Pas encore candidat mais presque, Nicolas Sarkozy est déjà en pleine campagne pour la primaire de la droite. Pour « écrabouiller » ses adversaires, le président de Les Républicains (LR) paraît avoir un modèle : le Nicolas Sarkozy de 2005-2007, qui tenait des propos chocs sur la sécurité et l’identité française. Durant la campagne présidentielle de 2007, cette attitude avait permis au candidat de l’UMP de siphonner significativement l’électorat de Jean-Marie Le Pen.

La preuve ce dimanche 26 juin avec cette interview de l’ancien président de la République dans l’émission de France 2 13h15, le dimanche. Interrogé par Laurent Delahousse sur son goût pour la transgression, Nicolas Sarkozy feint la surprise et embraye sur sa fameuse phrase prononcée à Argenteuil en octobre 2005 :

Quand j’ai dit ‘la racaille’, c’est le petit monde parisien qui a été choqué, mais les Français, ils n’ont pas été choqués. Qu’est-ce que c’est la transgression ? Moi je suis fier ce que j’ai dit là.

Le 25 octobre 2005, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait effectué une visite dans le quartier difficile de la dalle d’Argenteuil (Val-d’Oise). Interpellé par une dame se plaignant de l’insécurité, il avait lancé, le regard noir et le ton martial : « Vous en avez assez de cette bande de racaille ? Eh bien, on va vous en débarrasser ! » Cette saillie avait contribué à déclencher des émeutes dans de nombreuses villes de banlieue, en novembre 2005. 

Le président de LR ne regrette donc rien, bien au contraire. Pour bien faire comprendre qu’il entend rejouer sur ce registre cette année, Nicolas Sarkozy, maire de la ville aisée de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) pendant 19 ans, prolonge son développement sur le clivage supposé entre le microcosme parisien et « le peuple » en reprenant ses vieilles propositions sur l’immigration et l’identité  :

Quand je parlais des frontières, quand je parlais de l’identité nationale, c’est vous qui trouviez qu’on transgressait.

Durant la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait annoncé la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, finalement confié à Brice Hortefeux. Cette proposition avait coïncidé avec l’envolée du candidat de l’UMP dans les sondage et l’affaissement de Jean-Marie Le Pen.

Quelques secondes plus tard, Nicolas Sarkozy profite même d’une question sur Donald Trump pour enfoncer définitivement le clou… et dresser un parallèle plein de sous-entendus :

Trump dit, ‘j’aime pas les arabes’, c’est pas une transgression, c’est une bêtise. Quand je dis ‘on va nettoyer au Kärcher’, c’est pas une transgression, c’est une réalité et j’aurais dû le faire plus.

Nicolas Sarkozy fait ici référence aux diatribes fréquentes de Donald Trump contre les musulmans, que Nicolas Sarkozy assimile à des « arabes ». Il est vrai que Donald Trump avait déjà fait cet amalgame entre arabes et musulmans dans un meeting en novembre 2015. Il avait alors affirmé que « de grandes populations arabes » s’étaient réjoui des attentats du 11 septembre 2001.

Dans une transition que ne renierait pas le Nicolas Sarkozy de 2005-2007, le président de LR passe des propos de Donald Trump sur les musulmans à sa propre phrase sur le Kärcher. Le 20 juin 2005, à la cité des 4.000 de la Courneuve (Seine-Saint-Denis), Nicolas Sarkozy avait fustigé le taux de criminalité au sein de ce quartier. Avant de clamer : « Dès demain, on va nettoyer au Kärcher la cité. » Un Sarkozy ultra-offensif qui repointe le bout de son nez aujourd’hui.

Europe1

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