La montagne d’or sur laquelle est assis Daech n’en finit plus de grossir alors que la France vient de frapper pour la deuxième fois l’organisation terroriste en Syrie. Selon une étude à paraître courant octobre, du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), un think tank européen fondé en 2014, la fortune de l’État islamique (EI) s’élèverait à 2.200 milliards de dollars. Dans un précédent rapport d’octobre 2014, les auteurs Jean-Charles Brisard et Damien Martinez, chiffraient la richesse de l’hydre djihadiste à 2.000 milliards de dollars.

Selon ces derniers, cette hausse s’explique principalement par la progression de l’EI en Syrie qui contrôle désormais près de 80% des infrastructures majeures du pays, surtout pétrolières. Les auteurs estiment la fortune de Daech en fonction du potentiel de ressources naturelles détenues par l’organisation. A ce jour, les djihadistes gèrent, par exemple, environ 80% de la production pétrolière syrienne et moins de 10% de la production irakienne.

Des revenus annuels en légère baisse

Toutefois, selon le CAT les revenus annuels de Daech ont baissé puisqu’entre octobre 2014 et octobre 2015, ils sont passés de 2,9 à 2,6 milliards de dollars. Cela s’explique principalement par la diminution des revenus pétroliers: un milliard de dollars en 2014 contre 600 millions de dollars en 2015. « L’EI subit les conséquences des bombardements de la coalition et a de plus en plus de mal à assurer le raffinage et le transport du pétrole issu de la trentaine de puits gérés par l’organisation », réagit Jean-Charles Brisard, le président du CAT qui compte comme membre de son comité le juge antiterroriste Marc Trévidic. Concrètement, les islamistes sont en affaire avec des réseaux de contrebande kurdes, jordaniens et turcs et arrivent à dissimuler le pétrole dans les exportations officielles. Une fois que ce pétrole arrive en Turquie pour y être raffiné, il est alors très difficile d’en identifier la provenance.

Cette baisse des revenus pétroliers a néanmoins été principalement compensée par l’augmentation des revenus tirés des taxes prélevées par Daech sur les territoires qu’il contrôle en Syrie et en Irak. En un an, cette ressource qui est devenue la première de l’organisation islamiste, est passée de 360 millions de dollars à un milliard de dollars, indique le CAT. « Daech a de plus en plus recours aux taxes forcées et aux extorsions de fonds, poursuit Jean-Charles Brisard. Dans la province de Ninive (Irak) qui comprend Mossoul, l’EI ponctionne 50% du salaire des 60.000 fonctionnaires de la région. Cela génère entre 500 et 600 millions de dollars par an ».

Le CAT précise aussi dans son étude que l’EI a bénéficié de nouvelles ressources ces derniers mois comme le commerce du coton. Entre 5 et 10% des importations de coton en Turquie proviennent par exemple de champs contrôlés à près de 90 % par Daech. Un cinquième des tee-shirts fabriqués en Turquie le sont ainsi avec du coton cultivé dans le nord de la Syrie. Cela assure selon le CAT au minimum 20 millions de dollars par an à l’organisation mais ce chiffre pourrait même dépasser les 100 millions de dollars.

Coton, blé, drogue, commerce sexuel…

Plus à la marge, l’EI tire des revenus issus du gaz, du ciment, du blé, des donations, du trafic de drogue ou encore du kidnapping et du commerce sexuel. Selon un document des Nations unies, publié en août, en moyenne, les filles et les garçons âgés de un à 9 ans sont vendus 150 euros, les adolescentes environ 110 euros, les femmes entre 20 et 30 ans environ 70 euros. D’après des sources médicales basées à Mossoul, l’EI se serait aussi récemment spécialisé dans le trafic d’organes humains prélevés sur les corps de captifs, de soldats morts ou de prisonniers blessés.

Le CAT indique enfin que l’État islamique contrôle aujourd’hui 130 banques mais que celles-ci fonctionnent uniquement comme banques de dépôt et n’opèrent pas de transactions internationales. « Les paiements de l’EI se font grâce au système du Hawala, explique Jean-Charles Brisard. L’argent transite grâce à des réseaux de change. Une personne confie de l’argent à un agent qui se met en relation avec un autre agent proche du destinataire de la somme. C’est lui qui verse alors l’argent moyennant une commission ». Ce système financier vieux du VIIIe siècle illustre finalement assez bien l’archaïsme des fous de dieux.

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