Pourquoi les gardes du corps de Netanyahu portent des masques
Anonymat pour raisons sécuritaires
Les célébrations du 77e anniversaire de l’indépendance d’Israël ont pris cette année une tournure inhabituelle. Au-delà des conditions météorologiques extrêmes qui ont marqué l’événement, ce sont les mesures prises pour préserver l’anonymat des agents de sécurité et des militaires qui ont attiré l’attention.
Lors des cérémonies officielles, plusieurs gardes du corps du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont été aperçus portant des masques couvrant partiellement leur visage. Ces agents, issus de l’unité spéciale du Shin Bet chargée de la protection des personnalités, n’ont pas agi pour des raisons sanitaires, mais bien pour éviter d’éventuelles identifications pouvant entraîner des conséquences judiciaires hors des frontières israéliennes.
Cette mesure inhabituelle fait suite à une multiplication d’initiatives judiciaires à l’étranger, émanant notamment d’organisations pro-palestiniennes, qui cherchent à faire émettre des mandats d’arrêt contre des responsables israéliens, y compris des membres des forces de sécurité. Dans ce contexte, préserver l’identité des agents devient une précaution stratégique.
Les images diffusées à l’occasion de la cérémonie de remise des médailles d’excellence, présidée par le chef de l’État Isaac Herzog, témoignent également de cette discrétion accrue. Les soldats décorés, au nombre de 120 cette année, ont vu leur exposition médiatique soigneusement encadrée. Aucun gros plan n’a été diffusé, et les organisateurs ont pris soin d’éviter toute identification précise. Les visages sont restés flous ou hors champ, en rupture avec la tradition qui célèbre habituellement ces jeunes hommes et femmes par leur nom et leur image.
Cette prudence s’inscrit dans un climat juridique international de plus en plus tendu pour Israël. Depuis plusieurs mois, des associations engagées pour la cause palestinienne tentent de mobiliser des juridictions étrangères afin d’engager des poursuites contre des responsables israéliens, les accusant de violations du droit international humanitaire. Ces actions ciblent parfois nommément des officiers ou agents dont l’identité peut avoir été rendue publique lors de cérémonies ou dans les médias.
Le précédent de mars dernier, lorsque des informations avaient circulé sur une volonté délibérée de ne pas montrer les visages des soldats participant à une autre cérémonie présidentielle, semble avoir ouvert la voie à une nouvelle politique de discrétion. Les forces de sécurité israéliennes, habituellement visibles dans leur rôle de représentation et de prestige national, adaptent désormais leur comportement à cette réalité juridique.
Dans ce contexte, le port du masque n’a rien d’un simple geste symbolique. Il devient un outil de protection juridique et diplomatique. Pour l’unité de protection du Shin Bet, l’objectif est clair : éviter que l’identité de ses membres ne soit exploitée dans le cadre de procédures menées à l’étranger. Le risque n’est plus seulement physique ; il est aussi judiciaire.
Ainsi, au-delà de la célébration de l’indépendance, cette édition 2025 reflète un tournant dans la manière dont Israël gère l’image publique de ses forces armées et de ses agents. L’anonymat, autrefois réservé aux opérations spéciales, s’invite désormais dans les cérémonies officielles. Une évolution symptomatique d’un environnement international où la guerre de l’image et du droit prend une place croissante.
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