Les conseils d’une neurologue pour éviter l’AVC : “Dans 8 cas sur 10, on peut le prévenir”
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est l’une des principales causes de mortalité chez les personnes de plus de 60 ans. Pourtant, 80 % des cas peuvent être évités selon Caroline Loos, neurologue à l’Hôpital universitaire d’Anvers, qui rappelle comment reconnaître les symptômes à temps et partage ses sept conseils essentiels pour réduire les risques.
Un AVC a pour cause une coupure dans l’approvisionnement en oxygène et en nutriments de notre cerveau par les vaisseaux sanguins. Cela peut être dû à un caillot qui bouche une artère (on parle alors d’un AVC ischémique), mais aussi à la rupture d’un des vaisseaux sanguins, ce qui provoque une hémorragie cérébrale.
“Parmi les AVC, 80 % sont de type ischémique”, précise Caroline Loos. “On peut reconnaître un AVC à une bouche déformée, à un trouble de la parole et/ou une paralysie d’un bras. D’autres symptômes incluent des vertiges, des troubles des mouvements oculaires ou une paralysie des nerfs faciaux. Si ces symptômes durent plus de quinze minutes, il faut immédiatement appeler une ambulance.”
Le temps est crucial. Plus on intervient vite, plus les chances de survie et de récupération sont élevées. “En cas d’AVC causé par un caillot, on perd environ 1,9 million de neurones par minute. C’est énorme.”
60 victimes par jour
“Dans le monde, 15 millions de personnes par an sont victimes d’un AVC”, rappelle la neurologue. “Dans notre pays, cela représente environ 25.000 cas par an, soit 60 Belges par jour. 40 % des victimes décèdent dans l’année. Et parmi les survivants, plus de la moitié gardent des séquelles.”
Celles-ci peuvent inclure une fatigue chronique, une hypersensibilité, un manque d’énergie, des troubles de la mémoire, des changements d’humeur, ou encore divers degrés de spasmes ou de paralysie. “Certains patients nécessitent une canne ou un fauteuil roulant. Certains doivent même être placés en maison de repos, car les soins requis sont trop importants. L’impact sur le confort de vie peut donc être considérable.”
Une maladie liée à l’âge
La professeure précise toutefois que ce sont surtout les personnes âgées qui sont vulnérables. “Cela reste une maladie liée vieillissement, c’est même l’une des causes de mortalité les plus fréquentes chez les plus de 60 ans. Les personnes âgées bougent généralement moins, souffrent d’hypertension et/ou de cholestérol élevé — les deux principaux facteurs de risque. Les troubles du rythme cardiaque, souvent dus à l’usure du cœur, augmentent également considérablement le danger.”
Une bonne nouvelle malgré tout: environ 80 % des AVC peuvent être évités, car ils sont majoritairement liés à notre mode de vie. La neurologue partage donc ses sept conseils clés pour réduire les risques.
1. Faites contrôler votre tension artérielle
“Une tension artérielle élevée est le principal facteur de risque d’AVC. Il est donc essentiel de la faire vérifier régulièrement, car on ne ressent généralement aucun symptôme. Pourtant, selon l’Organisation mondiale de la Santé, une personne sur trois souffre d’hypertension.”
“Une tension élevée est souvent liée à un manque d’activité physique, au tabagisme, au stress, à une consommation excessive d’alcool et au surpoids. Un excès de sel ou la prise d’anti-inflammatoires peuvent également faire grimper la tension.”
2. Arrêtez de fumer
“Les fumeurs ont environ 2,5 fois plus de risques de faire un AVC. Le tabagisme passif augmente également ce risque. Préparez-vous correctement à arrêter: un accompagnement professionnel peut faire la différence.”
3. Faites attention au “mauvais” cholestérol
“Le cholestérol est un élément essentiel à l’organisme pour la production de certaines hormones. Mais il peut aussi devenir un ennemi silencieux. Il existe deux types de cholestérol: le HDL (lipoprotéine de haute densité), dit “bon” cholestérol, et le LDL (lipoprotéine de basse densité), dit “mauvais” cholestérol. Un taux élevé de LDL augmente fortement le risque de maladies cardiovasculaires, comme les AVC.”
La consommation excessive d’alcool concerne 15 % des patients ayant subi un accident vasculaire cérébral
Caroline Loos
“Selon l’‘American Heart Association’, le régime méditerranéen est idéal pour maintenir un taux de LDL bas. Il est riche en légumes, fruits, noix, huiles végétales, céréales complètes et poissons gras. Il est préférable d’éviter les aliments ultra-transformés et la consommation excessive de viande. Si cela ne suffit pas, votre médecin pourra vous prescrire un traitement.”
4. Attention au surpoids
“Près de la moitié des Belges sont en surpoids. Un indice de masse corporelle (IMC) élevé va souvent de pair avec un excès de masse grasse, du diabète, des troubles métaboliques et de l’hypertension. Tous ces facteurs augmentent le risque d’AVC.”
« Essayez de réduire votre poids de 5 à 10 % sur une période de six mois. Appuyez-vous sur les principes de la pyramide alimentaire. L’aide d’un diététicien, combinée à une activité physique régulière, peut également être bénéfique.”
5. Bougez plus
“Essayez de faire au moins 150 minutes d’exercice physique par semaine pour réduire le risque d’AVC. Prenez les escaliers plutôt que l’ascenseur, allez à la boulangerie à vélo ou faites une marche de 15 minutes après chaque repas. ”
“Saviez-vous d’ailleurs que vous pouvez consulter un coach en activité physique sur prescription médicale via votre médecin généraliste ou un spécialiste, à un tarif très avantageux? Ce coach peut vous aider à établir un programme d’activité parfaitement adapté à votre mode de vie.”
6. Modérez votre consommation d’alcool
“Chez 15 % des patients ayant subi un AVC, on constate une consommation excessive d’alcool. Boire moins d’une unité par jour réduit le risque de 20 %. L’Organisation mondiale de la Santé recommande un maximum de deux verres d’alcool par jour pour les hommes, et un seul pour les femmes.”
7. Dormir suffisamment
“Un bon sommeil, entre 7 et 9 heures par nuit, peut également réduire le risque d’AVC. Il améliore en plus la mémoire, la créativité et la productivité. Évitez donc les écrans dans l’heure qui précède le coucher, ainsi que les boissons riches en caféine.”
“Enfin, si vous ronflez, il vaut mieux consulter. Le risque de développer une hypertension est alors de 60 %, ce qui augmente d’autant plus vos chances de faire un AVC.”