Gaza : évacuation du nord et nouveau plan humanitaire israélien
L’armée israélienne s’apprête à entamer une nouvelle phase majeure de son opération à Gaza : le nettoyage complet de la zone nord de l’enclave, avec l’évacuation forcée de la population civile vers le sud. Cette décision marque la mise en œuvre du « Plan du général », une stratégie longtemps évoquée au sein de l’état-major israélien, mais jusqu’ici jamais appliquée.
Selon une source sécuritaire de haut niveau, cette opération sera accompagnée du lancement d’un programme pilote d’aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza, supervisé par deux entreprises américaines spécialisées.
Un plan longtemps repoussé
Initialement conçu par Giora Eiland, ancien président du Conseil de sécurité nationale d’Israël, ce plan a été adopté par un groupe d’officiers réservistes. Ces derniers estimaient que la stratégie militaire actuelle n’était pas suffisamment efficace pour venir à bout du Hamas. L’objectif est simple : retirer tous les civils du nord de Gaza afin de permettre une opération militaire totale contre les éléments armés restants.
Le projet avait jusqu’à présent été mis en suspens, freiné par des réserves internes à l’armée israélienne et par des pressions politiques, notamment de l’administration Biden. Le retour de Donald Trump à la présidence américaine a changé la donne, offrant à Israël plus de latitude dans ses actions militaires et humanitaires.
Un redéploiement stratégique
Toujours selon cette source sécuritaire, l’armée israélienne prévoit non seulement d’évacuer le nord, mais aussi de raser certaines zones — comme elle l’a fait dans la région de Rafah, au croisement de Morag — afin de démanteler les infrastructures souterraines du Hamas et d’empêcher ses combattants de se cacher.
La stratégie vise également à mieux contrôler la distribution de l’aide alimentaire, en isolant les civils des réseaux de contrôle du Hamas. Il deviendrait ainsi plus facile d’identifier les bénéficiaires de l’aide et d’éviter qu’elle ne soit détournée à des fins militaires.
Dans cette nouvelle phase de l’intervention, Israël entend étendre sa présence dans Gaza bien au-delà des 40 % de territoire actuellement sous contrôle israélien. Des troupes pourraient rester stationnées durablement dans les zones reconquises. En cas de cessez-le-feu à venir, Israël compte maintenir une zone tampon sécurisée le long de la frontière pour prévenir tout nouveau risque d’infiltration ou de tirs de roquettes.
Lancement d’un programme humanitaire encadré
Dans le prolongement de cette réorganisation territoriale, un programme pilote d’aide humanitaire va être mis en place dans le sud de Gaza. Deux entreprises américaines, Safe Reach Solutions et UG Solutions, ont été désignées pour superviser la logistique.
Ces sociétés ne sont pas inconnues dans la région : elles avaient déjà été impliquées, aux côtés de responsables égyptiens, dans le contrôle des mouvements de véhicules entre le sud et le nord de Gaza en janvier dernier, à la suite d’un précédent cessez-le-feu. Elles sont réputées pour employer du personnel issu des forces spéciales américaines ou de la CIA, habitué à opérer dans des contextes sensibles à l’étranger.
Le plan actuel prévoit la mise en place de cinq centres de distribution alimentaire dans le sud. À terme, ces centres devraient permettre l’acheminement d’au moins 60 camions de vivres par jour dans la bande de Gaza, dès que la réouverture des voies d’acheminement sera effective.
Une opération à double objectif
L’initiative israélienne semble répondre à une double logique : renforcer la pression militaire sur le Hamas tout en offrant une réponse humanitaire structurée à la population déplacée. En séparant les civils des groupes armés, Israël espère à la fois restreindre les capacités de camouflage du Hamas et redorer son image sur la scène internationale en organisant une aide humanitaire contrôlée.
Aucune date précise n’a encore été communiquée pour le début de ce programme, mais les préparatifs sont en cours. Dans un contexte de tensions régionales persistantes, cette évolution pourrait redéfinir les équilibres dans la bande de Gaza.
Jforum.fr
 |
 |