La communauté juive de Porto fait la promotion d’un film sur le massacre de Lisbonne en 1506
La bande-annonce d’un film sur le pogrom sera diffusée le 30 décembre.
DAVID ISAAC
Les communautés juives ne font généralement pas office de sociétés de production cinématographique, mais la communauté de Porto, au Portugal, s’est révélée tout sauf ordinaire. La société a commencé la promotion de son troisième film, « 1506 : Le génocide de Lisbonne ».
Le film raconte le massacre des Juifs de Lisbonne au XVIe siècle. La bande-annonce sort samedi.
Le film sera présenté en première le 19 avril et sera disponible gratuitement dans plusieurs langues et plateformes en ligne.
À en juger par la bande-annonce, il répondra aux mêmes normes de production élevées que les films précédents de la communauté, « Sefarad », qui raconte le dernier siècle de la communauté de Porto, et « 1618 », une histoire de l’Inquisition à Porto.
Le film « 1618 » a remporté le plus grand nombre de récompenses internationales de l’histoire du Portugal.
Le slogan de la promotion de ce film : « Le massacre du 7 octobre ne s’est pas produit dans le vide. » C’est un coup dur contre le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Guterres, qui est lui-même portugais, a déclaré lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU le 24 octobre : « Il est important de reconnaître également que les attaques du Hamas ne se sont pas produites dans le vide », tentant de justifier le massacre terroriste.
Son commentaire a indigné les responsables israéliens et les partisans pro-israéliens du monde entier.
Gabriel Senderowicz, président de la communauté juive de Porto et membre du conseil d’administration de l’Association juive européenne, a déclaré : « Connaître le massacre de 1506 à Lisbonne, c’est connaître le massacre du 7 octobre 2023 en Israël et les génocides historiques des Juifs partout dans le monde. Le seul changement concerne les armes.
« António Guterres a raison. Le 7 octobre ne s’est pas produit dans le vide », a-t-il déclaré.
Comme le 7 octobre, lorsque les terroristes du Hamas ont assassiné principalement des civils, les Portugais qui ont assassiné les Juifs de Lisbonne n’ont fait aucune distinction entre hommes et femmes, jeunes et vieux.
De grands feux de joie ont été allumés le long des rives du Tage, où des centaines de corps mutilés ont été transportés.
Les enfants juifs étaient jetés vivants dans les feux de joie. Même les bébés ont été jetés dans les flammes alors que les corps massacrés remplissaient la ville. Les têtes étaient portées en l’air au bout des lances.
Les pogromistes voulaient brûler tellement de victimes qu’il n’y avait pas assez de bois pour alimenter les bûchers de la ville.
Tout comme lors du 7 octobre, où l’Islam a chassé les terroristes du Hamas, la religion a joué un rôle clé dans le massacre de 1506, lorsque deux frères dominicains ont attisé les foules, leur promettant l’absolution de tous les péchés.
L’événement qui a déclenché le pogrom a eu lieu le dimanche 19 avril 1506, à l’église de São Domingos, alors que la congrégation priait pour mettre fin à la peste et à la sécheresse.
Pendant la messe, une lumière semblait se fixer sur un crucifix. Les croyants catholiques l’interprétaient comme un miracle, une révélation surnaturelle. La nouvelle s’est répandue dans toute Lisbonne et les gens de toute la ville se sont précipités vers l’église.
Mais lorsqu’un jeune juif a tenté d’expliquer que la lumière n’était que le reflet d’une bougie, les chrétiens ont été indignés. Il a été agressé et battu, puis traîné sur une place, mutilé et tué.
Le massacre avait commencé.
Une scène du film « 1506 : Le Génocide de Lisbonne » représentant le jeune juif qui explique l’origine de la lumière sur le crucifix. Courtoisie.
Plus de 3 000 Juifs de tous âges seraient tués du 19 au 21 avril.
Les autorités tentèrent d’arrêter la boucherie, mais lorsque le magistrat municipal, investi de l’autorité royale, arriva pour empêcher de nouvelles effusions de sang, il fut lui-même poursuivi et faillit être tué.
Il y a eu des actes d’héroïsme individuel de la part des chrétiens. Certains ont tenté de cacher leurs voisins juifs. D. João Mascarenhas, écuyer du roi et détenteur des droits douaniers à Lisbonne et Porto, a courageusement affronté la foule meurtrière, les avertissant du déclin du Portugal en tant que puissance mondiale si sa communauté juive était détruite.
Il a été tué par la foule pour son courage.
Dans la ville d’Avis, à quelques heures de Lisbonne à cheval, le roi Manuel Ier fut informé du massacre. Il a envoyé une force militaire pour réprimer les émeutes.
La Garde royale a réprimé le soulèvement avec une telle brutalité que Manuel est devenu connu sous le nom de « El-Rei Judio » – « Le roi juif ».
En vérité, Manuel a contribué à la colère de son peuple contre les Juifs. En 1496, il interdit la pratique du judaïsme au Portugal et donne à la communauté juive un délai pour quitter le pays.
Cependant, il s’est alors rendu compte qu’il avait besoin de Juifs, productifs, bien éduqués et essentiels à l’économie. Il changea donc son ordre et força les Juifs à se convertir au catholicisme. Il les a empêchés de quitter le pays.
Appelés « nouveaux chrétiens », ces Juifs sont restés dans des positions sociales importantes, notamment en occupant des postes impopulaires dans les douanes et la collecte des impôts. Ils étaient considérés comme des privilégiés par le public.
Les années 1500 ont également vu une nouvelle souche virulente de la peste noire, qui a moins touché les Juifs grâce à une meilleure hygiène. Cela a conduit à des théories du complot et à accuser les Juifs d’être à l’origine de la maladie. Les Juifs furent également tenus responsables de la sécheresse.
La communauté juive de Porto note que le massacre de Lisbonne n’est pas inclus dans les programmes scolaires du Portugal et ne fait donc pas partie de la mémoire collective du pays.
JForum.fr avec jns
Une scène du film « 1506 : Le génocide de Lisbonne ». Crédit : Avec l’aimable autorisation.
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