Les Forces d’élite Radwan du Hezbollah sont, à l’origine conçues pour mener des percées depuis le Liban afin de conquérir la Galilée israélienne. Les sources exclusives de Debkafile révèlent que le jeudi 30 juillet, Hassan Nasrallah a constaté qu’il ne lui restait pas d’autre option que de mettre en service ce contingent de grande valeur, afin de sortir les armées conjointes du Hezbollah et du régime syrien de leur état d’échec, dans leur tentative de s’emparer de la ville stratégique de Zabadani – ou même à réaliser une brèche significative dans les défenses mises sur pied par le Front Al Nusra, appartenant à al Qaïda.
L’impasse doublée de pertes lourdes, dans laquelle ils se trouvent au coeur de cette ville clé, qui contrôle la principale autoroute Damas-Beyrouth, s’est transformée en duel symbolique qui détermine l’issue de la bataille, entre le Hezbollah chiite soutenu par l’Iran et le Front Al Nusra sunnite d’Al Qaïda. Nasrallah est en train de le perdre au prix de la crédibilité de son organisation en tant que formidable force de combat.
Une défaite rendrait l’ouest de Damas et l’Est du Liban plus vulnérables à une attaque. Et pour le supplétif de l’Iran, cela laisserait en suspend dans l’air une question fort embarrassante : si le Hezbollah sous le commandement iranien, adjoint aux troupes syriennes et appuyé par un tir de barrage de l’artillerie lourde et des frappes aériennes n’est pas capable de remporter une bataille d’importance relativement circonscrite contre guère plus de 1.200 combattants rebelles répartis sur un champ de bataille de 9 kms2, que valent les vantardises de ces chefs, lorsqu’ils prétendent réaliser des prouesses prouvant leur invincibilité dans des combats victorieux de grande ampleur, y compris dès qu’ils évoquent une prochaine guerre contre Israël?
Pour sauver la face, dans cette épreuve de force qui sert de point de repère historique, le Hezbollah a décidé d’injecter dans la bataille son unité la plus prestigieuse, appelée Al-Hajj Radwan, qui était le nom de guerre du chef militaire réputé du Hezbollah, Imad Mughniyeh, qu’Israël a éliminé en février 2008.
Il y a huit mois, la Force Radwan a perdu ses principaux commandants en chef. Une frappe aérienne israélienne a pris pour cibles, le 18 janvier un groupe d’officiers supérieurs iraniens et du Hezbollah, en visite autour de Quneitra sur le Golan syrien. Ils observaient le terrain avant d’y reloger cette force d’élite pour faire face aux positions de Tsahal sur la frontière israélienne du Golan.Le Général iranien Mohammad Ali Allahdadi et le Commandant du secteur pour le Hezbollah Jihad Moughniyeh (le fils d’Imad) ont perdu la vie durant ce raid israélien et ce plan a provisoirement été laissé de côté.
Si la force Radwan parvient à extirper le Hezbollah de cette impasse à Zabadani, elle pourrait, ensuite, se mettre en position de combat sur le Golan.
Mais, pour l’instant sa mission dans la bataille de Zabadani comporte trois dimensions :
1. Désarmer l’ennemi par des raids commandos, une tactique empruntée aux rebelles qui défendent la ville. Dans la nuit du 24 juillet, les rebelles ont frappé préventivement des positions du Hezbollah et de l’armée autour de la ville et se sont emparés de certaines d’entre elles. Cette décision de déployer l’unité Radwan apparaît survenir pour répliquer à ce revers douloureux.
2. Remporter une victoire rapide sur le champ de bataille à Zabadani, au regard des rapports des renseignements disant que le Front Al Nusra et probablement l’Etat Islamique du Nord Syrien se préparent ensemble à ouvrir un second front au Liban, dans le but de soulager les forces rebelles qui sont plaquées sur place à Zabadani. [NDLR : bien qu’il existe des informations variables sur un serment récent -le 20 juillet- entre dirigeants d’Al Nusra et Ahram al Sham de poursuivre le combat contre Daesh, alors que le groupe d’Al Baghdadi est accusé d’avoir cessé l’offensive sur la côte alaouite contre Assad, pour se retourner contre les Djihadistes rivaux et mener des attentats-suicide contre certains de leurs chefs. D’autres diffusent régulièrement des appels à la réconciliation entre les deux groupes djihadistes, tout en capitalisant sur la peur qu’inspire le groupe d’Al Baghdadi et sa propre défiance vis-à-vis des hauts-placés syriens au sein de son commandement. Des exécutions récentes…]
Les deux groupes envisagent de faire quelques percées au Liban et de commencer à attaquer les populations favorables au Hezbollah dans la Vallée de la Beqaa et dans le Nord. Ils se proposent de couper à travers la vallée de la Beqaa et de se diriger vers la ville nord-libanaise importante de Tripoli, sur la Côte Méditerranéenne et foyer d’insurrection sunnite ces dernières années.
3. Le Président syrien Bachar al Assad est sous une pression extrême pour remporter coûte-que-coûte une victoire sur le champ de bataille, après avoir reconnu en public, la semaine dernière, dans un discours public, la perte stratégique de certains territoires devant les forces rebelles et des difficultés majeures à recruter de la main d’oeuvre pour mener sa guerre. Il pense se réserver une victoire à Zabadani – comme un tournant marquant pour renverser la tendance au vacillement et l’épuisement constant de ses forces armées marquées par les désertions et les défections.
Nos sources militaires révèlent que, à la suite de pressions fermes d’Assad sur le gouvernement libanais et son armée pour qu’ils resserrent leur effort contre les hommes de troupes syriens qui se sont volatilisés, les forces de sécurité libanaises sont entrées en action. Elles capturent les déserteurs de l’armée syrienne et les renvoient par bus entier conduits par des convois blindés vers la Syrie. On n’a pas besoin de faire un gros effort d’imagination pour évoquer ce que peut bien être le sort de ces rapatriés contre leur gré.
DEBKAfile Reportage Exclusif 1er août 2015, 12:10 PM (IDT)
Adaptation : Marc Brzustowski
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