Abdelkader Merah, au premier jour de son procès en appel devant la cour d’assises spéciale de Paris, le 25 mars 2019 – Benoit PEYRUCQ, AFP

Paris – « Une communauté d’esprit, de projet et d’action »: l’accusation a requis mardi en appel la réclusion criminelle à perpétuité contre Abdelkader Merah, estimant qu’il était « complice » des sept assassinats perpétrés par son frère Mohamed en mars 2012 à Toulouse et Montauban.

« Le nom de Merah doit être associé à une sanction ferme car ce nom est brandi encore aujourd’hui comme une fierté par des candidats au jihad », a lancé l’avocat général Frédéric Bernardo.

En première instance, le frère du jihadiste toulousain avait été condamné à 20 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste, mais été acquitté du chef de « complicité », la cour ayant estimé que rien ne montrait qu’il « connaissait les objectifs visés et les crimes commis par son frère ».

Lors d’un réquisitoire à deux voix, Rémi Crosson du Cormier et Frédéric Bernardo ont dessiné le « parcours identique » de deux frères, délinquants convertis au « salafisme radical »: l’un, Mohamed, « impulsif, prêt à l’action » et l’autre, Abdelkader, « plus raisonné », qui « se voit en intellectuel » et sera « le mentor » qui armera le bras du tueur.
Les magistrats ont demandé d’assortir la condamnation d’Abdelkader, 36 ans, d’une période de sûreté de 22 ans. Des réquisitions identiques à celles de 2017.

Ils ont par ailleurs réclamé « entre 15 et 20 ans de réclusion criminelle » à l’encontre du deuxième accusé, Fettah Malki, un « délinquant multicartes » de 36 ans, condamné en premier ressort à 14 ans de prison pour avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles et un pistolet-mitrailleur, en ayant connaissance de sa radicalisation.

Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah a assassiné trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban, avant d’être abattu le 22 mars dans son appartement à l’issue d’un siège de 32 heures suivi par les médias du monde entier.

Des crimes qui inaugurent « une nouvelle vague d’attentat en France ». Des crimes rendus possibles par une « communauté d’esprit, de projet et d’action » entre les deux frères, a avancé Frédéric Bernardo.

– « Virtuose de la dissimulation » –

Théâtral, le magistrat descend de son estrade et se tourne vers les familles des victimes pour leur dire son « admiration ». « Quel spectacle! » souffle Eric Dupond-Moretti, un des avocats d’Abdelkader Merah. « Vous ne m’impressionnez pas », rétorque l’avocat général.

Pendant plus de quatre heures, les magistrats ont repris la chronologie du dossier, de la vantardise du jeune Abdelkader se faisant appeler Ben Laden dans son quartier jusqu’à ce dîner autour d’une pizza avec Mohamed, qui vient de tuer deux militaires à Montauban.

Ils ont raconté les voyages initiatiques au Caire où se retrouve toute la mouvance jihadiste toulousaine, de Sabri Essid, réputé mort en Syrie, aux frères Clain, qui allaient revendiquer les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

Un « petit califat » qui prend ses racines dans l’arrière-pays ariégeois, dans la communauté d’Artigat autour d’Olivier Corel, mi-berger, mi-gourou salafiste.

Les avocats généraux, qui savent qu’ils doivent convaincre là où l’accusation a échoué en 2017, s’attardent sur les faits qu’ils jugent constitutifs de la complicité: avec les mêmes éléments, les mêmes lacunes, ils tâchent de forger dans l’esprit de la cour un « chemin vers une intime conviction ».

La journée du 6 mars 2012 est présentée comme déterminante: c’est le vol du puissant scooter à 16H45, en présence d’Abdelkader Merah, suivi à 18H04 de l’achat d’un blouson, que l’aîné offre à son frère. « Deux éléments qui scellent la complicité », pour le ministère public.

Deux jours avant cela, il y a la fameuse connexion au domicile de la mère Merah pour consulter la petite annonce de vente d’une moto postée par le militaire Imad Ibn Ziaten. « Mohamed, on ne sait pas où il est, son téléphone borne chez lui », quant à Abdelkader, il a affirmé être ailleurs mais n’est « pas clair »: de ce flou, le ministère public conclut que l’accusé – un « virtuose de la dissimulation » – s’est bien connecté, arrêtant ce jour-là le choix de la première victime.

Rassemblant ses certitudes et sa jurisprudence, l’accusation propose à la cour de comprendre « l’emprise » d’Abdelkader sur son frère comme un élément de complicité, tout comme le vol du scooter doit être vu comme « rattachable à la complicité par aide et assistance aux assassinats », alors imminents.

Abdelkader Merah a écouté, impassible, cette lourde charge. La défense plaidera mercredi, le verdict est attendu jeudi.

SOURCE : www.lexpress.fr

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