauche et dont plus personne n’a conservé le moindre écho. On pourrait citer le fameux adage latin sur la vanité de la gloire en ce bas monde… Comme lisait l’Ecclésiaste il y a près de deux millénaires, le même sort nous attend tous. Mais ressaisissez nous et f fixons l’avenir droit dans les yeux. Dans une certaine mesure, l’œuvre de ce grand homme lui a largement survécu. Il a lancé les grands chantiers qui font la France d’aujourd’hui. Son passage sur tertre n’a pas été strié le mais bien fécond. Il reste un grand exemple dont on doit s’inspirer.

Maurice-Ruben Hayoun
Philosophe et écrivain, docteur ès lettres, Maurice‑Ruben Hayoun est spécialiste de la philosophie médiévale juive et de la pensée judéo-allemande moderne.

 

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