Louis Theroux et les colons: le documentaire de la BBC qui dépeint chaque Israélien comme un extrémiste
Rachel O’Donoghue
Louis Theroux s’est rendu pour la première fois en Cisjordanie en 2011 pour tourner un documentaire intitulé « Louis et les ultrasionistes » , qui faisait partie de sa longue série pour la BBC. À l’époque, il semblait au moins animé d’une certaine curiosité journalistique. Le titre même trahissait une certaine prudence éditoriale: il présentait ses sujets comme une petite frange idéologique plutôt que comme représentatifs de la société israélienne dans son ensemble.
À l’époque, Theroux s’efforçait de préciser qu’il dressait le portrait d’un segment restreint d’Israéliens. Il montrait des maisons juives achetées légalement (vendues par des propriétaires arabes, rien de moins) et reconnaissait les attaques terroristes régulières – et parfois meurtrières – auxquelles étaient confrontés les civils israéliens vivant dans la région, nécessitant souvent une protection militaire. Il y avait de la condescendance, certes. Mais il y avait aussi du contexte.
Avance rapide jusqu’en 2024, et la curiosité a disparu – même si l’expression perplexe et légèrement suffisante demeure. Son nouveau documentaire pour la BBC, Louis and the Settlers , abandonne même les qualificatifs superficiels. Pas d’« ultra ». Aucune nuance. Juste « colons ». Et ce faisant, Theroux est clair : un demi-million d’Israéliens vivant en Cisjordanie ne font qu’un – des extrémistes qui, nous dit-on, veulent que le dernier Palestinien soit expulsé de ce territoire.
Cette fois, le documentaire ne commence pas par des questions, mais par des conclusions. Theroux utilise un aperçu bref et non représentatif de la vie en Cisjordanie pour dresser un bilan sans appel de l’État israélien tout entier.
Le message est sans équivoque : Israël est le problème. Les colons sont les méchants. Et les Palestiniens sont les victimes passives et innocentes d’un projet colonial.
Dès les premières minutes, Theroux arbore son drapeau idéologique. Il qualifie la Cisjordanie de « territoire palestinien » et décrit chaque communauté israélienne qui s’y trouve comme illégale au regard du droit international – une rupture radicale avec son approche plus nuancée quatorze ans plus tôt. Et si ses opinions personnelles transparaissent tout au long du film, elles deviennent limpides lors d’un échange à un poste de contrôle, où un soldat israélien désigne nonchalamment leur emplacement par « Israël ». Theroux réplique : « Nous ne sommes pas en Israël, n’est-ce pas ? »
Et comme ça, la BBC et Louis Theroux ont redessiné les frontières d’Israël. Pas besoin de débat à la Knesset.
Effacer l’histoire pour blâmer le massacre
Le moment choisi pour ce retour n’est pas fortuit. Le film s’inscrit dans l’ombre des massacres du Hamas du 7 octobre – le jour où 1 200 Israéliens ont été massacrés, des familles brûlées vives chez elles et des enfants emmenés de force à Gaza. Et pourtant, Theroux en parle à peine.
Les quelques brèves allusions au 7 octobre ne visent pas à informer le public, mais à insinuer qu’Israël exploite peut-être ses propres morts pour justifier une nouvelle expansion. Il ne s’agit pas d’une enquête, mais d’une accusation. Et cela lui permet de passer sous silence des milliers d’années d’histoire juive afin de présenter la guerre actuelle à Gaza comme une couverture commode pour l’agression israélienne.
Prenons l’exemple d’ Hébron. Theroux raconte aux téléspectateurs qu’« en 1968, l’année suivant l’occupation de la Cisjordanie par Israël, une communauté de colons juifs s’est installée illégalement. Ils sont aujourd’hui environ 700. » Il oublie de mentionner qu’en 1895 – des décennies avant l’existence de l’État d’Israël moderne – Hébron comptait 1 429 habitants juifs.
Les Juifs vivent à Hébron depuis l’Antiquité ; c’est là que, selon la tradition juive, Abraham acheta le Tombeau des Patriarches. Les archives modernes situent l’existence de la communauté à plusieurs siècles, malgré les discriminations sous la domination ottomane et l’interdiction de prier sur les lieux saints. En 1929, des émeutiers arabes perpétrèrent un massacre , anéantissant la population juive d’Hébron. Des dizaines d’entre eux furent assassinés ; les autres furent expulsés. Sous la domination jordanienne, de 1948 à 1967, les Juifs furent totalement bannis de la ville. À leur retour après la guerre des Six Jours – non pas comme colons, mais comme communauté déplacée rentrant chez elle –, Theroux reprend l’histoire et la qualifie d’« illégale ».
Concernant la guerre des Six Jours elle-même, Theroux ne donne aucun contexte. Aucune mention des armées arabes se préparant à détruire Israël. Aucune mention de l’attaque préventive d’Israël contre une menace existentielle. Selon The Settlers, Israël a simplement « occupé » – point final.
Terrorisme palestinien? Pas même une note de bas de page.
Theroux visite Evyatar, une petite communauté juive près de la ville palestinienne de Beita, et l’utilise comme un symbole de toute la Cisjordanie. Beita est dépeinte comme un symbole de résistance pacifique : un fier et ancien village palestinien qui résiste fermement aux colons violents soutenus par les soldats de Tsahal.
C’est une belle histoire. Trop belle. Car il manque des années d’émeutes violentes et organisées à Beita – avec cocktails Molotov, étoiles de David enflammées et croix gammées nazies. Tout cela soigneusement omis pour préserver le récit : des Palestiniens pacifiques, des colons agressifs. Des faits qui ne collent pas ? Laissés au montage.
Pendant ce temps, le nationalisme israélien est traité comme quelque chose de sinistre et de troublant – une aberration morale à examiner. L’idée que les Juifs puissent aspirer à la souveraineté ou à la sécurité suscite une suspicion à peine voilée. Pourtant, l’objectif du Hamas d’une Palestine sans Juifs, explicitement énoncé dans sa charte , n’est jamais mentionné. Pas plus que la politique de « payer pour tuer » de l’Autorité palestinienne, qui encourage littéralement le terrorisme en récompensant ceux qui assassinent des Israéliens.
Ce ne sont pas des détails anecdotiques. Ils sont essentiels à la compréhension de la région. Et Theroux le sait. Il s’en fiche complètement.
La complicité de la BBC
La diffusion de « Les Colons » sur la BBC – une chaîne publique autrefois considérée comme une référence en matière de journalisme international – en dit long. Non seulement sur le programme de Louis Theroux, mais aussi sur l’orientation institutionnelle de la BBC elle-même. Il ne s’agissait pas d’un cinéaste incontrôlable qui aurait dissimulé ses préjugés à la rédaction. Il s’agissait d’un parti pris ancré dans la fondation – validé, présenté et diffusé sous couvert de crédibilité.
Il n’y a bien sûr aucun problème à examiner la politique israélienne. Il n’y a aucun problème à remettre en question la colonisation ou à souligner les tensions en Cisjordanie. Mais le journalisme – le vrai journalisme – exige du contexte. Il exige de la précision. Il exige au moins une connaissance superficielle de l’ensemble du sujet.
Theroux n’offre rien de tout cela. Il arrive avec un scénario préétabli et répartit ses rôles en conséquence : Héros. Méchant. Victime. Oppresseur. Et quand la réalité refuse de coopérer ? Elle est laissée de côté.
Louis Theroux n’est pas retourné en Israël pour le comprendre. Il est revenu pour l’aplatir.
Pour réduire sa complexité à une pièce de théâtre moraliste — et pour s’assurer que tout le monde sache qui est l’antagoniste.
Les Colons n’est pas un documentaire. C’est un film à succès. Et la BBC lui a tendu la caméra, puis a applaudi sa performance.
JForum.fr avec HonestReporting
Crédit image : Gareth Cattermole via Getty Images
Née à Londres, en Angleterre, Rachel O’Donoghue s’est installée en Israël en avril 2021 après avoir travaillé pendant cinq ans pour divers journaux nationaux au Royaume-Uni. Elle a étudié le droit à l’Université de droit de Londres et obtenu un master en journalisme multimédia à l’Université du Kent.
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N OUBLIONS QUE LAURENCE D ARABIE A LAISSÉ DES TRACES INDÉLÉBILES EN ANGLETERRE POUR CET AMOUR DE L ARABISME SOUS TOUTES SES FORMES( palestiniens qataris omanais etc etc)
POURQUOI VOULOIR PRENDRE COMME RÉFÉRENCE LA BBC ALORS QUE TOUS LES REPORTAGES OU ISRAËL EST LE SUJET SONT BIAISÉS ET MÊME ANTIISRAELIENS.
La Grande (?) Bretagne est certainement le pays occidental qui s’est soumis à l’islam radical depuis plusieurs années.
Tout récemment, ont été découvertes des affaires d’enlèvement et de viols d’enfants par des musulmans britanniques surtout Pakistanais, qui n’ont pas été dénoncées par les autorités, bien que faisant l’objet de poursuites.
Lorsque des affaires aussi graves ne sont pas diffusées, faut-il s’étonner que la BBC et les médias britanniques relatent de façon odieuse ce qui se passe à Gaza et dénoncent de façon obsessionnelle Israël/Tsahal ?
Que faut-il attendre d’un pays soumis aux nazislamistes qui le dirigent ?????