En France, l’espérance de vie des hommes atteint, pour la première fois, 80 ans
La population française, 68,4 millions de Françaises et Français en 2023, a continué d’augmenter légèrement. Les naissances sont en baisse, comme les décès, révèle l’Insee dans son bilan démographique. Pour la première fois, l’espérance de vie à la naissance des hommes atteint 80 ans. Celui des femmes continue, lui aussi, d’augmenter pour atteindre 85,7 ans.
Légère croissance de la population
Au 1er janvier 2024, 68.373.000 personnes vivaient en France, dont 66,1 millions en métropole et 2,2 millions dans les cinq départements d’outre-mer. Comme en 2022, la population a augmenté de 0,3 %, un rythme de croissance qui ralentit par rapport aux +0,4 % en 2019, 2020 et 2021 et +0,5 % en 2017 et 2018.
Cette hausse est principalement liée au solde migratoire (estimé à +183.000 personnes), soit la différence entre le nombre personnes entrées et celles sorties du territoire. Elle a également été tirée par le solde naturel de la population, à savoir la différence entre le nombre de naissances et de décès. Ce solde, qui s’est élevé à +47.000 personnes, a toutefois atteint son « plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », précise l’Institut national de la statistique dans ce bilan démographique annuel.
1,68 enfant par femme
Concernant l’indice conjoncturel de fécondité (ICF), il s’établit à 1,68 enfant par femme. Un chiffre « en forte baisse » après 1,79 en 2022. Lors de son dernier pic, en 2010, il s’élevait à 2,03. Pour retrouver un niveau aussi bas que celui de 2023, « il faut remonter à 1993-1994 ».
Ce taux de fécondité baisse en 2023 pour les femmes de toutes les classes d’âge, y compris pour celles âgées de 30 ans ou plus, qui n’étaient pas ou peu concernées par le recul de la fécondité dans les années précédant la crise sanitaire. L’Insee note aussi qu’en 2023, l’âge moyen à la maternité s’élève, comme en 2022, à 31,0 ans, contre 29,5 ans vingt ans plus tôt.
Plaidant pour une « relance de la natalité », Emmanuel Macron a annoncé mardi soir lors de sa conférence de presse la création d’un « congé de naissance » pour remplacer le congé parental actuel, ainsi que le lancement d’un « grand plan » pour lutter contre le fléau de « l’infertilité ». Mais pour Sylvie Le Minez, responsable de l’unité des études démographiques de l’Insee, « il y a sans doute énormément de facteurs en jeu » comme « le contexte économique de forte inflation » et l’enjeu de « conciliation entre vie familiale et (vie) professionnelle » qui pourraient refroidir certains d’avoir des enfants.
La France restait toutefois en 2021 (dernier comparatif possible) le pays le plus fécond de l’Union européenne, avec 1,84 enfant par femme, selon Eurostat.
Beaucoup moins de décès
Pour 2023, l’Insee comptabilise 631.000 décès, un nombre en recul de 6,5 % par rapport à 2022, année marquée par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et des épisodes de fortes chaleurs. En 2023, les épisodes caniculaires de l’été ont par contre été « nettement moins meurtriers ».
Quant à l’espérance de vie à la naissance, elle a fortement progressé pour s’établir à 85,7 ans pour les femmes (+0,6 an) et à 80 ans (+0,7) pour les hommes, une première. Depuis le milieu des années 1990, elle croît moins vite pour les femmes que pour les hommes, réduisant ainsi l’écart entre les deux sexes.
Une hausse conséquente chez les hommes et les femmes
Fait marquant : l’espérance de vie des hommes à la naissance atteint, pour la première fois, 80 ans. Celle des femmes grimpe à 85,7 ans. Concrètement, cela signifie qu’un homme qui naîtrait aujourd’hui et connaîtrait les conditions de mortalité actuelles pourrait espérer vivre jusqu’à 80 ans.
« L’espérance de vie des hommes et des femmes avait chuté en 2020, puis était restée basse en 2021 et 2022 et se redresse en 2023 », précise la démographe. Les femmes ont gagné, en un an, 0,6 an d’espérance de vie, les hommes 0,7 an. Une hausse conséquente. Car « de 2000 à 2009, l’espérance de vie augmentait en moyenne de 0,2 an par an pour les femmes et de 0,3 an pour les hommes », précise l’Insee dans son bilan démographique. L’espérance de vie à 60 ans augmente aussi fortement entre 2022 et 2023 et retrouve un niveau supérieur à celui de 2019 : elle est de 27,9 ans pour les femmes (soit +0,1 an par rapport à 2019) et de 23,7 ans pour les hommes (+0,3 an).
5,7 ans d’écart entre hommes et femmes
Depuis le milieu des années 1990, l’espérance de vie à la naissance croît moins vite pour les femmes que pour les hommes, réduisant ainsi l’écart entre les deux sexes. Il est désormais de 5,7 ans. D’où vient cet écart ? Pour les démographes, l’explication se trouve en partie du côté de l’activité professionnelle. Les hommes travaillant davantage que les femmes, ils mourraient plus jeunes. Or « les femmes sont aujourd’hui de plus en plus souvent sur le marché du travail », rappelle Sylvie Le Minez.
La consommation d’alcool et de tabac, longtemps plus importante chez les hommes, expliquait aussi cet écart. « Mais aujourd’hui, il y a un tabagisme accru chez les femmes », précise-t-elle. Elle souligne cependant qu’« une grande partie des femmes ont un suivi médical et une prévention en matière de santé plus importants », ce qui contribue à augmenter leur espérance de vie.
Une population vieillissante
Concernant la pyramide des âges, au 1er janvier 2024, 21,5 % des habitants avaient 65 ans ou plus. La tendance n’est pas nouvelle : cette proportion augmente en effet depuis plus de trente ans. Et le vieillissement de la population s’accélère depuis le milieu des années 2010, avec l’arrivée à ces âges des générations nombreuses du baby-boom. Les moins de 15 ans représentaient eux en début d’année 17 % de la population.
Une multitude de mariages et des Pacs
En 2023, le nombre de mariages en France est estimé à 242.000 dont 7000 entre personnes de même sexe. Après des années de dégringolade, 2022 avait été une année faste pour les unions par un effet de rattrapage post-pandémie. Une tendance qui s’est prolongée en 2023. 210.000 pactes civils de solidarité (Pacs) ont par ailleurs été conclus en 2022, soit le niveau le plus élevé depuis sa création en 1999.
JForum.fr avec Ouest-France, www.francetvinfo.fr, www.lefigaro.fr et www.20minutes.fr/
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